Quel avenir pour le territoire régional ? Il aura fallu deux ans (2016 à 2018) pour fixer les grandes orientations du Sraddet. Derrière ce nouvel acronyme, pas très simple à prononcer, il faut comprendre : schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires. « J’ai voulu faire de ce schéma, l’opportunité d’une grande concertation pour obtenir un diagnostic des territoires de notre région », a déclaré Renaud Muselier, président de la région Sud, à l’occasion de la présentation, lundi 1er octobre.
Obligatoire, prescriptif, intégrateur, ce document d’orientation constitue une occasion de bâtir un nouveau modèle d’aménagement du territoire en coordonnant l’action régionale dans onze domaines définies par la loi Notre, à moyen et long termes (2030 et 2050) : lutte contre le changement climatique, gestion économe de l’espace, pollution de l’air, implantation d’infrastructures d’intérêt régional, protection et restauration de la biodiversité, intermodalité des transports, prévention et gestion des déchets, équilibres des territoires, désenclavement es territoires ruraux habitat et maîtrise et valorisation de l’énergie. Le Sraddet, surnommé le « schéma des schémas », au sens où il s’impose aux autres documents de planification et d’urbanisme (Scot, PLUi…) veut permettre de résorber définitivement toutes les fractures dont souffre la région : fracture territoriale, économique, sociale, numérique, environnementale… « C’est un outil de lutte contre l’enclavement de certains territoires », a précisé Renaud Muselier.
Une région mobile
La Sraddet de la Région Sud, le premier de France, a été élaboré suivant un fil rouge : le développement durable et la croissance verte, comme un écho à « Une Cop d’avance » pour donner du sens à l’action de l’institution. Suivant l’un des « onze commandements », le schéma permettra, par exemple, d’optimiser la gestion des déchets. « Notre objectif est de réduire de moitié la quantité de déchets du BTP mis en décharge et d’atteindre 70% de valorisation d’ici à 2025 ». Un défi que la Région compte relever grâce à l’aide de l’Union européenne. Focus également sur le logement. Outre la rénovation énergétique, l’ambition est d’en construire 30 000 par an, dont 50% abordables pour les jeunes actifs. Autre axe de travail : la reconquête des centres-villes pour une meilleure gestion de l’espace disponible. « Nous avons trop souvent fait le choix de la facilité en créant de nouvelles zones d’activités (1250 en région). Nous allons donc diviser par deux le rythme de consommation d’espaces à l’horizon 2030 pour préserver 85% des territoires en ‘trame verte’ », poursuit le président de la région Sud.
L’un des enjeux de cette nouvelle stratégie territoriale reste la mobilité. Objectifs : des transports publics fluides tout en relevant le défi environnemental. Cela passe par un développement de l’offre de transports pour inciter les automobilistes à moins prendre leur voiture. La réalisation de la liaison Est-ouest à Avignon (LEO), le contournement d’Arles ou encore la liaison Fos-Marseille sont autant de projets de longue date qui visent à décongestionner le trafic, inscrits dans le Sraddet. L’ambition est aussi d’aménager 1500 kilomètres de voies cyclables d’ici à 2025. Le défi de la mobilité passe également par le rail, et la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur – dont la ministre des Transports a confirmé l’engagement de crédits de l’Etat indispensable à la réalisation d’une telle infrastructure – entre dans cette stratégie. Pour tenter d’agir sur la qualité de l’air, on mise aussi sur le carburant vert comme l’hydrogène.
Des contradictions compatibles
Le préfet de région, Pierre Dartout, a insisté sur le travail collaboratif entre la Région et les services de l’Etat pour élaborer ce document « dans un souci de cohérence et d’unité ». A ce titre, il a formulé plusieurs mises en garde. La première : éviter de mettre en opposition les territoires les uns avec les autres. « C’est un jeu dans ce pays dont on a trop souvent tendance à nous plonger. Soyons vigilant à avoir les politiques publiques adaptées aux différents territoires. »
Le représentant de l’Etat a également mis en exergue les contradictions auxquelles sont parfois confrontées les politiques publiques. « Et il faut savoir concilier ces objectifs contradictoires ». A titre d’exemple, le développement économique notamment industriel n’est pas incompatible avec une politique de préservation de l’environnement de qualité. « Nous avons besoin d’industrie qui crée des richesses, des emplois, et nous avons aussi besoin de préserver la qualité de l’eau, de l’air, donc nous sommes contraints de tenir compte de cette contraction et de savoir la surmonter. »
Le préfet a insisté sur la nécessité d’avoir une politique des transports efficace. « C’est un enjeu considérable dans cette région où les transports collectifs, du fait des habitudes mais aussi de la géographie, ne sont pas suffisamment développer comme ils peuvent l’être dans d’autres régions françaises ». En la matière, il juge indispensable que la Région Sud « se positionne en tête pour son ambition en énergie propre ».
Dernier point de vigilance, pour le préfet Dartout : la raréfaction du foncier alors que paradoxalement il y a nécessité à construire du logement. Il faut pour lui savoir répondre à ces enjeux, pouvoir aussi construire, tout en prenant en compte la préservation des risques.
Le Sradett devra être voté en prochaine séance plénière, avant une enquête publique. Le document devra ensuite être approuvé par le préfet, à l’automne 2019, avant sa mise en œuvre.