Députée de Marseille depuis presque 20 ans, Sylvie Andrieux ira-t-elle en prison ? Suite au rejet de son pourvoi en cassation ce mercredi 9 novembre, la parlementaire est définitivement condamnée à purger un an de prison ferme ( trois autres avec sursis), cinq ans d’inéligibilité, et à verser 100 000 euros d’amende.
Sylvie Andrieux est donc reconnue coupable de détournement de fonds publics, quelques 700 000 € de subventions régionales attribuées à des associations bidons des quartiers nord de Marseille, qui n’étaient que coquilles inactives, mais vrais relais de soutien électoral. Avec enrichissement personnel en faveur de certains bénéficiaires.
Elle n’était pas que députée socialiste à l’époque des faits (entre 2005 et 2008), mais également vice présidente du conseil régional de Paca, chargée de la politique de la ville.
Malgré ces procédures, engagées par l’agence nationale de lutte contre le trafic financier, Sylvie Andrieux parviendra, en 2012, à obtenir, de justesse, un quatrième mandat, en battant – sur les 13 et 14ème arrondissements – d’un cheveu (blond, naturellement), le nationaliste Ravier : 50,99% pour elle, 49,1% au FN.
Née le 15 décembre 1961 à Marseille, l’héritière fêtera prochainement son 55ème anniversaire. Diplômée de l’école de commerce, elle a divorcé de l’ex parlementaire Bacquet, pour épouser un patron de métallurgie de Cavaillon, Jean Paul Bouisse. Demeurant à Malmousque, cette ex-fabiusienne fut exclue du parti socialiste en 2013, alors qu’elle y avait adhéré à 15 ans à peine, en 1976. Elle dut aussi quitter la loge maçonnique du droit humain, en raison des poursuites judiciaires la visant.
Casque d’or
Ce clientélisme qui lui est fatal prend peut-être sa source dans ses premiers pas professionnels, à la Socoma, société coopérative de manutention, créée sur le port par son père André, un lieutenant très proche du maire Gaston Deferre et de la sénatrice Rapuzzi.
“Casquée d’or” (formule du Ravi, septembre 2010) aura beau déclarer aux magistrats n’avoir joué dans l’affaire qu'”un rôle équivalent à celui de la reine d’Angleterre”[propos rapportés par le canard enchaîné 18 août 2010], la députée de la troisième circonscription des Bouches du Rhône devra subir 12 mois de détention pour ces dépenses douteuses. A moins d’obtenir de la justice la pose d’un bracelet de contrôle.
Question soulevée par certains médias, envers celle qui aurait pu célébrer en juin prochain ses 20 ans d’appartenance au corps législatif : le palais Bourbon peut il tolérer qu’une marseillaise inéligible continue à voter les lois de la république ?! Même munie d’un bracelet de prisonnière ?
En réalité, assure récemment le Monde, ce mandat devrait rester vacant jusqu’au renouveler de l’Assemblée. Madame Andrieux l’abandonnant à moins de huit mois de l’échéance. Sans gloire ni trompette.