Selon Renaud Muselier, président sortant largement réélu ce dimanche, Thierry Mariani s’était éloigné du Vaucluse car il en avait assez des « ploucs du Vaucluse ». C’est sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin (BFM) où les envolées politiques n’ont pas pris beaucoup d’altitude, que cette vacherie a été lâchée. Mariani s’était défendu à même hauteur, en rappelant que Muselier avait demandé et obtenu la nationalité mauricienne, et était donc disqualifié pour revendiquer quelque patriotisme que ce soit, fusse-t-il simplement régional.
Oublions ! cette campagne fut au ras des pâquerettes, à marée basse au plan des idées, un peu à l’image de la participation qui pour les uns et pour les autres reste une sanction sévère.
Au final les citoyens qui ont, malgré la tendance générale, décidé d’aller aux urnes, ont remis cette élection à la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Elle ne fut donc pas le galop d’essai qu’espérait Marine Le Pen, n’ayant comme jadis son père qu’une obsession : la présidence de la République. Dans les jours qui viennent, elle devra prouver d’abord, à la veille d’un congrès national, qu’elle peut sans contestation possible présider son parti, un rassemblement qui n’arrive pas à rassembler très au-delà de ses propres frontières. A l’exception de Mariani, les immigrés venus de la droite républicaine furent rares, même si quelques-uns à LR avaient tenté de mettre un quart d’orteil sur ce sol miné.
Les Républicains devront, derrière Muselier comme un seul homme (ou femmes), puisque c’est le rituel de toute élection gagnée, faire bloc pour préparer eux-aussi l’échéance nationale qui les attend. On le sait Renaud Muselier n’a qu’un candidat en tête, François Baroin, dont il ne cesse de vanter les qualités, à défaut de pouvoir défendre une stature que cet ancien journaliste n’a jamais vraiment réussi à imposer.
Renaud Muselier devra aussi faire preuve de pédagogie, pour ramener les citoyens vers les isoloirs qu’ils ont désertés
Hervé Nedelec
La bataille dans ce camp-là va être aussi rude que la campagne qui vient de s’achever, sauf que les règlements de compte sont généralement plus violents en famille. Muselier sait, quoiqu’en disent ses détracteurs, que l’apport d’En Marche fut aussi important que le retrait en sa faveur de la gauche. Il devra composer avec cette donne complexe et il y a fort à parier que celui qui n’est plus un perdreau de l’année se réfugiera prudemment dans les semaines qui viennent sur sa branche régionale, avec dans la tête la fameuse formule : « il est urgent d’attendre ! ».
La gauche devra elle-aussi digérer ce nouvel épisode où elle a choisi au nom de la résistance à l’extrême droite, un repli stratégique qui est sans doute une épreuve au long cours pour elle – douze ans d’absence dans l’hémicycle régional – mais la preuve intangible que les valeurs ne se négocient, ni ne se marchandent. Muselier aura du coup un impérieux devoir. Faire vivre la démocratie dans ces départements qu’il a reconquis de haute lutte. Il a promis que l’opposition pourrait se faire entendre et il sera jugé sur cet engagement. Il devra aussi faire preuve de pédagogie, pour ramener les citoyens vers les isoloirs qu’ils ont désertés. Rien ne justifierait que les présidents réélus continuent comme s’il n’y avait pas eu une sérieuse secousse tellurique ces week-ends. Ce n’est plus leur avenir qui est en jeu. C’est celui de la République tant le coup est passé si près.
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