Les réserves stratégiques d’hydrocarbures de Géosel (Manosque), qui porte le projet d’unité de production d’hydrogène renouvelable alimenté par une ferme solaire flottante HyVence à Fos, ont été créées en 1967 à suite de la crise de Suez de 1956 et du choc pétrolier qui a suivi.
A l’époque, la France et la Grande-Bretagne s’aperçoivent que leurs stocks pétroliers ne sont pas du tout à la hauteur de leur usage post-Seconde guerre mondiale (passage du charbon au pétrole).
En 1958, les pétroliers sont sommés de constituer des stocks à hauteur d’un trimestre de consommation nationale. Les quatre raffineurs de Berre (Shell, Total, BP et Elf) se regroupent et décident de faire un stockage souterrain. IIs identifient le site de Manosque qui comprend, sur la zone du parc du Luberon, une grosse couche de sel de 1500 mètres d’épaisseur à 1000 mètres de profondeur. Une géologie tout à fait propice au stockage d’hydrocarbures.
Le procédé est décrit par François Billard, le directeur de Géosel. « On fait un forage à 1500 mètres de profondeur, on injecte de l’eau douce depuis un barrage usinier d’EDF qui est un peu pus haut. Cette eau va se dissoudre et se saturer en sel. Au fil du temps 30 cavités qui représentent une capacité totale de plus de 9 millions de m3 sont créées. Chaque cavité représente entre 100 000 et 600 000 m3 – trois fois le volume intérieur du stade Vélodrome -. Ce sont comme des bouteilles géantes qui font 50 mètres de diamètre et à peu près 300 mètres de hauteur. Nous y stockons du pétrole brut et du diesel, et un peu d’essence, un peu de naphta et du fioul domestique. »
Chiffres-clés de Géosel
Effectif : 110 personnes dont 10 employés Géosel, 70 du partenaire industriel Geostock (filiale de Vinci) et une trentaine en sous-traitance
90 millions de chiffre d’affaires
Les cavités ne sont jamais vides, soit elles sont remplies d’hydrocarbures soit d’eau mélangée au sel (le saumure), ou en partie des deux produits (les deux liquides, huileux d’un côté et aqueux de l’autre), ne se mélangent pas. Le saumure qu’il faut évacuer, quand il laisse la place aux produits pétroliers et dérivés (selon le niveau de stockage nécessaire qui varie en fonction des événements) par un système de vases communicants, est réceptionné depuis les années 60 dans les grand étangs de Lavalduc et Langrenier à Fos, via des pipelines.
Le stock de Manosque est une réserve de sécurité nationale. Ainsi lors de la crise ukrainienne, les opérateurs n’ont plus acheté de diesel russe. Le gouvernement les a alors autorisés à puiser dans le stock de sécurité jusqu’à ce qu’ils réorganisent leur approvisionnement.
Géosel est un outil de régulation énergétique avec une capacité actuelle d’un mois et demi de consommation française. La capacité du site de Manosque a été augmentée en 2014 pour deux raisons souligne François Billard : « c’est moins cher et l’empreinte environnementale est meilleure qu’un stockage aérien. » Géosel est autorisé à augmenter encore sa capacité de 30% si cela s’avérait nécessaire. Les étangs peuvent aussi accueillir plus de saumure. A noter que certaines cavités de Manosque ont été transformées en réserves de gaz compte tenu de l’évolution du mix énergétique français. « Elles ont été cédées à Storengy » précise Charlotte Toulemonde, cheffe de projets à Géosel.
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