C’est au 29e étage de la tour La Marseillaise que le rendez-vous est donné. Et c’est à bord de l’un des quinze ascenseurs que les visiteurs sont propulsés en quelques secondes seulement au point d’arrivée. L’ouverture des portes laisse place à un couloir menant à une grande salle baignée de lumière et offrant une vue imprenable sur les quatre coins de la cité phocéenne, le Vélodrome, Notre-Dame de la Garde, le Grand Port Maritime de Marseille… et sur la Méditerranée. Deux étages séparent seulement du toit-terrasse végétalisé (31e) surmonté d’une coupole, où les pins d’Alep, les oliviers et figuiers ont déjà pris leurs quartiers à 132 mètres au-dessus du sol, la hauteur de l’édifice.
Deuxième élément phare de la skyline phocéenne, au cœur du quartier portuaire d’Arenc, La Marseillaise née sous le crayon de Jean Nouvel, tutoie sa voisine la tour CMA-CGM, plus grande de quelques mètres (147 mètres) et signée Zaha Hadid, comme dans un ballet urbain. « Le dialogue entre les deux objets a été quelque chose de très important pour moi », souligne Jean Nouvel, au cours de la visite des lieux. « Je dis toujours que la tour de Zaha a une traîne et que je suis derrière pour tenir la traîne ». Pour son concepteur, la spécificité de la tour c’est son ancrage : « Elle est ancrée dans Marseille et elle a essayé de se créer des racines ». La volonté était également de faire un immeuble tertiaire « qui soit une partie vivante de la ville et depuis laquelle vous pouvait contempler la ville comme si vous étiez sur votre balcon, c’est pour moi un paramètre d’intégration assez vitale. »
Une palette infinie de couleurs
En relation avec les principaux éléments de la ville, le soleil, l’eau, le ciel, les toitures du vieux Marseillais, le port… tel un caméléon le bâtiment s’inscrit dans ce qu’il y a autour. 36 nuances de bleu, blanc, rouge ont été utilisées pour être en accord avec les couleurs de Marseille. Soumises à beaucoup de variations en fonction la lumière à chaque heure de la journée, elle propose donc une palette infinie. Même si la Tour reste « un hymne à Marseille », là où tout le monde voit un hymne au drapeau tricolore, pour Jean Nouvel, la robe bleu, blanc et rouge qui habillent sa belle a une autre signification : « Ici, c’est le bleu du ciel, de la mer, de l’OM, le blanc c’est l’horizon, l’écume, et le rouge, la couleur des toits du Panier ».
« Un produit local », souligne Jean-Luc Brial, directeur général adjoint de Vinci Construction France, puisque ce sont deux entreprises historiques du groupe, Grand Travaux de Marseille (GTM) créé en 1891 et Travaux du Midi, créé au début du XXe siècle, qui ont participé à la création de cette tour.
Un immeuble à la pointe
Avec ses 5000 mètres carrés de services, 16 000 m2 de façades vitrées, 18 880 m3 de béton, 35 000 m2 de bureaux, 40 000 mètres carrés au total, le bâtiment est « à la pointe des nouvelles façons de travailler à Marseille, en France, en Europe et dans le monde » indique Pierre-Alain Martin, chef de projet Constructa. Avec son restaurant d’entreprise (alimenter grâce aux panneaux solaires sur le toit), une crèche, une conciergerie, le room-service, les éléments de business center, au dernier étage de la tour « un grand lieu qui pourra accueillir jusqu’à 500 personnes sur des événements, la tour permettra de participer au rayonnement du territoire, des entreprises locales et attirer les délégations étrangères ».
La tour dispose également de la certification haute qualité environnemental (HQE) au niveau « excellent », grâce notamment à l’utilisation de bétons éco-certifiés, issus de scories, ou l’utilisation du système de thalassothermie, qui permet de réguler la température de l’immeuble ; les ingénieurs ayant connecté la soufflerie à la boucle à eau de mer installée à proximité. « 70% de gaz à effet de serre en moins, 30% d’électricité en moins. » La tour dispose également d’autres certifications, sur de nouvelles thématiques, comme la connectivité avec le label WiredScore, de niveau « gold ». De façon plus discrète, un travail a été mené sur la sécurité pour garantir la sûreté des personnes dans cet tour qui continue d’accueillir ses nouveaux locataires.
La Marseillaise a mis quatre ans pour sortir de terre, construite par le groupe Vinci pour un budget de quelque 200 millions d’euros.
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