Le directeur général de Région Sud Investissement, Pierre Joubert, décrypte les résultats de notre baromètre régional des levées de fonds au premier semestre 2023.
Pour la levée de fonds de TSE, les principaux investisseurs sont deux grands fonds : Amundi (2 062 milliards d’euros d’encours) et Eurazeo (35 milliards d’actifs en gestion). Il est assez rare de voir Amundi investir dans la région, car il faut généralement qu’ils suivent pendant plusieurs tours de table. Je ne suis pas étonné qu’ils investissent aujourd’hui dans TSE, car le secteur de l’énergie se porte bien. Amundi avait déjà investi dans l’énergie à nos côtés en 2018 dans la société Ideol, un fabricant de flotteurs pour éoliennes en mer basé à La Ciotat.
L’autre fonds qui a financé TSE est Eurazeo. C’est un monstre qui lève de très gros fonds. On observe que ces deux fonds n’ont pas de mal à trouver des souscripteurs. Ceux qui ont plus de mal font très attention à leur argent. Toutes les sociétés très tech globalement ont commencé à plonger et leurs levées de fonds sont beaucoup plus compliquées.
Les valorisations des entreprises baissent
Dans nos dossiers, nous voyons aussi passer beaucoup de valorisations revues à la baisse par rapport à celles que l’on connaissait il y a quelques mois. Une rationalisation s’est faite. C’est peut-être pour cette raison que les entreprises qui n’ont pas baissé leur valorisation ont eu plus de mal à lever ! C’est en tout cas peut-être une partie de la réponse aux 100 millions d’euros d’écart entre 2022 et 2023.
Une autre dynamique peut expliquer cette différence entre les deux semestres. Depuis juin, les fonds ont du mal à trouver des souscripteurs. Ils font très attention à leur argent. En février dernier, les levées de fonds des sociétés de gestion se sont écroulées. Il y a un resserrement et une restructuration du marché depuis quelques mois. Les investisseurs préfèrent suivre leurs lignes privilégiées : un refinancement des tours de tables.
Le marché évolue beaucoup plus rapidement que ce qu’on pensait.
Pierre Joubert
Les investisseurs se focalisent sur des projets porteurs de sens
Mais, d’une façon générale, tout ce qui touche la transition quelle qu’elle soit, énergétique, environnementale, le bien-être… a le vent en poupe en ce moment. On attend d’ailleurs des entrepreneurs précurseurs dans leur domaine. Le marché évolue beaucoup plus rapidement que ce qu’on pensait. Il y a souvent des phénomènes culturels dans les marchés. On sous-estime souvent le fait qu’il ne suffit pas de présenter aux investisseurs ses produits, d’avoir du « push » et que les levées de fonds suivent.
À Région Sud Investissement, nos budgets vont être très clairement orientés sur la transition écologique à partir de l’année prochaine. Déjà aujourd’hui, l’orientation se ressent : nous avons 80-90 % des fonds investis dans des secteurs de transitions. De toute façon, je vois mal un investisseur ne pas se poser ce type de question s’il souhaite acquérir des parts pour les revendre par la suite.
On observe aussi de plus en plus de family-office qui ont de fortes sensibilités sur ces sujets. Et elles financent des sociétés de plus en plus tôt. Je serai à Paris pour le concours I-Lab et il n’y a jamais eu autant d’entreprises de la Région Sud lauréates. Il y a clairement un potentiel de financement pour ces entreprises car les investisseurs s’intéressent aux projets. Elles trouveront des fonds assez facilement !
Pierre Joubert
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