Avec le prototype “Onyro”, le paysage des services de restauration pourrait bientôt évoluer. Ipsum Tek, une entreprise du Vaucluse spécialisée en robotique, entamera la commercialisation de son robot serveur dans le courant de l’année 2024. Baptisé Onyro, le robot autonome est équipé d’un bras et de plateaux et sera capable d’accomplir diverses tâches telles que le service à table, le dressage, l’utilisation des ascenseurs et l’ouverture des portes.
Bernard Froment, d’ingénieur à entrepreneur robotique
Ipsum Tek est une start-up fondée en 2020 par Bernard Froment, formé à l’université d’Aix-Marseille en ingénierie électrique et électronique puis à Centrale Supélec à Paris où il obtient son diplôme d’ingénieur. Par la suite, Bernard Froment travaille pour diverses entreprises, dans l’automatisme des portails puis il fait partie de l’équipe de Blue Frog Robotic (Paris) qui élabore le robot Buddy, un robot d’assistance pour les enfants en situation de handicap. L’ingénieur décide en quittant sa dernière entreprise de mettre son savoir-faire au service de son propre prototype robotique, avec « l’idée de départ de créer un robot pour l’aider dans ses vieux jours » confie Magali Naudeix, responsable marketing et communication chez Ipsum Tek.
La start-up s’installe dans le Vaucluse, à Avignon, attirée par « un cadre de vie accueillant pour de potentiels futurs employés ». Elle se concentre sur la robotique de service, un secteur en vogue en Chine, où le robot Pudu, spécialisé dans le portage de plateaux, connaît un grand succès. « Notre avancée technologique réside dans la capacité d’Onyro à manipuler des objets grâce à son bras intégré » argumente la porte-parole de la société.
Onyro se trouve toujours en phase de conception. Le projet a pris forme avec un soutien initial de faisabilité de l’innovation de la BPI. Trois levées de fonds, dont un crowdfunding de 200 000 euros et des prêts provenant de six investisseurs, ont permis le lancement de la start-up. De plus, Ipsum Tek maintient ses liens avec les réseaux de business angels en Provence et à Paris. D’ici la fin de l’année 2024, la société vauclusienne aspire à recruter davantage pour former une équipe d’une dizaine de personnes dédiée à la conception des robots, toujours à Avignon.
La plupart des matériaux nécessaires à la fabrication du robot Onyro sont actuellement importés principalement de Chine et d’Allemagne. « Étant donné que le robot est actuellement à un stade de prototype, nous privilégions des approches simples. Nous n’en sommes pas encore à la phase de recherche de fournisseurs de matériaux en France, mais nous envisageons sérieusement cette possibilité. Notre objectif premier est de favoriser le travail en France autant que possible, cependant, pour l’instant, des défis liés aux coûts nous contraignent à cette démarche ». précise la start-up.
Onyro, “le petit bébé” d’Ipsum Tek veut répondre à la pénurie de main d’œuvre dans l’hôtellerie-restauration
En janvier, Ipsum Tek lance en première phase son logiciel de localisation, une partie du robot sur laquelle la start-up a déposé un brevet. Cette pièce permettra de localiser les appareils mobiles en intérieur à l’aide de caméras. « En cours de développement, nous avons réalisé que cette technologie pourrait avoir des applications au-delà des robots. Par exemple, ce logiciel pourrait être bénéfique pour les entrepôts logistiques, leur permettant d’optimiser leurs trajets et de suivre en temps réel les déplacements de leurs équipements » argumente Magali Naudeix.
Le robot Onyro, “le petit bébé d’Ipsum Tek” sera lui présenté le 12 mars 2024. Il cible principalement le secteur de l’hôtellerie-restauration. « Les restaurateurs font face à une rareté de main-d’œuvre, surtout pendant les périodes estivales dans une région touristique comme la nôtre. Onyro pourrait combler ce manque » soutient Magali Naudeix, se basant sur ses études de marché auprès des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration locaux.
Prévu pour être commercialisé entre 12 000 et 15 000 euros, Onyro sera principalement offert en location, avec un service de maintenance, de dépannage et de remplacement à environ 900 euros par mois.
Dans le futur, Ipsum Tek prévoit d’adapter son robot pour le secteur des maisons de retraite, des personnes handicapées et des individus restant à domicile. Consciente de l’appréhension que peut susciter un robot, la société souhaite d’abord intégrer et populariser Onyro dans des lieux publics. « Nous devons prendre la bonne direction, c’est pourquoi nous accordons une grande importance au design. Onyro n’est pas un robot humanoïde » souligne Magali Naudeix. Gardé confidentiel jusqu’à présent, Onyro sera dévoilé au grand public lors du prochain salon international Vivatech à Paris.
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