Il aura donc fallu attendre deux semaines avant le scrutin du 26 mai pour qu’une tête de liste se rende, dans le cadre des élections européennes, dans les quartiers nord de Marseille. Sandra Regol, porte-parole du parti, et Yannick Jadot, tête de liste EELV, accompagnés de deux de ses colistières, Christine Juste (30e) et Mathilde Tessier (68e), sont allés, samedi 11 mai, à la rencontre des Marseillais. Lydia Frentzel, conseillère municipale (EELV) à Marseille participait également à cette journée de campagne tout comme Samia Ghali.
Samia Ghali : « Je suis politiquement Marseillaise »
La sénatrice, ancienne maire des 15e et 16e arrondissements, a d’abord souhaité accueillir le leader des Verts à la gare St Charles puis a accompagné la délégation tout au long de leur journée sur un territoire qu’elle connaît. « J’aimerai que tout le monde fasse de même. J’invite les autres à en faire autant. Si on veut que les gens s’intéressent à l’Europe, il faut qu’on s’intéresse à eux d’abord », explique Samia Ghali à Gomet’ avant de nous confier : « Je suis politiquement Marseillaise. Il faut accueillir ces personnalités nationales qui viennent à Marseille, dans nos quartiers, parler d’écologie. Cela ne veut pas dire qu’ils ont mon soutien pour les élections européennes. J’accueillerai toutes les personnalités nationales qui se rendront à Marseille, sans forcément les soutenir ».
Lors de cette journée, les Verts, visiblement ravis de la présence de Samia Ghali – « C’est formidable qu’elle nous ait accueilli et accompagné lors de ce déplacement », déclare Yannick Jadot – ont d’abord fait la rencontre d’acteurs culturels locaux qui ont transformé une ancienne friche industrielle en lieu de culture et de résidence d’artiste au milieu du massif de la Nerthe. Ils se sont ensuite rendus au marché de l’Estaque puis à « La Déviation », centre de recherche et de diffusion artistique (16e) en quête d’un financement participatif pour une rénovation.
Enfin, ils ont discuté des questions écologiques avec les habitants de la Savine avant de rejoindre leurs militants, pour une opération de tractage, sur le parvis de la gare Saint-Charles. Selon la dernière étude réalisée par Epoka et Harris Interactive, le parti EELV est crédité de 7% d’intentions de vote, derrière Les Républicains (13%), la République en marche (22%) et le Rassemblement National (22%).
« Marseille subit la précarité énergétique »
A l’issue de cette journée minutieusement organisée, Yannick Jadot nous confie : « C’était une très belle journée. J’ai pris beaucoup de plaisir à rencontrer les Marseillais. J’ai aussi pu constaté que Marseille subit la précarité énergétique dans certains quartiers ».
C’est notamment grâce aux échanges avec les jeunes de la Savine, que le chef de file des Verts a pu se rendre compte de cette réalité. Après lui avoir décrit leurs problèmes quotidiens sur le plan écologique – comme les mauvaises isolations de leurs habitations ou encore les factures énergétiques exorbitantes – ces derniers lui ont indiqué que par la force des choses, ils étaient « plus écolos que les écolos ». « C’est bien vrai !», plaisante Samia Ghali avant d’ajouter : « Ils n’ont pas de véhicules, ils consomment des produits locaux. Ils ont donné une leçon d’écologie à Jadot, d’une manière assez rigolote ».
Candidate sur la liste EELV et originaire d’Antibes, Mathilde Tessier s’est dite elle « attristée » par le cadre de vie de la population des quartiers nord. « Ils vivent dans des conditions de précarité énergétique et d’insalubrité qui sont vraiment déplorables. Il étaient extrêmement contents qu’on soit là. Plusieurs têtes de liste ont fait le déplacement à Marseille et ne sont pas allés les voir. Ils se sentent oubliés , désabusés et de ce fait, ils ont l’impression que l’Europe ne les touche pas au quotidien », nous explique-t-elle, sur le parvis de la gare Saint-Charles.
« L’Europe peut être utile pour ces quartiers »
Pour souligner l’importance de l’Europe dans ces quartiers, Yannick Jadot veut apporter des réponses et être au plus près de « ces familles et ces jeunes des quartiers nord qui sont touchés pas le mal-logement, le chômage et une mauvaise alimentation. Les plus pauvres d’entre nous sont les premières victimes de la crise écologique ».
Lors de cette journée, le candidat EELV et Samia Ghali sont également sur la même longueur d’onde sur ce qu’ils considèrent comme étant la « première source de pollution à Marseille » : les paquebots de croisière. « C’est au niveau européen que se décident les normes sur les bateaux, sur les navires, sur la protection de la mer », nous explique Yannick Jadot, avant d’insister : « L’Europe peut être utile pour ces quartiers et pour la Méditerranée, il faut voter pour des députés qui sont utiles et qui préparent l’avenir plutôt que de voter pour un passé disparu ».