La crise du covid-19 est passée, mais l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection peine à faire oublier ses déboires pendant cette période.
Trois proches de l’ancien directeur de l’IHU, le sulfureux professeur Raoult, sont ainsi visés par une procédure disciplinaire gouvernementale : selon les informations de La Provence, confirmées par l’AFP, il s’agit des professeurs Matthieu Million, chef de service des hospitalisations de jour de l’IHU-MI (Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection), Philippe Parola, chef du service des maladies infectieuses aiguës, et Philippe Brouqui, infectiologue. Il leur est reproché d’avoir publié une étude fondée sur des essais cliniques réalisés en dehors de tout cadre règlementaire, après saisine en décembre 2023 de la juridiction disciplinaire des personnels hospitalo-universitaires (JDHU).
Désaccord sur la méthode
Parmi les acteurs de l’écosystème de santé marseillais, l’affaire reste embarrassante, des frasques du professeurs Raoult pendant la période covid à ces récentes procédures. Interrogée mardi 6 février à l’occasion d’une conférence de presse sur les 80 ans de l’Institut de recherche et développement (IRD), qui est membre fondateur de l’IHU, sa présidente Valérie Verdier explique avoir réuni un conseil scientifique pour faire un point sur les quatre unités mixtes de recherche (UMR) que l’IRD partage avec d’autres institutions au sein de l’IHU.
A l’issue de ce conseil qui se déroulait fin décembre 2023, la décision a été prise de retirer la tutelle de l’IRD de deux laboratoires, Mephi (Microbes, Evolution, Phylogénie et Infection) et Vitrome (Vecteurs – Infections Tropicales et Méditerranéennes). Cette dernière unité est d’ailleurs dirigée par Philippe Parola, visé par la procédure disciplinaire.
« Le conseil a soulevé des difficultés d’ordre scientifique, qui ne sont plus en accord avec notre façon de faire à l’IRD. On n’était plus dans une recherche équitable, éthique », précise Valérie Verdier, qui n’établit pas directement le lien avec la situation en cours.
Concrètement, l’une des deux unités comportait un seul chercheur. Pour l’autre unité, l’IRD devrait continuer de chapeauter une équipe, sans être plus impliqué. Elle assure néanmoins, « ne pas lâcher l’IHU » et continuer d’accompagner son nouveau directeur, Pierre-Edouard Fournier. Selon la présidente de l’IRD, les autres composantes des unités de recherche – Aix-Marseille Université et APHM – ne se sont pas retirées. L’IRD conserve en outre deux unités, Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale) et UVE (Unité des virus émergents).
Pour l’APHM, « la page IHU est tournée depuis longtemps »
Egalement interrogé sur la situation à l’IHU à l’occasion d’une conférence de presse, lundi 5 février, les cadres de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM), autre membre fondateur, se montrent sereins. « Pour la communauté médicale, la page IHU est tournée depuis longtemps et les activités se poursuivent en toute sérénité. L’IHU est redevenu un outil du quotidien », affirme ainsi le professeur Jean-Luc Jouve.
La présidente de l’IRD se montre, elle, plus prudente dans le choix des termes mais reste optimiste : « On espère que l’affaire est derrière nous et nous regardons vers l’avenir. On veut remettre l’IHU dans de bonnes perspectives. »
« Il faut faire en sorte que l’IHU retrouve sa réputation et son ambition scientifique pour aller chercher des financements pour la recherche », tranche pour sa part le directeur général de l’APHM, François Crémieux. Le projet de création d’un biocluster à Marseille, dans lequel l’Institut Méditerranée Infection doit justement jouer un rôle, pourrait lui permettre de regagner ses lettres de noblesse.
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