Transformer le plastique non recyclable en carburant. C’est ce que propose Plastic Odyssey pour limiter l’impact des déchets plastiques dans la nature. Le collectif présentait sur le Vieux Port de Marseille les 19 et 20 septembre un bateau, « l’Ulysse », de six mètres fonctionnant au plastique transformé par un procédé de pyrolyse. A l’origine de ce prototype assemblé à Concarneau (Finistère) fait de récup’, de liège et de plastique recyclé, quatre hommes dont deux anciens élèves de l’Ecole de la Marine Marchande de Marseille. « La pollution vient des décharges sauvages et se déversent dans l’océan. C’est un peu comme un robinet d’eau laissé grand ouvert d’où coule, chaque minute, 18 tonnes de plastique et qui se déversent dans l’océan. On a donc voulu trouver un moyen de fermer ce robinet », raconte Simon Bernard, responsable de l’expédition.
Un tour du monde de 3 ans
Pour son carburant, Plastic Odyssey se sert actuellement en plastique chez ses partenaires Sarp Industries (Veolia) et Clarins. Mais pour accomplir sa mission de lutte contre les déchets plastiques, l’équipe voit grand et prévoit de construire un catamaran de 25 mètres de long à partir de janvier 2019, pour partir en tour du monde. « On va chercher des gisements de déchets là où on va aller. On les identifie avec des associations de lutte contre les déchets plastiques avec lesquelles on est en contact qui se chargent de rassembler des déchets pour nous », explique Benjamin de Molliens, membre de Plastic Odyssey. « En général ce sera plutôt des déchets sauvages aux abords des grandes villes côtières ».
Promouvoir des techniques de traitement des déchets plastiques
Le collectif ne va pas seulement collecter les déchets plastiques, il veut sensibiliser. « On va faire des démonstrations et faire en sorte que ça soit répliqué », déclare Simon Bernard. Le bateau sera en effet équipé de toutes les techniques que Plastic Odyssey développe au niveau du tri, du recyclage et de la pyrolyse. « Recycler et faire du carburant on sait faire mais ça reste dans des usines qui coûtent très cher et qui ne sont pas adaptées aux situations des pays les plus pauvres », explique Simon Bernard. « On va imaginer des systèmes à petite échelle, low tech (facile à construire et à réparer), qui coûtent le moins cher possible et en open source (sans brevet), de sorte à ce qu’elle soit adaptée, améliorée et répliquée ».
Créer de la richesse avec des déchets
Pour encourager les initiatives locales, Plastic Odyssey veut démontrer la rentabilité que ces techniques pourraient générer. « Si on arrive à montrer que ces déchets valent de l’or on va pouvoir faire naitre des petits centres de recyclage dans les pays les plus pauvres et donc créer de la richesse, de l’emploi en évitant que ces déchets finissent dans l’océan », espère Simon Bernard. En plus d’être moins polluant avec « 20% en moins de CO2 », le carburant issu de pyrolyse est assez fructueux « 1 litre d’essence ou de diesel pour 1kg de plastique ». Même chose pour le plastique recyclé qui profitera aux filiales locales.
Plastic Odyssey bénéficie de nombreux soutiens dans le monde de la mer – Patricia Ricard, présidente de l’institut Océanographique Paul Ricard et Roland Jourdain, navigateur – comme dans le monde politique – Brune Poirson, ministre d’État à la Transition écologique et solidaire est la marraine d’ « Ulysse ».
Le périple doit commencer en 2020 et partir de Marseille pour relayer la Méditerranée, l’Afrique, l’Amérique latine, les Antilles, l’Asie pacifique et le sud-est de l’Asie en un peu plus de trois ans. A l’issue, Plastic Odyssey compte se rattacher au port de Marseille. La Ville et les collectivités locales soutiennent d’ailleurs vivement le projet qui est chiffré à 10 millions d’euros. « S’ils arrivent à avoir 20-25% de mécénat, je pense qu’entre les collectivités et l’Europe nous pouvons apporter les 70-75% manquants », s’avance Robert Assante, adjoint au Maire de Marseille délégué à l’environnement.