C’est un chantier hautement symbolique dans lequel s’apprête à se lancer la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), structure créée en 2020 pour mener à bien la rénovation du centre-ville. En effet, la structure vient de lancer un nouvel appel à manifestation d’intérêt à l’attention des bailleurs pour rénover les immeubles 71 à 83 du haut de la rue d’Aubagne.
Il s’agit des immeubles situés au dessus de ceux qui se sont effondrés, le 5 novembre 2018, mettant cruellement en lumière le problème, trop longtemps délaissé, de l’insalubrité du bâti ancien en centre-ville. L’annonce de la rénovation prochaine de ces immeubles, très attendue des habitants du quartier, a été faite par le président de la SPLA-IN et vice-président métropolitain David Ytier, à l’occasion d’un point d’étape organisé jeudi 18 janvier, à l’espace accompagnement habitat de la rue de la République à Marseille (2e).
Cette fois, contrairement au précédent appel à manifestation d’intérêt, la SPLA-IN, qui regroupe des représentants de la Métropole Aix-Marseille Provence, de la Ville et de l’Etat, recherche un seul bailleur, « maximum deux » insiste son directeur Franck Caro. Il aura pour mission d’assurer le second œuvre, la première partie des travaux étant réalisée par la société publique directement. Si les architectes désignés débuteront les études dans quelques semaines, les travaux, eux, ne devraient pas démarrer avant 2025 et doivent durer jusqu’en 2027. Le choix du (ou des) bailleur(s) sera dévoilé au printemps 2024.
Un « tiers-lieu alternatif » sur la « Dent creuse »
Pour aller de pair avec la rénovation des immeubles, une nouvelle vocation doit être trouvée l’emplacement des numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne qui se sont écroulés ce 5 novembre 2018 et dont le trou béant laissant une « dent creuse. » Le numéro 67, qui les jouxte, a été également détruit par précaution, agrandissant le vide. La maire de secteur Sophie Camard, représentante de la Ville au sein de la SPLA-IN, imagine un « tiers-lieu alternatif » qui pourrait voir le jour dans le courant de l’année 2024, après plusieurs années de concertation avec les habitants du quartier et les familles des victimes.
SPLA-IN : « Faire de l’hyper-qualité »
Si la société publique d’aménagement s’attaque maintenant à cette réhabilitation, c’est que le processus d’acquisition des logements a été très long. L’Etablissement public foncier est intervenu afin de récupérer les immeubles concernés via des procédures à l’amiable mais pour la majeure partie (65%) en agissant en expropriation quand cela était nécessaire. « Nous n’avons pas eu le choix car dans certains cas les propriétaires étaient injoignables ou pas en mesure de vendre » explique Franck Caro, en aparté.
Sur la soixantaine de logements existants dans les immeubles concernés, une trentaine doit subsister. « Nous allons perdre en mètres carrés car on aère les logements. […] On va faire de l’hyper-qualité, on va retrouver des balcons, des logements traversants, qui font le charme de l’architecture marseillaise » ambitionne le directeur. Cette logique prévaut pour la rue d’Aubagne comme sur les autres logements acquis par la structure.
56 adresses acquises
La rénovation du bâti ancien n’est pas un long fleuve tranquille. Il s’agit « d’un chantier long et complexe » souffle David Ytier. Les représentants de la SPLA-IN défendent leur bilan, au bout de bientôt quatre ans d’existence du Projet partenariat d’aménagement (PPA) qui prévoit la rénovation des cinq ilots : « Ça a été quatre longues années de procédure … Jusqu’à présent, nous avancions en temps masqué. En 2024, il est temps pour la SPLA-IN de passer de l’ombre à la lumière », poursuit-il, en faisant référence aux différents chantiers qui vont être lancés cette année.
En plus des immeubles de la rue d’Aubagne, la structure lancera à l’été 2024 le chantier pour la rénovation de ceux de la rue Jean Roque, en bordure de Noailles à Marseille (6e), pour lesquels elle a déposé les permis de construire fin 2023. A ce jour, la Spla-In a acquis 56 adresses sur l’objectif de 182, répartis sur les cinq ilots prioritaires.
A l’automne 2024 suivront les premiers travaux dans les rues Joliette, Battala, Clovis Hugues mais aussi au 16 rue d’Aubagne. La société publique locale prévoit ainsi un total de 16 immeubles rénovés fin 2024, soit entre 80 et 100 logements. « 2024 sera une année de concrétisations. Nos concitoyens vont réellement prendre conscience des travaux. », se réjouit pour sa part le préfet délégué à l’égalité des chances Michaël Sibilleau. Plus tôt dans la journée, lors de ses voeux à la presse, le préfet de Région Christophe Mirmand, en charge de la bonne conduite du plan Marseille en grand, se montrait satisfait de l’avancée du travail : « Je salue l’action de la Spla-In. […] En matière de rénovation urbaine, on ne va jamais assez vite, mais c’est un travail qui ne peut se faire que sur le temps long », estimait-il.
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