L’avenir incertain des conseils de territoire
Issus des anciennes intercommunalités, les conseils de territoires sont une particularité unique à la Métropole Aix-Marseille Provence. Initialement, le loi Notre prévoit leurs disparitions progressives mais aujourd’hui, de nombreux élus refusent cette évolution. « Les conseils de territoire sont des outils de politique publique nécessaires. Ils permettent aux plus petites communes d’être en prise directe avec la Métropole », insiste Sophie Joissains. Et les élus de droite ne sont pas les seuls sur cette ligne. En juin dernier, trois sénateurs LR (Stéphane Le Rudulier, Valérie Boyer et Patrick Boré) se sont alliés à l’ancien président PS du Département Jean-Noël Guérini pour déposer un amendement permettant de doter les conseils de territoires d’une personnalité morale. Le texte a finalement été rejeté : « car le gouvernement est formellement contre cette possibilité », explique Guy Benarroche. Le sénateur PCF Jérémy Bacchi est également pour le maintien des conseils de territoire : « Ce serait une bêtise, estime-t-il. Car beaucoup de petites communes n’ont pas les moyens financiers ou humains pour assurer des compétences de proximité et elles ont besoin de cet échelon pour les aider ».
Un argument qui ne tient pas pour Guy Benarroche : « Il ne faut pas confondre la métropole administrative et l’objet politique. Dans les faits, ce sont toujours les mêmes personnes qu’avant la Métropole qui exercent les missions de proximité au plus près des populations et des élus. Si on supprime les conseils de territoire, le personnel et les services resteront physiquement proches des territoires », explique-t-il.
A Marseille, la position est plus souple. Si Sophie Camard penche davantage pour une disparition pure et simple des conseils de territoire, l’élue marseillaise reste ouverte à plusieurs possibilités. Ainsi, un deuxième scénario se profile si aucun consensus ne se dégage sur les conseils de territoire : la création d’un conseil de territoire uniquement composé de Marseille. Un compromis qui pourrait satisfaire la majorité et qui pourrait facilement être mis en place : « Un simple décret du Conseil d’Etat suffirait à modifier le périmètre », explique Guy Benarroche.
Maryse Joissains à Martine Vassal : « Je te demande une dernière fois de respecter ce pourquoi tu as été élue »
Cette astuce permettrait même à Martine Vassal de trouver un compromis avec le gouvernement avec la possibilité d’un changement de nom. Exit les conseils de territoire qui pourraient laisser la place aux « bassins de vie ». Si la structuration de ces derniers reste largement à préciser, cette possibilité provoque la colère de Maryse Joissains. Dans un courrier au vitriol, la maire démissionnaire d’Aix-en-Provence n’a pas manqué d’interpeller Martine Vassal : « Tu t’es engagée à considérer le couple commune/territoire comme étant légitime. Tu es même allée très loin en parlant de redonner aux territoires leur personnalité morale… Je te demande une dernière fois de respecter ce pourquoi tu as été élue », écrit-elle visiblement inquiète de la tournure de cette réforme. Le ton de la lettre est volontairement menaçant. Celle qui est toujours présidente du Pays d’Aix n’hésite pas à attaquer de front son « amie » : « Le bruit court que la solution proposée par Emmanuel Macron aurait été préconisée par ton entourage, si c’est le cas, vous allez être responsables de l’effondrement financier des territoires et de celui de toute les communes », prévient-elle.