La publication de notre interview d’un éboueur marseillais a réveillé la twittosphère. Les mots « écœuré » et « dégouté » côtoient les mots « honteux » et« hallucinant». Les révélations scandalisent les habitants d’une ville qui croule, depuis une dizaine de jours, sous les immondices.
Une réalité qui « fait mal »
Les grèves des éboueurs alimentent quotidiennement les discussions des passants, voisins, touristes. Beaucoup de Marseillais connaissaient les dessous du fonctionnement de cette profession syndiquée : le fini parti, les avantages, les arrêts de travail… Pourtant, Philippe Zichert, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, avoue : « Même si nous avions des doutes, quand c’est avoué, je crois que c’est pire ». Dans la même verve, Olivier Rovellotti, fondateur d’une agence numérique de gestion des données environnementales, lâche : « Rien de neuf mais ça fait mal. »
Donc le mec avoue se mettre en arrêt h24 pour rien, que tous ses collègues cumulent 2 tafs alors que c’est interdit, et ils font grève parce qu’ils veulent pouvoir continuer à faire tout ça impunément ? Et pendant ce temps-là la mer déborde de déchets…
— Clean my Calanques (@CleanMyCalanque) January 31, 2022
Pour sa part, Éric Akopian, le fondateur de l’association Clean My Calanques, créée en 2017 pour ramasser les déchets à Marseille, semble découvrir l’ampleur des faits. Lui, qui a rassemblé plusieurs milliers de citoyens en novembre dernier pour nettoyer les plages recouvertes de détritus, s’indigne : « Donc le mec avoue se mettre en arrêt h24 pour rien, que tous ses collègues cumulent 2 tafs alors que c’est interdit, et ils font grève parce qu’ils veulent pouvoir continuer à faire tout ça impunément ? Et pendant ce temps-là la mer déborde de déchets… ».
D’autres refusent encore d’y croire. « Allez Gomet’, dites-nous que c’est un faux papier », taquine un internaute. Richard Loyen, directeur général du syndicat des professionnels de l’énergie solaire Enerplan, s’y met aussi. « En première lecture, j’ai cru être tombé sur une interview du Gorafi [Ndlr : Média parodique du Figaro qui promulgue des fausses nouvelles] édition spéciale ordures à Marseille », ironise ce citoyen engagé.
Ce témoignage est hallucinant et révoltant pour les marseillais qui payent un service public dégradé depuis des décennies, avec une ville de plus en plus sale. https://t.co/06eARv8uMw
— Richard Loyen (@Richard_Loyen) February 1, 2022
Les Marseillais tentent de trouver des remèdes
Pourtant, il n’y a pas de bouc émissaire. Personne n’est visé à l’unanimité par les réseaux sociaux. Les internautes accusent à tour de rôle les éboueurs, les politiques, « le système Gaudin et Deferre » ou encore « les médecins » qui octroient les arrêts de travail à répétitions. « Mais qui sont ces médecins ? Moi avec 40 de fièvre, mon médecin refuse de me prescrire un arrêt… », se questionne une Marseillaise. Un autre répond : « Il faut que les politiques s’en mêlent et fassent faire des contrôles systématiques y compris des médecins complaisants. »
Chacun réagit à sa manière, trouve son mot à dire. Si la gestion des ordures est une compétence politique, celle de la Métropole Aix-Marseille-Provence, elle est aussi l’affaire des habitants. Les ordures amoncelées dévalorisent leur ville et compliquent leur quotidien alors qu’ils financent le service avec leurs impôts locaux, sous la forme d’une « taxe des ordures ménagères ». Malgré la mise en garde de Maxime, l’éboueur interrogé, pour qui la taxe serait bien plus onéreuse si la gestion des déchets tombait aux mains du privé, un internaute prend parti : « Les opérateurs privés seront peut-être plus chers mais mieux vaut un service rendu cohérent encadré et à la hauteur ! »
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