Mercredi 28 juillet, un docker interrompait violement la conférence de presse organisée par la Ville et le Grand port maritime de Marseille (GPMM). L’irruption inattendue de cet individu empêchait momentanément le chargement du convoi sanitaire à destination de la Tunisie (lire notre article à ce sujet). Nos images de l’altercation entre les élus et cet homme syndiqué à la CGT (confédération général du travail) ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Malgré la présence d’une dizaine de journalistes sur le quai de la porte 2C, certaines informations ont échappé aux caméras et aux micros fixes. Nos détails de cet incident qui interroge sur la gouvernance locale, en particulier celle du port, et les relations de ce dernier avec les autorités municipales…
Ce mercredi là, à 14 heures, nous sommes accueillis par deux attachés de presse de la Ville de Marseille. Les quelques journalistes des différents médias locaux se réunissent dans l’enceinte du GPMM, sur le quai d’embarcation des marchandises. Sur place, Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité, Michèle Rubirola, adjointe à la santé et Samia Ghali, adjointe aux relations méditerranéennes nous attendent. Les trois élus sont accompagnés du consul général de Tunisie, Ben Souissi Fahrat, et de plusieurs marins-pompiers de Marseille. Ce sont ces derniers qui ont rassemblé les fournitures (masques, gel, blouses…) pour le personnel soignant tunisien.
Le camion qui contient les 225 000 euros de matériel sanitaire est à l’arrêt sur le quai. On nous ouvre brièvement la porte arrière de l’engin afin que nous puissions prendre quelques photos du convoi. Même si la séquence se déroule en extérieur, tout le monde porte le masque. Journalistes et élus de la Ville sont priés d’enfiler un gilet jaune de sécurité. Au pied du bateau, le navire Salambo de la CTN (compagnie tunisienne de navigation), censé accueillir la marchandise sanitaire, les adjoints se tournent vers les caméras. Les journalistes tendent leur micro, la conférence de presse commence.
La séquence vidéo brutalement interrompue
Michèle Rubirola est la première à s’adresser aux journalistes. Lorsqu’une confrère demande aux trois élus qui est aux commandes de l’opération, Samia Ghali prend la balle au rebond. Au fil de sa réponse, nous distinguons une voix grave, encore lointaine, mais assez forte pour être captée par nos micros. Un homme est manifestement en train de discuter avec les attachés de presse, à quelques mètres sur notre gauche. « Vous arrêtez de filmer » – « Chut, chut ». Le ton monte. Nous ne voyons pas l’échange. Mais nous décidons, avant que Yannick Ohanessian ne prenne la parole, de faire quelques pas de côté, pour mieux embrasser la scène, pressentant que les choses allaient rapidement tourner au vinaigre. Et cela ne manque pas.
« Arrêtez tout ! Arrêtez de filmer ! », tonne ce docker dont nous découvrons le visage. Il réclame aux journalistes de stopper la séquence vidéo. Les attachés de presse de la Ville semblent dépassés par les évènements et ne parviennent plus à contenir l’individu. D’autant plus que d’autres dockers (environ cinq) se joignent à la partie. Les bras croisés, le visage fermé, ils approuvent l’attitude du trublion en chef. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la conférence de presse continue. Yannick Ohanessian s’entête à répondre aux journalistes, espérant sans doute que le docker finisse par la lâcher le morceau. « Vous arrêtez les caméras ou je les arrache de suite », tonne l’individu. Agacé que personne ne s’intéresse à ses protestations, il convertit sa menace. Le docker agrippe la caméra de BFMTV Marseille Provence, manquant de peu de la mettre à terre. Un geste grave qui met fin à la séquence.