Après avoir consacré en 2023 la première exposition monographique d’envergure à l’artiste Baya au Centre de la Vieille Charité et en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe, la Ville de Marseille prolonge la mise à l’honneur de cette artiste hors norme avec l’acquisition d’une céramique et le prêt de longue durée de 28 œuvres issues d’une collection privée. L’ensemble de ces nouvelles œuvres viennent enrichir les fonds du musée Cantini, qui comptent déjà trois gouaches de grand format de Baya.
La sculpture polychrome nouvellement acquise ainsi qu’une sélection d’une dizaine d’œuvres du prêt sont exposées dans les salons d’entrée du musée depuis le 11 février. Les œuvres de Baya sont visibles au rez-de-chaussée du Musée Cantini depuis le mardi 11 février et jusqu’au 20 avril 2025. L’accès à cette exposition, comme à l’ensemble de la collection permanente du Musée Cantini, est gratuit.
Baya, de son vrai nom Fatma Haddad, épouse Mahieddine, née le 12 décembre 1931, près de Bordj el Kiffan et morte le 9 novembre 1998 à Blida, est une peintre algérienne, qui signe ses œuvres de son prénom usuel. Source Wikipedia.
Les Musées de Marseille sont désormais le lieu de référence pour la préservation, l’étude et la valorisation de Baya en Europe se félicite la mairie qui a célébré l’événement en présence du maire Benoît Payan lundi 24 février au musée Cantini.
« Ces nouvelles acquisitions et ce dépôt s’inscrivent dans l’engagement des Musées de Marseille en faveur des artistes méditerranéens et méditerranéennes dans l’histoire des 20e et 21e siècles » explique le directeur des musées de la Ville Nicolas Misery.
Musée de Marseille : un rééquilibrage de la ligne éditoriale
Les Musées de Marseille ont instauré une politique d’acquisition ambitieuse au sein de leurs collections explique la mairie. Le budget dédié aux acquisitions a triplé au cours de l’année 2023, le portant à 600 000 euros par an soit « l’un des budgets les plus importants de France pour une collectivité territoriale. affirme la Ville. La direction des musées de Marseille a déterminé plusieurs axes prioritaires qui guident le choix des acquisitions, dans chacun des établissements du réseau muséal, avec une priorité, outre les artistes méditerranéens et méditerranéennes dans l’histoire des 20e et 21e siècles » pour des œuvres liées à l’Histoire et l’histoire de l’art de Marseille.
En 2023, plus de 155 000 visiteurs ont visité l’exposition « Baya. Une héroïne algérienne de l’art moderne » qui s’est ainsi hissée à la 30e place des expositions les plus visitées de l’année. La première rétrospective de son œuvre en dehors de l’Algérie avait été organisée à Marseille en novembre 1982, au Musée Cantini, et a constitué un moment important de sa reconnaissance internationale. À cette occasion, Baya avait fait don au musée d’une gouache de grand format, Femmes et cithare (1966), œuvre majeure qui reflète le nouvel épanouissement de sa création à partir du milieu des années 1960. Deux autres gouaches, Grande viole entre deux bouquets (1966) et Instruments de musique (1974), sont acquises par le Musée Cantini du vivant de l’artiste.
Et d’expliquer : « En matière d’art moderne et contemporain, les Musées de Marseille souhaitent s’engager en faveur d’un rééquilibrage des collections patrimoniales marseillaises pour accorder une place plus importante aux artistes de la Méditerranée et aux femmes artistes, longtemps peu soutenues par les institutions françaises et internationales. La Ville de Marseille apporte également son soutien à des artistes émergents engagés afin de les aider dans le développement de leur carrière en acquérant certaines de leurs œuvres. »
Baya peinte et sculptrice : la présentation du Musée Cantini
« Le monde formel de Baya, d’une remarquable inventivité, puise aux sources multiples des cultures berbère, musulmane et arabo-andalouse. Les variations autour de figures rêvées de femmes aux coiffes et aux costumes fastueux, qui habitent son œuvre dès les années 1940, se mêlent à une végétation luxuriante, peuplée dans ses gouaches d’oiseaux à l’œil oblique et d’un foisonnement de signes, dans une quête d’harmonie.
Après une décennie de retrait, consacrée à sa famille dès son mariage en 1953 avec le musicien El Hadj Mahfoud Mahieddine, Baya réinvestit le champ de l’art, encouragée notamment par Jean de Maisonseul, peintre, architecte et directeur du Musée national des Beaux-Arts d’Alger, qui acquiert et expose plusieurs de ses œuvres anciennes en 1963. Elle introduit à partir du milieu des années 1960 le motif des instruments de musique, dans de plus vastes formats. L’efflorescence de ses peintures de la maturité, aux couleurs intenses, témoigne du plaisir perpétuel de créer et d’une réinvention constante de son œuvre.
À l’été 1948, Baya séjourne à Vallauris
Baya aimait « commencer par la terre». Le modelage de l’argile, dès l’enfance, accompagne ses dessins et ses recherches picturales, stimulant sa créativité. Ses terres sculptées, dont certaines sont présentées dès 1947 à la galerie parisienne d’Aimé Maeght lors de sa première exposition personnelle, donnent forme à un bestiaire chimérique, parfois associé à des figures féminines. À l’été 1948, Baya séjourne à Vallauris et perfectionne sa technique dans l’atelier de céramique Madottra.
La redécouverte très récente de sculptures fragmentaires en terre cuite polychromée, longtemps pensées disparues, permet de remettre à l’honneur le travail de sculptrice de Baya. Certaines de ces œuvres sont exposées pour la première fois au musée Cantini, au terme d’un travail de restauration qui en a restitué la plénitude des volumes, la lisibilité et la finesse.Leur conservation au sein des musées de Marseille donnera lieu à une étude approfondie du processus de création et de la matérialité de ces sculptures, largement inédites et dont la datation n’est pas toujours connue. » (Extrait de l’exposition Baya à Cantini).
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