Ne lui dites pas qu’il est anti-métropolitain car c’est une mauvaise interprétation de sa pensée. Car pour l’élu communiste le « fait métropolitain est incontestable. » Certes. Mais pour lui ce fait « n’est pas indiscutable. » Et discuter de la Métropole, de ses ambitions, sa feuille de route et de sa trajectoire, Gaby Charroux ne s’en lasse pas depuis les débuts de la nouvelle institution. N’a-t-il pas d’ailleurs été candidat à sa présidence face à Jean-Claude Gaudin ? Mais ce métropolitain de raison plus que de passion ne se lasse pas de dénoncer « les dérives de l’institution » qui n’est, selon lui, que le semblant d’elle-même depuis sa création en 2016. Le constat est sévère et sans détour. Mal conçue lors d’une mission de préfiguration qu’il accuse de tous les maux, Gaby Charroux stigmatise aujourd’hui le triple « manque de démocratie, de proximité, et de responsabilité » dans un schéma où « la technocratie est puissante et abondante. » Le Manifeste pour une nouvelle métropole présenté cette fin de printemps 2018 succède au premier ouvrage publié voici trois ans et intitulé Pour une autre métropole. Cette fois, il s’agit de propositions d’urgence « pour sortir de la crise. »
Il constate en effet aujourd’hui, alors que se pose la question d’une fusion avec le Conseil départemental, que « si rien ne change rapidement, la Métropole va tomber dans le précipice. » Il entend porter la voix qui demande la réduction des compétences de la Métropole actuelle, pour les limiter à des compétences vraiment métropolitaines. Et il fait 10 propositions d’urgence (voir-ci-dessous) parmi lesquelles la tenue en juillet par le préfet de Région d’états généraux avec pour objectif de redéfinir les compétences métropolitaines et départementales, ainsi que les échelons territoriaux. « Il est toujours nécessaire que soit défini ce qu’est l’intérêt métropolitain et qu’ait lieu une réflexion sur la trajectoire financière. Pour cela, il convient de modifier la Loi pour adapter la Métropole à un fonctionnement qui soit réellement en prise avec les besoins des populations et qui relève de la proximité. » Dans son Manifeste, il réaffirme sa vision d’une « Métropole humaine et solidaire ; une Métropole recentrée sur cinq compétences structurantes – les transports, l’environnement, le développement économique, l’enseignement supérieur et la recherche -, qui laisse aux conseils de territoire et aux communes la gestion des compétences de proximité.
Plaidoyer pour les conseils de territoires
Dans cette perspective, Gaby Charroux de « rapprochement inédit entre le Département et la Métropole, les Conseils de Territoire seraient dotés d’une autonomie morale et financière. Tout montre aujourd’hui que l’absence d’autonomie morale et financière des Conseils de Territoire, qui en fait le principe même de la construction métropolitaine actuelle, est le vrai problème : celui qui empêche de répondre aux attentes et aux vrais besoins des populations. » Et le président du CT du Pays de Martigues d’ajouter : « les Conseils de Territoire dans leur périmètre actuel et leur fonctionnement efficace sont indispensables pour garantir un échelon intermédiaire entre la commune et la Métropole. Ce sont eux qui tiennent compte de l’histoire et de la singularité de chaque Pays composant la Métropole. Ce sont eux qui peuvent le mieux exercer les compétences de proximité, autres que celles qui présentent un intérêt métropolitain. » Les états généraux des territoires ont bien déjà commencé…
Les dix propositions d’urgence de Gaby Charroux pour la Métropole.
1/ La tenue d’états généraux par le préfet de Région avec pour objectif de redéfinir les compétences métropolitaines et départementales, ainsi que les échelons territoriaux.
2/ La création d’une mission parlementaire à l’initiative de Pierre Dharréville, député de la 13e circonscription des Bouches‐du‐Rhône, pour travailler à un mode de représentation électorale qui respecte les territoires.
3/ La création d’un Conseil des Maires visant à traiter l’ensemble des questions qui auront des incidences sur les communes.
4/ La définition de l’intérêt métropolitain.
5/ L’évaluation d’un budget pour des projets nouveaux d’envergure métropolitaine et le tracé d’une véritable trajectoire financière.
6/ La définition d’un vrai plan d’action à trois ans, avec deux priorités : d’une part, le développement économique et d’autre part le développement des transports.
7/ Le lancement d’une grande consultation sur la gratuité des transports.
8/ La mise en place d’une dérogation pour augmenter le versement transports au‐delà de 2% (comme c’est le cas pour le Grand‐Paris).
9/ La construction d’un agenda de l’égalité sociale et territoriale de la Métropole dans la continuité des agendas de la mobilité et de l’économie.
10/ La création d’Observatoires des politiques publiques métropolitaines composés de citoyens qui pourraient ainsi contrôler la bonne mise en œuvre des politiques publiques métropolitaines.