Plus d’une PME française sur deux est victime de retards de paiement, d’après le baromètre publié en 2019 par Selssy et YouGov. Une entreprise sur cinq déclare même 5% de son chiffre d’affaires en impayés. C’est face à ce constat qu’est née Goodpayeur, le « tripadvisor des comportements BtoB », comme la qualifie Jean-Charles Ize, co-fondateur avec son associé Robin Stuckey. Concrètement, il s’agit d’une plateforme qui collecte des informations de comportement de paiement d’une société et lui accole un score de fiabilité sur 100. « C’est peut-être le premier indicateur financier RSE des entreprises. Il s’attache uniquement au respect des délais de paiement pour montrer la solvabilité des structures », explique à Gomet’ celui qui porte la casquette de président.
N’importe qui – société comme particulier – peut consulter le score d’une autre et demander son rapport. Ce dernier présente également un score de solidité financière (sur 5), son retard de paiement moyen et des informations de contextualisation – par exemple comment elle se situe en termes de délais de paiement par rapport aux autres entreprises de son secteur ou d’éventuelles condamnations. De quoi se rassurer avant de choisir un nouveau prestataire ou fournisseur. Un rapport à l’unité est facturé cinq euros, le premier étant gratuit. Un abonnement à 10 euros par mois sans engagement permet de commander cinq rapports. C’est illimité avec celui à 45 euros.

Aider au recouvrement des factures
Goodpayeur ne s’arrête pas en si bon chemin. La plateforme propose aussi un outil de recouvrement. C’est d’ailleurs le service originel de l’entreprise, lancé en 2017, à l’époque sous le nom « Badpayeur ». « On propose à une structure d’envoyer en son nom une relance cordiale à un de ses clients ou fournisseurs en retard de paiement. Voire une mise en demeure. Si ça ne suffit pas, on peut transmettre le dossier à des avocats et huissiers partenaires », glisse Jean-Charles Ize. Une fonctionnalité incluse dans les abonnements, à raison de cinq demandes de recouvrement dans le premier et illimité avec le second. Goodpayeur profite de ces relances pour faire de la sensibilisation auprès des entreprises concernées, en leur rappelant les chiffres alarmants et les conséquences des retards de paiement. Elle enregistre ainsi un taux de recouvrement de factures impayées de 70% et une baisse de -20% sur le délai paiement moyen des clients des établissements qui font appel à ses services.
Un label Goodpayeur
Goodpayeur propose un label à ses clients depuis le début de l’année 2020. Ils peuvent l’obtenir s’ils ont un score de fiabilité supérieur à 90/100 accompagné d’un bon positionnement sur le secteur. 15 sont candidats à son obtention jusqu’à présent, dont trois l’ont déjà reçu.
Quant à celles n’ayant pas la note suffisante pour se le voir décerner, elles peuvent suivre un programme afin de l’augmenter. La plateforme collecte dans cette optique des recommandations financières auprès de leurs fournisseurs et prestataires, intégrées par la suite dans le rapport qui les concerne. « Cela nous permet en plus de remonter d’éventuels points d’accrochage entre une structure et ses parties prenantes, de quoi améliorer leurs relations », souligne Jean-Charles Ize.

Une levée de fonds fin 2020
Toutes les informations récoltées via ses différents services, combinées à celles collectées en open data et auprès de partenaires, permettent à l’algorithme de Goodpayeur de fixer le score de fiabilité des entreprises. « Nos clients en sont contents et ce score correspond à leurs ressentis », met en avant Jean-Charles Ize. Évidemment, une société peut entrer en contact avec la plateforme si elle estime que le sien n’est pas correct. Elle contrôlera alors les informations et corrigera les éventuelles erreurs. Plus de 11 millions de structures y sont répertoriées à ce jour. Des grandes entreprises, des TPE, PME, micro-entrepreneurs mais aussi des associations et des collectivités locales. En résumé : « Tous ceux qui ont une vie économique et une personnalité juridique ».
La plateforme enregistre des centaines de demandes de rapport chaque semaine et compte 1 100 utilisateurs – usagers ponctuels et abonnés confondus. Elle mise sur un développement de son activité via des contrats de distribution qui lui permettrait de s’intégrer à l’intérieur même des outils de gestion des entreprises. « Elles auraient accès à l’ensemble de nos fonctionnalités en un seul clic, sans avoir à passer par notre plateforme indépendante », précise Jean-Charles Ize. L’équipe de Goodpayeur, qui compte cinq personnes, prévoit d’ores et déjà une levée de fonds pour la fin de l’année 2020. Ce serait la deuxième de son histoire, après un premier tour de table en 2018 bouclé à 330 000 euros.