Depuis 10 ans, le fonds de dotation Synergie Solaire (Tenergie) accompagne l’ONG aubagnaise Geres dans ses actions de lutte contre la pauvreté et les changements climatiques au Mali, au Myanmar, en Mongolie, en Inde et au Bénin. Entretien avec Hasna Oujamaa, responsable mécénat du Geres, qui nous donne les clés d’une relation de mécénat qui dure. Extrait de notre supplément sorti en juillet avec Gomet’ L’Hebdo.
Synergie Solaire est votre mécène depuis 10 ans. Quels sont les avantages de votre collaboration au-delà de la dotation financière ?
Hasna Oujamaa : Au-delà du soutien financier à l’origine de notre partenariat, Synergie Solaire met à disposition du Geres les compétences techniques de ses collaborateurs et de ses membres. Ils peuvent nous conseiller sur des solutions techniques ou nous interroger sur le développement de nos projets grâce à leur expérience dans d’autres pays. Par ailleurs, Synergie Solaire nous a appuyé dans une mission de mécénat de compétences. Un salarié de Tenergie, entreprise du secteur solaire à l’origine du fonds de dotation Synergie Solaire, nous a aidé à mener une étude de faisabilité. En somme, cette opération de mécénat nous a allégés du coût de l’étude et donné une compétence technique.
Pouvez-vous nous présenter un de vos projets communs ?
H. O. : Depuis 2019, nous développons un projet au Myanmar, en Mongolie, pour permettre aux populations rurales, marginalisées, de bénéficier d’énergie en puissance suffisante pour leur usage quotidien. Par ailleurs, le projet accompagne des femmes birmanes à monter en compétence dans le développement de leur entreprise de distribution de kits solaires et foyers de cuisson améliorés. Nous souhaitons créer une structure de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour mieux organiser leur montée en compétence : elles seront formées à la gestion d’entreprise et sur l’entretien des équipements électriques. L’objectif est de favoriser leur autonomie dans le service après-vente et leur aide aux familles bénéficiaires. Nous recherchons avant tout à construire des modèles durables pour que les femmes birmanes puissent en vivre 10 ou 20 ans.
« L’objectif est de favoriser l’autonomie. »
Hasna Oujamaa, responsable mécénat du Geres
Quels sont les résultats de votre partenariat dans ce cas précis ?
H. O. : En chiffres, 30 femmes sont dans le dispositif, 900 solutions doivent être distribuées pour permettre à 12 000 familles birmanes d’accéder aux solutions énergétiques durables. Synergie Solaire nous soutient pour constituer un fonds de facilitation qui vise à créer un fonds de roulement pour que les femmes entrepreneures puissent acheter ces kits, souvent trop coûteux. Le Geres négocie avec les structures de micro-crédit du pays au moyen de ce fonds, afin qu’elles développent une off re de crédit adaptée aux familles, avec des taux accessibles.
Diminution de l’exploitation des forêts
Le Geres a repensé le design des foyers de cuisson améliorés, outil principal de cuisine installé en extérieur, pour réduire la consommation du charbon de bois et, in fine, l’exploitation des forêts. Nous sommes sur un gain de 35% en consommation de charbon, soit une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre et de la facture énergétique pour les familles. Les femmes ont réduit le temps de cuisson, sont moins exposées à la fumée et leurs enfants moins susceptibles de se brûler. Le design permet de réduire tous ces risques. En termes d’échelle, ce sont des millions personnes qui utilisent ces solutions dans le pays. Autre exemple, au Cambodge plus de 3 millions de fours de cuisson ont été distribués sous le label créé par le Geres. Derrière, nous formons des artisans-potiers et des étudiants pour continuer à transmettre les nouveaux modèles. Aujourd’hui, c’est un succès car la filière n’est plus gérée par le Geres et continue de fonctionner.
Transition professionnelle des femmes
De plus en plus de femmes occupent des métiers dans le domaine de l’énergie, de l’entrepreneuriat, des métiers historiquement représentés par des hommes. Nous travaillons à mieux valoriser ces métiers, notamment dans les villes. De fait, la population urbaine devient à son tour ambassadrice auprès des publics ruraux.