Après l’Afrique, Messibat International espère imposer ses techniques de construction durable à Marseille. Créée à Marseille en 2008 par Messina Guikoume, jeune ingénieure franco-camerounaise diplômée de l’École supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment de Manosque, la société s’est depuis développée en Afrique de l’Ouest et centrale. Des filiales ont été créées en 2016 au Cameroun, l’année suivante en Côte d’Ivoire et récemment au Togo. « Les besoins de ce continent sont énormes. Il n’est pas encore très sensibilisé aux enjeux écologiques alors qu’il est certainement le plus touché », explique à Gomet’ la dirigeante. Messibat international construit des maisons individuelles, des hôtels, des chantiers de construction avec des matériaux durables comme la pierre, l’argile, le bois, le bambou et certainement son préféré : la terre crue.
Un démarrage de la production espéré en février prochain
Les briques en terre crue sont l’un des matériaux de base des réalisations de Messibat International. Aussi, la société a conçu des machines pour fabriquer facilement les briques auto-bloquantes ainsi que des murs en pisé préfabriqués. « Elles sont mobiles. On peut très facilement les déplacer sur les chantiers de nos clients », explique Messina Guikoume. Mais pour servir le marché marseillais, elle souhaite se doter d’une usine de production. Pour l’instant, l’endroit exact n’est pas fixé. Messibat recherche 500 mètres carrés dans le 15e arrondissement de Marseille. « Nous avons plusieurs contacts avancés mais rien n’est encore signé », prévient-elle.
La société a besoin de 250 000 euros pour mener son projet à bien. Elle prévoit de faire un prêt bancaire et a déposé des demandes de subventions auprès de l’Ademe et de la Région Sud. « Tout peut aller très vite et on espère lancer la production en février », avance la patronne. Finaliste du dernier concours Med’Innovant et labellisé par la Fondation Solar Impulse, Messibat International est déjà en contact avec plusieurs clients locaux dont Euroméditerranée qui teste actuellement la terre crue. « Mais pour l’instant, son utilisation reste rare contrairement à d’autres villes comme Grenoble ou Toulouse. Il va falloir sensibiliser les acteurs pour la démocratiser », souligne Messina Guikoume.
Messibat veut toucher directement les collectivités
En Afrique, son business est plutôt bien développé. La société réalisait un chiffre d’affaires proche du million d’euros avant la crise Covid mais l’épidémie a sensiblement ralenti le marché faisant tomber son activité à 300 000 euros l’an dernier. Messibat réalise beaucoup de maisons individuelles pour des membres de la diaspora africaine installés à l’étranger. Mais la société a également remporté de jolis contrats avec de grands groupes comme Total, Bolloré, la Société Générale… Aujourd’hui, Messibat emploie deux personnes à Marseille et une vingtaine en Afrique.
Dorénavant, elle s’attaque directement aux collectivités « qui commencent à prendre en compte l’impact environnemental de leurs projets », explique Messina. Elle est notamment positionné sur un appel d’offres au Togo pour la construction d’un nouvel éco-quartier. « Pour y répondre, nous nous sommes associés avec d’autres entreprises marseillaises comme Tysilio et bamboo for Life », précise-t-elle. A Marseille aussi, elle souhaite sensibiliser les collectivités et notamment la mairie. « Notre solution écologique pourrait répondre à leurs besoins sur le plan de rénovation des écoles et du logement indigne. »
Liens utiles :
> Marseille : une charte de la construction intenable ?
> [Expertise] Envirobat : « Écoconstruction : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »
> Bâtiment durable : Aix Marseille Provence veut donner l’exemple