Reportée depuis deux ans, la deuxième édition des Rencontres des aéroports français et francophones se tenait au Palais du Pharo, à Marseille, du mercredi 29 juin au vendredi 1er juillet 2022. 520 professionnels du secteur participent aux interventions en plénière, des ateliers et à l’exposition pour réfléchir ensemble aux sujets actuels, les défis et les solutions de l’aviation du futur. Pourquoi à Marseille ? « L’aéroport de Marseille est passé en deuxième position des aéroports régionaux est et une porte d’entrée du monde francophone, notamment en Afrique » explique Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français et Francophones associés (UAF et FA).
En 2018 l’Union des aéroports français, un syndicat professionnel pour les aéroports français de toutes les tailles, publics, privés ou mixtes, a fusionné avec l’association des aéroports francophones. Les premières rencontres de cette nouvelle union se sont tenues en 2019 à Biarritz. L’année d’après, la crise sanitaire frappe le secteur et provoque une chute de trafic de 70% en 2020 et de 57% en 2021. Aujourd’hui l’industrie aérienne se retrouve en pleine période de reprise de trafic, notamment grâce au passe sanitaire européen.
Les Rencontres des Aéroports Français & Francophones sont ouvertes ! @aeroportmp#Aéroports #Evènement pic.twitter.com/KtS5Fvzou4
— L’Union des Aéroports Français (@uaf_aeroports) June 30, 2022
Le plus grand défis du secteur : le développement durable
« Deux tiers des Français ont déjà pris l’avion » dit Thomas Juin. Le transport aérien s’est démocratisé, mais « aujourd’hui on est un peu victime de notre succès » constate-t-il. L’utilisation exponentielle de l’avion pose problème car les avions circulent avec du kérosène et, selon des informations du parlement européen, sont sources de 4% des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE.
Mais le secteur est engagé à réduire les émissions. Le programme européen « Airport Carbon Accreditation » et le programme français « Engagements des Aéroports pour la sobriété énergétique et l’environnement » accompagnent 73 des 130 aéroports français sur une réduction de CO2 à long terme. Selon Thomas Juin le premier aéroport français qui atteindra le zéro émission net de carbone en 2050 sera Saint-Tropez La Mole.
« Ce qui manque aujourd’hui pour l’aviation est une politique publique»
Thomas Juin
En plus de ces engagements, l’aviation propose aussi une solution à court terme, techniquement déjà réalisable : le biocarburant (carburant d’origine végétale). « L’utilisation [exclusif] du biocarburant dans les avions permettrait une réduction des émissions de 80% », explique Thomas Juin. Mais il décrit deux grandes problématiques quant à cette solution : la quantité insuffisante pour servir tous les besoins et le prix, cinq fois plus élevé que le kérosène. « Ce qui manque aujourd’hui pour l’aviation est une politique publique qui puisse véritablement entraîner tout cela dans un processus cohérent par rapport aux accords de Paris » , réclame-t-il. De nombreuses autres solutions prometteuses sont encore en cours de développement, comme l’essence synthétique ou les avions électriques et hybrides.
Aéroports français : vers des pénuries de personnel
Le développement durable n’est pas le seul défi pour l’industrie aérienne. La pandémie montre actuellement ses effets à long terme. Philippe Bernand, président du directoire d’Aéroport Marseille Provence et vice-président de l’UAF & FA, ne peut pas accueillir les journalistes comme prévu ce matin, car il se trouve en pleine gestion de crise due à la grève qui se tient du 1 au 4 juillet à l’aéroport de Marseille. Plusieurs organisations syndicales réclament une hausse de salaires et une réorganisation des services face au redémarrage de l’activité aérienne.
« En Mai 2022 l’aéroport de Marseille a dépassé légèrement le trafic avant la crise en mai 2019 » précise Thomas Busser, directeur communication Aéroport Marseille Provence, mais avec 15% en moins de personnel, notamment dans le domaine de sécurité. Une baisse qui suffit à créer des tensions en pleine période de reprise de trafic, comme actuellement à Marseille, mais aussi à Rennes et Paris. Comment répondre à ce manque de personnel et comment rendre les métiers aéroportuaires plus attractifs ? « Il y aura sûrement des négociations par branche professionnelle et par aéroport, mais nous devons d’abord valoriser nos emplois et les conditions de travail que nous proposons » dit Nicolas Paulissen, délégué général UAF et FA.
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