Les écosystèmes aquatiques du monde entier subissent une pollution plastique de plus en plus forte. Chaque année, entre 5 et 10 millions de tonnes de déchets plastiques arrivent dans les océans – et 80% de ces flux viennent du continent. Au fil des années et de la dérive, les bouteilles, emballages, bouchons etc. deviennent des microplastiques vecteurs de polluants. Ils peuvent être ingérés par les organismes vivants, notamment par l’homme. Depuis trois ans, le groupe Onet, basé à Marseille, s’associe à Fabrice Amedeo. Le skippeur et ancien journaliste souhaite mettre ses compétences nautiques au service de la communauté scientifique internationale à travers le projet “Ocean calling”.
Cette collaboration entre Onet et Fabrice Amedeo vise, selon l’entreprise, à accentuer nos connaissances en matière de pollution des aires marines, et à connaître l’impact réel des particules microplastiques (entre 1 micron et 5 millimètres) sur les océans – elles peuvent mettre jusqu’à 1000 ans à disparaître. Dans le cadre de cette association, le groupe marseillais finance un capteur océanographique embarqué sur le bateau du navigateur français – depuis 2016, son navire possédait déjà un capteur de CO², de température en surface et de salinité.
Deux fois plus de fibres de cellulose que de microplastiques
Une étude scientifique a été réalisée à partir des données collectées sur le voilier de Fabrice Amedeo lors du Vendée Globe 2020. Et les premiers résultats sont tombés ce mercredi 30 mars. L’analyse des 53 échantillons prélevés par le skippeur entre la France et l’Afrique du Sud révèle un diagnostic surprenant. Les eaux de surface de l’océan Atlantique sont deux fois plus polluées par les fibres de cellulose que par les microplastiques. « On pense que (…) ce sont des fibres issues du nettoyage des textiles, de la dégradation des filets (…) mais ça reste à démontrer », déclare Jérôme Cachot, professeur à l’université de Bordeaux, ce mercredi au siège d’Onet (9e).
Le scientifique ajoute, avec certitude cette fois-ci, que ces fibres de cellulose sont en grande partie « artificialisées avec des colorants, avec des additifs ». À l’instar des microplastiques, elles peuvent transporter des polluants toxiques, et être ingérées par des organismes vivants. L’étude scientifique montre également que l’océan Atlantique est davantage touché par la pollution plastique au Nord qu’au Sud, bien qu’on ne connaisse pas (encore) avec précision les régions sources de particules.
Suite de l’aventure entre Onet et Fabrice Amedeo
Le coût de la campagne de mesure n’a pas été dévoilé. Celui des capteurs non plus. Et la collaboration entre Onet et Fabrice Amedeo, qui dure depuis 2019, arrive à son terme en fin d’année. Mais le groupe marseillais n’exclut pas de reconduire son partenariat avec le navigateur français. « On a envie de continuer », confirme à notre micro Emilie De Lombarès, présidente de la société (1,9 milliard de CA en 2020). La prochaine course de Fabrice Amedeo, un aller-retour entre la France et l’Islande, se tiendra en juin. L’occasion pour le skippeur de collecter des données tout au Nord de l’océan Atlantique, une zone dont la concentration de microplastiques n’est pas encore chiffrée.
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