Depuis plus d’une vingtaine d’années, Emmanuel Delannoy, l’un des pionniers du biomimétisme en France, explore les zones de tension et les convergences possibles entre économie et biodiversité. Consultant associé de Pikaia, une société d’expertise qui propose des solutions biomimétiques, il œuvre à favoriser la métamorphose des entreprises vers des modèles résilients, régénératifs et inspirés par le vivant.
Le permaéconomiste a participé au grand débat organisé par Gomet vendredi 19 mars dernier autour de la « bio-inspiration », thème qu’il a par ailleurs abordé dans son dernier manifeste Biométhique – répondre à la crise du vivant par le biomimétisme.
Si dans son ouvrage Permaéconomie, publié en 2011, Emmanuel Delannoy avançait qu’il fallait s’inspirer de la permaculture, – écosystème respectant la biodiversité- pour traiter l’économie. Il propose aujourd’hui de recourir à la biomimétique pour faire face à la crise actuelle. Ce qui permettrait d’en déduire que ce que l’on fait de l’économie aujourd’hui lui est peu suffisant ou ne l’est pas du tout. La crise à laquelle l’auteur fait référence n’est pas qu’une « simple poussée de fièvre » qui disparaitrait facilement. C’est plutôt un révélateur de dysfonctionnement, […] d’une profonde inadaptation de la manière dont l’économie fonctionne aujourd’hui par rapport au reste du tissu vivant. « Ce que la crise révèle c’est qu’on a une économie à la fois extrêmement performante et en même temps vulnérable ». Selon lui, cette vulnérabilité s’explique par le fait que l’économie est « spécialisée », « maximisée » dans ses processus. Pour illustrer ses propos, l’auteur se penche sur l’écologie en évoquant que « toute espèce spécialisée sur une ligne psychologique très étroite s’avère vulnérable » face au changement qui vont s’opérer dans son environnement.
« La bio-inspiration, c’est l’ensemble des approches qui vont consister à aller chercher des sources d’inspiration et d’innovations dans les systèmes vivants ».
Emmanuel Delannoy
Le plus gros souci de l’économie française aujourd’hui est, selon Emmanuel Delannoy, son aptitude à écouter les signaux qui lui viennent de son environnement. Toutefois, l’auteur précise que si cet environnement peut être politique et/ou normatif, il peut être aussi économique et vivant. Adepte de la bio inspiration, il pense que le fait de s’inspirer de la nature devrait amener les gens à agir différemment. « La bio-inspiration, c’est l’ensemble des approches qui vont consister à aller chercher des sources d’inspiration et d’innovations dans les systèmes vivants ». En d’autres termes, le permaéconomiste entend par bio-inspiration toute approche qui consiste à aller rechercher dans les systèmes vivants, des sources d’inspiration qui permettraient à l’Homme d’innover.
Pour Emmanuel Delannoy, le biomimétisme rentre dans une logique d’éco-conception où l’on veut s’appliquer les « principes du vivant ». Il entend par là des principes d’éco-évolution qui rendent possible la coexistence de toutes les espèces et leurs interactions entre elles. Car selon lui, c’est à travers ces principes dits du vivant que l’on va pouvoir rentrer dans une finalité d’éco-conception qui rend compatible nos organisations, nos innovations avec la dynamique globale du milieu vivant. Le biomimétisme contribuerait donc à l’émergence d’un nouveau rapport de l’Homme à la biosphère, en conciliant nos innovations avec celle-ci.
Liens utiles :
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