« Le temps est venu d’une clarification politique. » Le député Renaissance Lionel Royer-Perreaut (ex-Les Républicains) a annoncé la création de son groupe « Ensemble pour les Marseillais » ce vendredi 4 novembre au matin, à quelques minutes du début d’un nouveau conseil municipal. A ses côtés pour former ce groupe : Isabelle Campagnola-Savon (Horizons), Emmanuelle Charafe, Anne-Marie d’Estienne d’Orves – qui a remplacé Lionel Royer-Perreaut à la mairie du 9-10 – et Aurore Bruna. Un groupe de cinq élus divers droite « qui va évoluer dans les semaines à venir », promet Lionel Royer-Perreaut, l’œil malicieux.
Manquent en effet à l’appel d’autres soutiens pourtant affichés d’Emmanuel Macron au sein de l’hémicycle municipal, à commencer par la présidente de la Métropole et conseillère municipale d’opposition Martine Vassal, mais également le responsable d’Horizons à Marseille Bruno Gilles, ou encore le maire du 11-12 Sylvain Souvestre, qui confiait en mars dernier à Gomet’ ses hésitations à rester au sein des Républicains.
Une « troisième voie » face aux extrêmes
L’ex-maire du 9-10 l’affirme : son groupe n’a pas vocation à être réservé aux “Macron-compatibles”, mais est « un groupe divers droite », qui se veut être « une troisième voie » face à la montée des extrêmes. En effet, pour justifier la création de ce groupe, Lionel Royer-Perreaut met en avant un rapprochement de la droite et de l’extrême-droite au sein de l’hémicycle. « Je le dénonce depuis 2020 (“LRP” avait pensé se présenter en concurrent de Guy Teisiser lors de la séance d’installation du conseil en juillet 2020 avant de renoncer au dernier moment, NDLR), mais c’est devenu de plus en plus criant » estime le député Renaissance, qui fait notamment référence au soutien apporté par Reconquête au candidat LR Frédéric Guelle face à Anne-Marie d’Estienne d’Orves pour prendre la succession de Lionel Royer-Perreaut à la mairie du 9-10.
S’il est prévu que le groupe « Ensemble pour les Marseillais » soutienne la majorité du Printemps Marseillais dans l’application de politiques présidentielles telles que le plan Marseille en grand, il réfute une approche purement macroniste, comme le démontre l’intervention d’Aurore Bruna dans l’hémicycle sur le rapport présenté par le Printemps Marseillais concernant la sobriété énergétique : une série de mesures jugées « tout juste calquées sur celles du gouvernement » juge-t-elle ainsi. « L’objectif était surtout de montrer l’insuffisance des mesures prise par une mairie qui se veut écologique », tempère Lionel Royer-Perreaut, « mais cette intervention est également la preuve que nous ne sommes pas un groupe macroniste », poursuit-il.
Alors que les Républicains s’apprêtent à élire leur nouvel exécutif, le nom du futur élu pourrait faire pencher la balance pour certains entre le centre droit et l’extrême-droite. A nouveau interrogé par Gomet’ en marge du conseil municipal de ce vendredi 4 novembre, le maire du 11-12 Sylvain Souvestre affirme être toujours membre des Républicains et n’a pas prévu, pour l’heure, de rejoindre le groupe fondé par Lionel Royer-Perreaut, bien qu’il adopte lui-aussi une approche consensuelle et pacifique des rapports politiques. « J’attends de voir ce qui va ressortir des élections internes au niveau national », confie-t-il.
Malgré cette nouvelle scission au sein de la droite locale, Lionel Royer-Perreaut dit ne pas souhaiter pas une rupture totale : « Catherine Pila (présidente du groupe de droite, ndlr) est mon amie, elle le restera. Elle accepte notre décision et nous continuerons à dialoguer », affirme ainsi le député Renaissance.
Un timing qui interroge
Côté LR et Horizons, le timing de cette annonce interroge. « Lionel Royer-Perreaut a envoyé un message sur notre groupe hier (jeudi 3 novembre, ndlr) pour nous prévenir de la création de ce groupe. Nous nous y attendions, depuis son ralliement à Emmanuel Macron, mais c’est un peu surprenant de faire cela à l’approche d’un conseil municipal assez calme comme celui-ci, en pleines vacances. Mais nous respectons sa décision », relate pour sa part Sylvain Souvestre. Il est vrai que les rangs LR était largement dégarnis ce vendredi 4 novembre, y compris le siège de Martine Vassal, elle aussi soutien d’Emmanuel Macron, mais absente lors du conseil.
Contacté par Gomet’, le responsable d’Horizons au niveau local Bruno Gilles, ancien sénateur LR et candidat dissident aux dernières municipales à Marseille, réagit également à la création du groupe « Ensemble pour les Marseillais » : « C’est un peu étrange, à trois ans des élections municipales. L’heure est plutôt au rassemblement qu’à la division si nous souhaitons gagner. La présidentielle viendra après. Il ne faut pas se tromper d’élection… » prévient-il. Il interroge également sur l’utilité du nouveau groupe : « Je ne vois pas l’intérêt. Il n’y a pas de réelle différence sur le fond dans les opinions politiques », estime-t-il.
« Je me sens très libre »
Lionel Royer-Perreaut
Bruno Gilles (Horizons) se rapproche du groupe « Une volonté pour Marseille »
D’ailleurs, pas question pour l’ex-maire de secteur du 4/5 de rejoindre les rangs de Lionel Royer-Perreaut, et pour cause : Marine Pustorino (Horizons) et lui-même envisagent de rejoindre très prochainement le groupe dirigé par Catherine Pila, dont ils étaient indépendants jusqu’à maintenant. Bruno Gilles ne nie pas une volonté de se positionner à l’approche des municipales de 2026 : « Cela permettra d’officialiser une situation de fait, puisque nous votons généralement avec eux », explique-t-il.
La mise en cohérence vaut pour toutes les assemblées
Lionel Royer-Perreaut
La question se pose maintenant : Lionel Royer-Perreaut réitèrera-t-il l’opération en créant un groupe au sein du conseil métropolitain, où la droite est actuellement majoritaire ? « J’aviserai lors de la prochaine séance, mais la mise en cohérence vaut pour toutes les assemblées. Je ne vois pas pourquoi il y aurait une clarification en conseil municipal et pas dans les autres assemblées … », répond l’intéressé à Gomet’, qui évoque cependant des rapprochements avec d’autres groupes plutôt que la création d’un groupe ex-nihilo. Il faudra donc patienter jusqu’à la mi-décembre, date du prochain conseil métropolitain, pour en savoir plus. « Je me sens très libre », conclut tout sourire le député et nouveau président de groupe, ce qui n’est pas sans rappeler la démarche entreprise par Renaud Muselier, lui aussi ex-LR ayant pris le large… Renaud Muselier avait d’ailleurs très ouvertement félicité Lionel Royer-Perreaut en 2020 au soir de la victoire de ce dernier dans la mairie des 9e et 10 arrondissements : « Il y a un homme qui se dégage, c’est Royer-Perreaut le maire du maire du 9-10 qui a été élu dans un secteur qui n’est entaché d’aucune tricherie et qui est susceptible de fédérer. » De là à imaginer une alliance entre les deux hommes en vue des prochaines échéances…
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