Airbnb à Marseille, la riposte. Les annonces de la Ville de Marseille et les déclarations du maire Benoît Payan (lire nos précédentes informations) pour renforcer la lutte contre les meublés touristiques ne sont pas passées inaperçues chez le spécialiste de la location saisonnière chez les particuliers, créé en 2007 à San Francisco et dont la France est désormais le deuxième marché.
Clément Eulry, le directeur général France et Belgique, nommé il y un an, après avoir été pendant trois ans directeur pour Le Wagon et neuf ans à des postes de direction chez Google, a vigoureusement réagi dans un communiqué adressé à la rédaction de Gomet’ mardi 18 février, au lendemain des annonces de la Ville de Marseille de durcissement des conditions de location dans la cité phocéenne.
« Une mesure de diversion à dimension purement politique »
« Nous regrettons la dimension purement politique de cette mesure de diversion. Limiter la fréquence à laquelle les Marseillais peuvent louer leur résidence principale ne résoudra pas la tension du logement. Avec cette décision, la mairie pénalise des familles qui comptent sur ces revenus pour améliorer leur pouvoir d’achat, et les commerces locaux pour qui le tourisme est essentiel » déclare Clément Eulry.
Une étude de Deloitte en 2023 : des retombées de 465 millions d’euros pour Marseille
Les locations de courte durée ont un impact positif sur l’économie locale marseillaise, selon une étude du cabinet Deloitte réalisée en 2023 et citée en référence par la plateforme. Selon elle, « les 800 000 voyageurs qui ont séjourné dans des locations de courte durée à Marseille ont dépensé en moyenne 96 € par jour, générant ainsi 465 millions d’euros de retombées économiques. Leurs dépenses ont ainsi permis de soutenir plus de 4 800 emplois dans la ville. Ces séjours ont également permis de générer des recettes fiscales pour la commune : 4,2 millions d’euros de taxe de séjour en 2023 ont été remis par Airbnb à la ville. » Et pour 2024, Airbnb observe que « trois grands événements ont été accueillis, notamment grâce à l’offre de logements d’Airbnb, comblant ainsi les capacités hôtelières locales limitées. Plusieurs dizaines de milliers de voyageurs ont assisté à la Coupe du monde de rugby, à la venue du pape et aux Jeux olympiques avec Airbnb. » Et d’ajouter : « Partout en France, Airbnb accompagne la mise en œuvre des règles lorsqu’elles sont proportionnées et justifiées, et se tiendra auprès de l’ensemble des acteurs locaux afin d’étendre les bénéfices du tourisme à tous. Airbnb sera toujours aux côtés des Marseillais, comme de tous les Français. »
0,3% du parc de logement marseillais concerné selon Airbnb
A l’appui de son argumentaire, le site avance de nombreux chiffres et affirmations :
- « A Marseille, l’essentiel des hôtes loue leur propre bien, lorsqu’ils ne sont pas là, pour boucler leurs fins de mois. Ces biens – qui n’ont pas vocation à être loués sur le marché de la longue durée – n’ont pas d’impact sur le logement. Près de 9 annonces sur 10 sont des chambres chez l’habitant ou des logements loués moins de 120 jours (données 2023).
- Le complément de revenu pour un hôte représente un 13e et un 14e mois. Selon une étude récente de PWC, les locations de courte durée dédiées représentent 0,3 % du parc de logements à Marseille et sont 28 fois moins nombreuses que les logements vacants. Le déficit de construction neuve et la vacance des logements sont les principales causes des tensions sur le logement à Marseille.
- Limiter le nombre de nuits pendant lesquelles les Marseillais peuvent louer leur résidence principale – un bien dans lequel ils vivent et qu’ils louent occasionnellement pour payer leurs charges – n’aura aucun impact sur l’offre de logement disponible, renchérira le coût des séjours et pénalisera in fine les commerces locaux.»
Pour Airbnb, plutôt que la réduction de la période de location autorisée, d’autres outils à la main des maires existent, à l’instar des quotas, permettant de cibler les investisseurs et de trouver un juste équilibre entre logement et tourisme abordable dans les quartiers où des mesures s’avèrent nécessaires. La plateforme rappelle en outre qu’elle accompagne la mise en oeuvre de réglementations locales proportionnées, et qu’elle soutient déjà plusieurs centaines de villes françaises, dont Marseille, pour faire appliquer les règles et à lutter contre la fraude :
- Déploiement de l’enregistrement obligatoire – Airbnb a mis en place l’enregistrement obligatoire à Marseille (obligation pour les hôtes d’afficher un numéro d’enregistrement sur leur annonce).
- Des outils pour faciliter le contrôle des villes et lutter contre de potentielles fraudes – Airbnb fournit à Marseille un accès au portail des villes, une ressource développée par Airbnb permettant à la ville de supprimer les annonces qui ne respecteraient l’obligation d’enregistrement.
La compagnie américaine précise qu’elle vient de lancer le Portail d’Accès National aux Données pour les villes françaises. « Ce portail donne accès à un ensemble de données et tendances observées sur Airbnb, permettant de mieux appréhender les principaux flux touristiques comme l’activité des hôtes, d’évaluer les bénéfices de la location meublées touristique localement, et de visualiser la part de meublés de tourisme dédiés à la courte durée au sein de chaque quartier. » A bon entendeur…
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