Face au réchauffement climatique, les plantations d’arbres en ville semblent être la solution la plus naturelle pour redonner de la fraîcheur. Mais attention : toutes les espèces ne se valent pas. Le sujet a été évoqué lors d’une conférence organisée par le média Maintenant, à l’occasion du lancement de son deuxième numéro, mardi 25 juillet à Coco Velten à Marseille (2e).
Premier mythe déconstruit : « La grande mode est de planter local. Or, ce n’est pas forcément une bonne idée car certaines espèces produisent plus de polluants qu’elles n’en absorbent » explique Pierre Sicard, responsable du projet européen Airfresh, qui intervenait lors de la conférence, sur invitation de Frédérique Jacquemin, fondatrice de Maintenant.
Le projet européen Airfresh, porté au niveau local par l’association Airclimat, s’attache à étudier la capacité des différentes espèces d’arbres à absorber la pollution. Pour mener ces études, Airfresh a déterminé deux zones : Aix-en-Provence et Florence, en Italie. Si ces villes ont avant tout été choisies pour leur réactivité dans l’appel à candidature, elles présentent aussi des climats similaires qui rendent la comparaison pertinente. A terme, en décembre 2024, le projet Airfresh permettra d’émettre des recommandations pour les politiques urbanistes de ces deux villes, mais aussi des autres.
Erables, tilleuls, platanes … les espèces à privilégier
Parmi les espèces à éviter : l’eucalyptus et, plus étonnant, le chêne, pourtant bien présent dans notre région. A la place, Pierre Sicard préconise « les érables, tilleuls et micocouliers. » « Il est plus bénéfique de planter 500 arbres bons pour la qualité de l’air de 5000 “mauvais” arbres, pour ne pas être contreproductif », note le chercheur. Sur le Vieux-Port, il imagine ainsi « des platanes » pour apporter de la fraîcheur et améliorer la qualité de l’air. A ce sujet, selon France Nature Environnement, « plusieurs études ont confirmé que les arbres en ville étaient capables d’absorber environ la moitié des particules les plus fines. »
« Financer des arbres “bas-carbone” avec la Caisse des dépôts »
Perrine Prigent
Des propos qui pourraient inspirer prochainement les politiques de la Ville de Marseille, représentée lors de la conférence par l’élue Perrine Prigent, dans le public. Cette dernière reconnaît le manque de verdure dans le centre-ville : « Nous testons actuellement une méthode pour nous aider à financer des arbres “bas-carbone” avec la Caisse des dépôts » promet l’adjointe à la valorisation du patrimoine et à l’amélioration des espaces publics.
Sensibiliser les particuliers et le secteur privé
Pierre Sicard rappelle néanmoins que 85% des espaces du centre-ville sont des terrains privés, d’où l’importance de sensibiliser les particuliers. Sensibiliser les privés et surtout les entreprises, c’est la mission que s’est donnée Anne Desmaison, qui intervient pour expliquer la démarche de sa start-up OliviAnne. En s’appuyant sur la méthode Miyawaki, elle propose de recréer des mini-forêts urbaines mêlant plusieurs espèces. « Cela attire non seulement la biodiversité, mais permet aussi de créer du lien social lors de la plantation, c’est pourquoi les entreprises sont intéressées dans une démarche de RSE, de même que les bailleurs sociaux » détaille Anne Desmaison.
Pour finir, Sébastien Bergé-Lefranc, de l’association Air climat apporte un éclairage sur la qualité de l’air actuellement à Marseille : « On constate des améliorations, majoritairement liés au progrès technologiques, par exemple sur les véhicules. Mais ces dernières années, la qualité de l’air stagne au même niveau et ne s’améliore plus. »
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