Les sujets qui fâchent
Trois thématiques, décalées, ont pourtant affleuré dans le débat politique.
Le permis de louer. Un professionnel ironisait en disant que « s’il n’y avait plus rien à louer le permis serait sans objet ». Plus sérieusement le permis de louer devrait s’appliquer au « commerce de la pauvreté » que nous avons évoqué. Encore faut-il avoir une alternative pour les familles qui n’auraient pas obtenu de leur bailleur le permis de louer.
L’encadrement des loyers. La loi Élan permet de le mettre en place, mais rappelle Thierry Moallic avec des conditions dont notamment une vision claire des hausses, des abus et une observation fine des loyers ; ce qui n’est pas réalisé. De plus l’expérimentions de Lille (1) ne semble pas avoir fait baisser les prix.
Ces deux mesures peuvent apparaître populaires. Elles ne résolvent pas le problème central qui est celui du marché. Nous l’avons dit, le besoin est évalué à 5 000 logements par an, la production oscille entre 3000 et 4000. Tant que la pression est forte, que le stock ne correspond pas à la demande, les familles sont amenées à accepter des logements peu sécures, chers, limités en surface, et mal isolés. La question de fond, énoncée depuis plus de dix ans par les professionnels et les urbanistes est de retrouver un niveau de production de logements soutenu, dans des gammes de prix correspondant à la demande, avec une qualité durable. Pour cela, il faut identifier du foncier disponible et le mettre sur le marché à des prix acceptables, dans une ville qui a pris goût à la rente foncière !
Les locations saisonnières, style Airbnb Des immeubles entiers sont passés en location saisonnière et sont déserts une partie de l’année. Il s’agit, par exemple, des immeubles Pouillon dans le 2° arrondissement. Ces locations épisodiques transforment les quartiers en vitrines temporaires, vident le parc locatif et font grimper les prix : en quelques semaines, le propriétaire encaisse les ressources d’une année avec un locataire « normal ». La ville de Paris (60 000 offres Air B & B) a mis en place un système de suivi et de contrôle : les particuliers loueurs de logements meublés ne peuvent pas dépasser la limite de 120 jours de location par an permise sous statut non professionnel. La capitale menace de racheter les immeubles totalement mis en location saisonnière et a créé un bail solidaire pour favoriser la construction en cœur de ville. Marseille pour l’instant est restée passive face à l’emprise d’Airbnb et n’a aucun outil, ni de suivi, ni de contrôle.