La société marseillaise Jaguar Network est particulièrement sollicitée par les entreprises qui doivent s’adapter au confinement. Son président, Kevin Polizzi, explique comment il apporte son aide et donne sa vision de l’après-crise lors d’un webinar organisé par l’Apex.
Comment Jaguar Network s’est-il adapté à l’épidémie de coronavirus en France ?
Kevin Polizzi : Nous avons une partie de nos outils qui sont produits à Wuhan, où a démarré le crise du coronavirus. Nous avons donc pu anticiper très tôt l’arrivée du virus en France et en Europe. Aujourd’hui, 95% de nos salariés sont en télétravail. Et très tôt, nous avons clamé haut et fort que nous ne ferions pas appel au chômage partiel pour participer à l’effort de guerre. En plus, on a payé le plus vite possible tous nos sous-traitants pour les soutenir dans cette période compliquée.
Vous vous occupez du développement du marché entreprises de Free. Avez-vous été beaucoup sollicités par vos clients ?
On a dû fournir des milliers de VPN (réseau privé virtuel, NDLR) pour permettre de connecter les équipes en télétravail
Kevin Polizzi
K.P : Enormément, ils ont été très nombreux à nous appeler au secours à la dernière minute. Contrairement à nos voisins anglo-saxons, plutôt prévoyants, la France a une culture latine et les professionnels ont réagi seulement une fois le confinement annoncé. Depuis, notre activité est en plein boom. On a dû fournir des milliers de VPN (réseau privé virtuel, NDLR) pour leur permettre de connecter leurs équipes en télétravail de manière sécurisée. Et globalement, les projets de transformation digital n’ont pas été gelé. La plupart ont maintenu leurs investissements. Surtout qu’ils seront d’autant plus nécessaires dans le monde de demain. Le monde était séparé entre les gens du monde technologique et les autres. Demain, tout le monde devra être digitalisé.
Le monde du travail sera-t-il le même après cette crise sanitaire ?
K.P : Non, évidemment. Cette épidémie nous rappelle que l’humain ne peut pas tout contrôler. Il va falloir repenser les manières de travailler avec notamment le télétravail qui va se généraliser. La technologie prendra encore plus d’importance dans le quotidien des entreprises et les aideront à faire aux futures crises potentielles. Si on pourra travailler de partout avec notamment le développement de la 5G, il faudra à l’inverse apprendre à enclencher le mode avion en dehors des heures de travail. Personnellement, depuis le début du confinement, je coupe mon téléphone pendant les heures de repas. J’en suis très content et je ne reviendrai pas en arrière.
Comment envisagez-vous la reprise de l’activité économique ?
K.P : Elle sera progressive et tout le monde ne s’en sortira pas. Mais à l’inverse, certains secteurs en profiteront. Il faut regarder de très près la grande distribution, le secteur pharmaceutique ainsi que les sociétés spécialisées dans les technologies propices au travail à distance. Je pense qu’il va y avoir une belle histoire liée à la santé et très rapidement, les préoccupations environnementales vont faire leur grand retour avec une hausse des valeurs écologiques. Enfin, le coronavirus va nous obliger à réinternaliser les essentiels dans le marché européen. Je pense notamment à l’Etang de Berre chez nous qui doit garder sa vocation industrielle et même la développer. Pour y parvenir, on aura besoin de robots, du numérique et d’humain.
Vous dirigez aussi le cluster numérique Medinsoft. Comment réagissent les entreprises du secteur digitales dans la région ?
On a créé un cloud avec un SOS manager qui reçoit les appels à l’aide des sociétés les plus impactées
Kevin Polizzi
K.P : Plutôt bien a priori. Nous avons très vite sondé nos adhérents pour connaître leur situation et elles ont répondu être confiante face à la crise pour 37% d’entre elles. Ce qui veut dire que c’est plus difficile pour les deux tiers restants mais on est encore loin de la catastrophe annoncée pour le tourisme. Pour les aider, on a créé un cloud avec un SOS manager qui reçoit les appels à l’aide des sociétés les plus impactées. Il y en a effectivement qui nous sollicite.
Vous avez présenté le programme immobilier Theodora en mars dernier. Aujourd’hui, de nombreux chantiers sont à l’arrêt. Est-ce que votre projet accusera du retard ?
K.P : En partie seulement. Nous sommes en train de revoir le calendrier pour au moins livrer les deux premières phases, les plus importantes, en 2023 comme prévu initialement. Ces deux parties concernent les futurs bureaux de l’activité B2B de Jaguar Network et les immeubles qui accueilleront la formation. Cette dernière partie est essentielle pour moi car Marseille a un véritable déficit en formation. Il y a de plus en plus de programmes intéressants mais ils sont de très petites tailles et disséminés un peu partout dans la ville. Je pense au Wagon, à la Plateforme, à Simplon… Je vais faire le nécessaire pour que toutes ces formations au digital aient la place de se regrouper sur Theodora.
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