Neuf Petites villes de demain ont signé leur convention d’adhésion au dispositif le 9 mars dernier dans les salons de la Préfectures de Marseille. Le programme Petites villes de demain, a été lancé le 1er octobre 2020, il fait partie des nouveaux modes d’interventions publiques vers les collectivités locales. Finie l’enveloppe globale et le laisser-faire. L’État lance un appel à projets et contractualise sur plusieurs années. Une révolution macronienne qui casse les logiques de clientèle et engage les élus.
Le programme « Petites Villes de Demain » s’intègre à l‘Agenda rural, s’inscrit dans le Plan de relance et complète les actions Cœur de ville . Pour candidater les villes de moins de 20 000 habitants doivent exercer « des fonctions de centralité vis-à-vis de leur bassin de vie grâce à la mise à disposition d’un ensemble de services et d’équipements ». Ces communes “attractive et inventive” ont été sélectionnées par le préfet, elles ont des « signes de fragilité » (offre de logements inadaptée, érosion commerciale, dégradation du bâti ancien, etc.) et il est nécessaire de les accompagner. Le préfet s’est notamment appuyé sur les résultats des travaux menés par l’ANCT, l’Agence nationale de la cohésion des territoires et l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) Dijon en 2019-2020, qui ont mis en évidence les différents niveaux de centralités des communes françaises (lien vers l’étude).
La Banque des territoires, l’ANCT, le Ministère de la transition écologique, l’Anah (agence nationale de l’habitat) et le Cerema (centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) proposent ainsi aux Petites villes de demain un ensemble de dispositifs de financement ou de mobilisation et d’ingénierie technique. Les communes peuvent ainsi bénéficier, à des taux de prise en charge variables, de l’expertise d’assistants à maîtrise d’ouvrage ou de bureaux d’études pour définir et réaliser leur projet de territoire.
Petites villes de demain : 1000 communes concernées en France
Les maires bucco-rhodaniens adhèrent très modérément à cette nouvelle méthode : seules neuf communes sont engagées dans ce programme pour 1 000 au plan national. Six relèvent de la métropole Aix Marseille Provence et ont donc signé la convention tripartite : Sénas, Lambesc, Trets, la Roque d’Anthéron, Berre l’Étang et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Trois sont dans l’arrondissement d’Arles : Châteaurenard, Saint-Rémy-de-Provence, Saint-Martin-de-Crau. Dans la région Sud, 65 communes sont concernées dont 35 en zone rurale.
Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône précise pour Gomet’ que « ce dispositif concerne des communes qui ont des fonctions de centralité, qui rayonnent sur un territoire, mais qui n’ont pas les ressources humaines et matérielles pour assurer l’ingénierie des projets » nécessaire à leur développement. « Le principal aspect de ce programme Petites villes de demain est de permettre à ces communes d’accéder aux dispositifs existants mais non consommés faute de management de projets, de ressources humaines et de compétences ».
Le programme est un accélérateur de projets et il s’est d’abord traduit par le recrutement de chefs de projets capables d’ouvrir les portes et de construire les dossiers administratifs et donc d’accélérer. Sur le plan national 250 M€ sont alloués au soutien en ingénierie pour lancer et consolider les projets dans les villes du programme. De fait, les six maires signataires ont présenté des plans qui sont en fait la réalisation de tout ou partie de leur programme municipal sur les cinq années à venir.
Mario Martinet, maire de Berre l’Étang, voit dans ce dispositif une approche transversale permettant de réinventer l’agriculture avec la construction d’une halle permanente sur la RN 113, de créer un centre de formation à la logistique, de s’attaquer aux copropriétés dégradées et de renforcer l’offre médicale.
Le maire de Trets, Pascal Chauvin, « se sent bien à sa place dans ce programme » , dans cette démarche globale qui lui permet de mieux coordonner développement économique et services publics. Un manager de centre-ville a été recruté, une maison France Service va ouvrir.
Le maire de Lambesc, Bernard Ramond, concentre son action sur le centre-ville avec des actions de revitalisation du commerce, de préservation du patrimoine, de déplacements doux…
Port -Saint-Louis fait face à la mutation de la ville qui doit gérer des friches industrielles, recoudre le tissu urbain, accélérer la revitalisation et donner une nouvelle image à la ville-champignon qui fut celle des salariés de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. De nombreux projets sont en cours pour accélérer la transition écologique notamment comme nous l’a expliqué récemment le maire Martial Alvarez.
Le maire de Sénas respire mieux et « peut voir les choses en grand ». Philippe Ginoux a lui aussi recruté un manager de centre-ville avec le défi de recoudre un centre coupé par la voie ferrée et l’autoroute. Sénas met l’accent sur l’accueil de nouveaux commerçants, sept nouvelles boutiques vont ouvrir et compléter la centaine de commerces existants.
Jean-Pierre Serrus, maire, de la Roque d’Anthéron, vante les bénéfices de cette action. S’il préfère garder le terme de village, plus humain et chaleureux que celui de « petite ville », il a pleinement bénéficié de l’appui des services préfectoraux qui ont mobilisé des compétences nombreuses et variées pour faire un diagnostic de la cité et aiguiller la commune vers des sources de financement nouvelles. Nouvelles pratiques de développement durable, animation du centre villageois, développement de l’élevage, valorisation des ressources locales, de la nature et du patrimoine, construction de logements sont planifiés.
L’accompagnement qui se veut « cousu main » repose sur trois piliers :
- Un appui en ingénierie pour donner aux petites villes les moyens de définir et de mettre en œuvre leurs projets,
- Des outils et des expertises sectorielles pour identifier des financements sur-mesure et ciblés,
- L’accès à un réseau professionnel : le « club des Petites villes de demain », pour favoriser l’innovation, l’échange d’expériences et le partage de bonnes pratiques.