Le système d’impact score, qui consiste à attribuer une note à un produit en fonction de sa qualité, de son empreinte carbone ou de sa provenance, s’impose de plus en plus sur le marché français. Notamment dans l’e-commerce. On le retrouve dans différents secteurs : alimentaire (NutriScore, Yuka), textile (éco-score), électroménager (étiquette énergie) etc.
L’écosystème mobilier, en revanche, ne disposait pas d’un tel outil de transparence… Jusqu’à ce que Camille Cousté et Grégoire Gérard décident ensemble de sauter le pas en créant à Marseille la société Eco Impact – avec un positionnement en BtoB. « On avait besoin d’un indicateur fiable et indépendant, et on s’est rendu compte que ça n’existait pas », nous explique la CEO Camille Cousté.
Cette Bretonne de 33 ans est également la fondatrice de l’enseigne locale Très.ecodesign, spécialisée quant à elle dans la vente de produits d’ameublement responsables. L’idée d’une étiquette “impact score” à destination du mobilier a germé, dans un premier temps, sur les étagères de cette boutique marseillaise. Début 2022, l’outil est devenu une entreprise à part entière.
L’étiquette Eco Impact s’est entourée de 35 partenaires
La société Eco Impact, basée rue des Amoureux dans le quartier de Vauban à Marseille (6e), emploie une équipe d’une petite dizaine de personnes, principalement des ingénieurs et des développeurs. En un an, elle a levé des fonds – non renseignés – auprès de BPI France, et fédéré une communauté de 35 partenaires, parmi lesquels Kataba, Tiptoe ou encore Drugeot Manufacture.
Ces entreprises se sont engagées auprès d’Eco Impact à fournir toutes les informations nécessaires à leur notation. Depuis le lancement du projet, plus de 200 scores ont été attribués. Eco Impact décerne une note allant de A à E, qui peut ensuite devenir un levier commercial pour la marque évaluée. Le score est calculé par un algorithme selon quatre critères principaux : conditions de travail, matière première, transport, durable & recyclable. L’idée étant de « prouver qu’on peut faire du beau et du bon à la fois ». Mais Eco Impact ne se contente pas de donner des bons ou des mauvais points.
« Eco Impact n’est pas qu’une simple note »
C’est à ce niveau que la comparaison avec le géant Yuka s’arrête. « On n’a pas le même modèle », clarifie Camille Cousté. Et pour cause, Eco Impact ne bénéficie pas encore des mêmes facilités administratives dont jouit l’application mobile française. Pour mettre un produit alimentaire sur le marché, la loi impose aujourd’hui de renseigner publiquement toutes les caractéristiques nutritionnelles.
Mais la réglementation est bien différente dans le secteur du meuble. « On est obligé de rencontrer le fabricant pour qu’il accepte de nous livrer ses infos, détaille Camille Cousté, on vérifie ensuite si c’est vrai. On se rend directement dans les usines, et on étudie le cycle de vie du produit ». Si la note n’est pas à la hauteur, Eco Impact propose un accompagnement à la marque – qui n’est pas obligée d’afficher le résultat. « On veut les aider à trouver des solutions pour progresser, et pour développer des produits plus responsables ». Un travail d’anticipation, presque de pionnier, car le cadre légal s’apprête à évoluer.
Eco Impact propose trois offres pour « piloter l’impact environnemental et social des produits » avec plus ou moins d’avantages et de services.
Une évolution du cadre légal à venir
L’essor des systèmes de notation est reconnu par la loi “climat et résilience”, votée en août 2021, dont un volet vise notamment à structurer clairement cette nébuleuse de scores. Dans le but notamment que certains d’entre eux deviennent obligatoire à l’affichage. Mais le décret d’application est encore à l’étude, et devrait entrer en vigueur d’ici deux ou trois ans. « Probablement en 2025-2026 », indique Camille Cousté. Soutenue par l’Ademe, sa société Eco Impact fait justement partie du groupe de travail monté par le gouvernement. Elle intervient notamment sur la partie technique, en fournissant à l’Etat des éléments chiffrés et des datas. « L’idée, c’est d’anticiper dès maintenant, et de s’aligner sur ce que la loi dit ».
En attendant, Eco Impact continue d’alerter les consciences, et « donne de la force à ceux qui font les choses bien ». L’entreprise marseillaise travaille en ce moment à développer son chiffre d’affaires, et à augmenter son nombre de partenaires « pour que le score se diffuse ». Elle envisage à terme de lancer sa propre application digitale.
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