« Vous n’êtes pas les bienvenus ici, vous n’êtes pas chez vous »
Désarçonnés, les trois adjoints au maire de Marseille essayent de créer le dialogue. « Vous êtes qui ? », lance timidement Yannick Ohanessian. « Vous, vous êtes qui ? », rétorque l’homme furieux. Lorsque l’élu en charge de la tranquillité publique se présente, le docker répond sans trembler qu’il « s’en fout ». Cet homme se présente finalement comme étant le « représentant du syndicat des dockers ». Hors de contrôle, il ne répond plus de rien. « Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous avez l’autorisation de qui pour filmer ? Moi je ne viens pas chez vous sans vous avertir ». Michèle Rubirola et Samia Ghali tentent elles aussi de calmer l’homme ; « Nous représentons le maire de Marseille », mais rien n’y fait. « L’exploitation, c’est pas le port, c’est les dockers […] vous n’êtes pas les bienvenus ici, vous n’êtes pas chez vous », lâche le fauteur de troubles. Ses collègues dockers somment la presse de couper caméras et micros. Nous prétendons obéir, mais la scène doit être captée. Nous continuons.
Un mano a mano perdu par la Ville
Tous les journalistes se regardent, éberlués. Mais qui fait la loi ici ? Un de nos confrères essaye même de calmer le jeu, expliquant au docker que la municipalité s’apprête à transmettre des fournitures sanitaires à un pays en grande difficulté, un pays où la mort frappe de plus en plus fort. L’homme, borné jusqu’au bout, refuse le dialogue et demande à tout le monde de quitter le port. Sentant que la situation échappe à la mairie, Yannick Ohanessian bombe le torse, presque nez à nez avec le docker. « Vous allez commencer par tous nous respecter monsieur », tonne l’adjoint. Il décide finalement de s’isoler avec l’individu. L’élu et le syndicaliste s’éloignent du groupe, disparaissant dans un immense hangar. « Mais il va où ? », s’agace Samia Ghali. La socialiste ne comprend pas la stratégie de Yannick Ohanessian. L’adjoint à la sécurité ne revenant pas, les journalistes et les deux élues sont évacués par le service presse de la Ville, sous le regard hostile des autres dockers.
Stupéfaits, les quelques journalistes quittent le quai. « La conférence de presse va continuer dehors, nous assure les attachés de presse de la mairie, désolé mais on doit sortir ». Les trois élus et le consul général de Tunisie nous rejoignent après plusieurs minutes. Yannick Ohanessian, dépité, n’a pas réussi à raisonner le docker. Michèle Rubirola prend la parole. « C’est scandaleux […] on va mettre au clair ce qui s’est passé, on avait les autorisations du port », déclare la première adjointe au maire de Marseille, encore sonnée par l’altercation. « J’interpelle le directeur du port de Marseille (ndlr : Hervé Martel), lance Samia Ghali au micro de La Provence, j’aimerais savoir si c’est lui le patron ou pas ». Sollicité par Gomet’, le GPMM n’a pas souhaité répondre et n’a, pour le moment, pas présenté publiquement ses excuses. Aucune réaction non plus du maire de Marseille, Benoît Payan.
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