Dans un tintinnabule, la bouteille de champagne a éclaté en mille morceaux sur la coque du navire. Sous les applaudissements, l’Alfred Merlin, navire fabriqué à La Ciotat par la société Ixblue et affrété par le Département d’archéologie sous-marine et subaquatique (Drassm), a été baptisé vendredi 2 juillet 2021, devant un parterre de spectateurs massés sur le quai du Mucem, à Marseille. Pour l’occasion, deux ministres avaient fait le déplacement : Roselyne Bachelot, ministre de la culture et marraine du navire, et Annick Girardin, ministre de la Mer. Toutes deux venues observer de leurs propres yeux ce petit bijou de technologie qui fait la fierté du Sud. « Non seulement cela va nous permettre de mieux connaître nos fonds marins – nous connaissons mieux l’espace que le fonds de nos océans – mais cela permet aussi à la France de se positionner comme une référence en la matière », se réjouit Annick Girardin. Et pour cause, l’Alfred Merlin a été conçu de A à Z par Ixblue, qui maîtrise la fabrication de chacune des pièces, sur son site de La Ciotat.
D’autres personnalités étaient présentes pour assister à l’événement, dont le maire de Marseille Benoît Payan : « Les activités sous-marines, l’archéologie comme d’autres, constituent un capital de développement immense et tous les jeunes de Marseille devraient pouvoir rêver à ces métiers », a-t-il ainsi affirmé.
Le premier navire scientifique au monde avec une coque entièrement en composite
Pour concevoir ce navire, l’entreprise ciotadine a dû redoubler d’innovation. « Ce navire pourrait devenir un nouveau standard compte tenu de son coût économique et de son coût écologique limités », soutient Sébastien Grall, directeur du chantier naval d’Ixblue. En effet, avec une coque de 46 mètres de long entièrement en composite, un matériau très léger, il a été conçu spécialement pour accueillir à son bord 28 personnes, dont les équipes du Drassm et leurs robots. Pour le concevoir, Ixblue et le Drassm ont su composer avec un budget limité (que l’entreprise, interrogée par Gomet’, ne souhaite pas dévoiler).
Le matériau, non corrosif, permet aussi d’éviter des traitements ultra-polluants Il est par ailleurs équipé de fibre optique, ce qui lui facilite les mesures des contraintes liées à la coque et au navire. Enfin, il est capable de rester stable à l’arrêt ou à faible vitesse, un point non négligeable pour effectuer des fouilles archéologiques en haute mer. Des spécificités qui le distinguent des deux autres navires affrétés par le Drassm : l’André Malraux (construit par le chantier naval H2X) et le Triton (Ixblue).
« C’est la troisième fois que le Drassm travaille avec nous », relate Sébastien Grall pour Gomet’. Ixblue a par ailleurs remporté l’appel d’offre lancé par l’Ademe. La conception a été confiée au cabinet Mauric et les travaux, débutés en septembre 2019, sont allés relativement vite.
Dans un premier temps, l’Alfred Merlin sera « principalement déployé en Méditerranée », explique Guillaume Roaleau, capitaine du navire. Il voguera donc vers la Corse, du côté de Bonifacio, fin juillet pour sa première mission de recherche archéologique avec les équipes du Drassm à son bord.