Les usines de PVC Kem One vont bientôt passer sous contrôle américain. L’actionnaire unique du groupe industriel Alain de Krassny a annoncé le 14 septembre être entré en négociation exclusive avec le fonds de capital-investissement Apollo. L’option de vente a été signée le 10 septembre et la cession devrait être « finalisée d’ici la fin de l’année », indique Kem One. Une déclaration qui vient confirmer les alertes lancées par les syndicats au mois d’août.
Une vente évaluée à 700 millions d’euros
Kem One emploie 1 400 personnes sur huit sites en Europe dont 600 sur ses deux usines de Fos-sur-Mer et Lavera. Informés de la cession depuis des semaines, les syndicats de salariés sont inquiets pour leur avenir : « Un fonds d’investissement, ce n’est régi par aucune loi, c’est hors sol. Son seul objectif est la rentabilité », affirme Jérôme Guillemin, le délégué CGT dans une vidéo posté sur les réseaux sociaux. Selon le syndicaliste, la vente pourrait atteindre les 700 millions d’euros financés par un LBO (Leverage buy out ou rachat par effet de levier) : « Une dette pour Apollo qui devra être remboursée par l’entreprise », prévient-il dubitatif sur l’intention du fonds américain de poursuivre les investissements engagés par Alain de Krassny. Le patron s’est également engagé il y a huit ans à reverser aux salariés 10% d’une éventuelle plus-value réalisée par une vente de l’entreprise. Au total, cette part ne devrait pas être prélevée sur la totalité de la somme mais sur seulement une vingtaine de millions d’euros estime la CGT.
De gros investissements à confirmer à Fos et Lavera
En 2021, Kem One table sur un chiffre d’affaires de plus de 900 millions avec un résultat net avant impôt de 100 millions d’euros. Des performances poussées par les 500 millions d’euros investis par Alain de Krassny depuis son rachat de l’entreprise en 2014. « Je suis très fier de ce que nous avons accompli. Aujourd’hui, Kem One a des fondations solides. Je suis convaincu que les ambitions d’Apollo permettront d’accélérer le développement de Kem One », assure le propriétaire français.
Et l’industriel a prévu d’investir encore quelque 200 millions d’euros sur les sites de Fos et Lavera pour améliorer la productivité des usines de PVC dont 15 millions de subventions publiques obtenues dans le cadre du Plan de relance. Ces promesses, la CGT compte bien les faire tenir : « On travaille avec un cabinet d’affaires et nous saurons interpeller Alain de Krassny comme Apollo pour mettre en place des outils pour sécuriser nos emplois et notre avenir », affirme Jérôme Guillemin. Pour sa part, le fonds d’investissement assure de son engagement dans la continuité de la stratégie engagée : « Nous sommes très enthousiastes à l’idée de poursuivre le développement de l’entreprise, que ce soit par la conversion de l’électrolyse de l’usine de Fos-sur-Mer, dans le but d’améliorer les coûts de production et l’efficacité énergétique, ou par les nombreuses possibilités de croissance interne que nous entrevoyons », répond Samuel Feinstein, associé chez Apollo.