C’était un des dossiers chauds du dernier conseil municipal de Marseille, dont la séance s’est tenue ce vendredi 4 novembre à l’espace Bargemon (2e). Face à l’augmentation du coût de l’énergie, et pour s’aligner sur les préconisations du président de la République, la majorité municipale vote elle aussi son propre plan d’efficacité énergétique – ou plutôt le volet introductif de ce programme de sobriété. « C’est une première étape qui se décline en cinq thématiques », indiquait mercredi, Joël Canicave (PS), l’adjoint marseillais aux finances. Cinq leviers identifiés par les services de la mairie, dont un transversal, qui ont donc vocation à réduire la consommation énergétique de la Ville. La majorité envisage en effet d’effectuer des économies sur l’éclairage public, sur la consommation des bâtiments municipaux, sur la mobilité des agents et sur le numérique. Elle va également encourager les pratiques vertueuses auprès de ses partenaires.
Sobriété énergétique : un premier volet en 5 thématiques
1. Éclairage public
2. Bâtiments publics
3. Mobilités des agents
4. Numérique
5. Relations extérieures
Le plan s’étoffera au fil des conseils, avec de nouvelles restrictions pour alléger la facture municipale. Il sert un objectif de 10% de réduction de la consommation globale d’énergie de la collectivité en 2023, puis 40% avant 2030 et 60% avant 2050. Lors de la prochaine séance, en décembre, un volet « dédié à l’eau » sera soumis aux voix, indique l’adjointe au maire Christine Juste (EELV). Un autre, orienté spécifiquement vers le numérique, sera également présenté. Pour l’heure, le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG), se dit satisfait des efforts engagés. Il appréhende tout de même la suite des évènements. « Nous devons avoir cette conviction que tout ce que nous faisons ne sera jamais assez ». En deux ans, la mairie se targue d’avoir économisé deux millions d’euros sur l’éclairage public, et prévoyait, en septembre dernier, un million d’euros d’économie cet hiver sur le chauffage de ses bâtiments.
Sobriété énergétique : les écologistes auraient préféré « une approche plus globale »
Au sein de l’hémicycle, le texte présenté par Benoît Payan est plutôt salué par les représentants des différents groupes, mais bien souvent avec un bémol. Et les remarques viennent de tous bords, y compris de la majorité municipale. « Nous aurions préféré à ce séquençage, une approche plus transversale et globale, intégrant d’entrée l’ensemble des dimensions de la sobriété », regrette par exemple l’adjoint EELV Sébastien Barles, membre du groupe écologiste et pluriels. L’élu marseillais espère qu’à terme, ce plan d’efficacité et de sobriété, dans sa forme finale, devienne « une véritable boussole ». Mais selon lui, « d’autres mesures sont nécessaires ». Il préconise notamment « un renfort important de ressources humaines (…) et une accélération des recrutements » au sein des services, notamment ceux en charge de la rénovation énergétique des bâtiments.
La droite pas totalement convaincue
De l’autre côté de l’hémicycle, le texte provoque quelques réticences. « On est dans la communication », soupire Julien Ruas (LR), qui en rajoute une couche sur les économies d’éclairage : « vous voulez plonger dans l’obscurité des zones déjà maintenues dans le noir ». Un peu plus au centre de l’assemblée, au sein du nouveau groupe divers droite “Ensemble pour les Marseillais”, les critiques vont également bon train. « Cette délibération n’apporte pas de mesures nouvelles », juge Aurore Bruna. « On s’attendait à quelque chose de plus audacieux (…) votre plan reprend les grands axes du plan de sobriété du gouvernement ». L’élue s’interroge même sur les réelles motivations de la mairie. « On a l’impression que le sujet est plus économique qu’écologique ». Elle remarque enfin, sourire en coin, que « le Printemps marseillais a attendu son troisième hiver avant de parler d’écologie ». Malgré ces réserves, Aurore Bruna annonce finalement que le groupe DVD votera en faveur de ce rapport.
Abstention de l’extrême droite marseillaise
L’extrême droite prend la balle au bond. Elle est représentée au conseil municipal à la fois par un groupe de conseillers issus du Rassemblement national, et par des élus de Reconquête. « Les Marseillais ont besoin d’éclairage pour se sentir en sécurité dans certains quartiers de Marseille », sourit Stéphane Ravier (Reconquête) après avoir, dans un premier temps, salué à contre cœur la démarche de la majorité. L’ex-RN regrette plus sérieusement que ce plan ait été présenté « de manière punitive », avant de conclure : « on passe de l’écologie à l’écologisme ». Un rang plus bas, Monique Griseti (RN) dénonce l’utilisation du terme “sobriété”, qui est pour elle « un néologisme gouvernemental ». Finalement, l’extrême droite est la seule à s’abstenir de voter. Le rapport est donc adopté à l’unanimité.
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