Malgré l’ampleur de la tâche, le nouveau préfet à l’égalité des chances des Bouches-du-Rhône garde le sourire. Laurent Carrié a présenté sa feuille de route, copieuse, lors d’une conférence de presse jeudi 21 octobre aux côtés du préfet de Région Christophe Mirmand. Sa lettre de mission est particulière. Pour la première fois, le « Pdec » se retrouve en charge d’un grand plan de transformation de Marseille et sa métropole porté par le Président de la République. Pour son programme « Marseille en Grand », Emmanuel Macron a choisi d’installer à la préfecture un habitué des relations avec les collectivités territoriales. Précédemment à Matignon, Laurent Carrié a participé à l’élaboration de Marseille en Grand depuis le printemps dernier : « Je suis pragmatique et j’essaierai de trouver des solutions au cas par cas », avance-t-il.
Un homme de consensus pour négocier avec les collectivités
Nommé il y a tout juste une semaine, le nouveau préfet en charge de Marseille en grand aborde sa mission avec confiance. Laurent Carrié a déjà rencontré la présidente de la Métropole, Martine Vassal, et le maire, Benoît Payan, pour discuter des grands sujets avancés par le président de la République. « On est tous dans le même bateau avec la même volonté de réussir », assure-t-il. Nouveau venu à Marseille, il avance prudemment : « Il n’est pas question de tutelle, ni d’imposer quoique ce soit. C’est un partenariat », insiste-t-il. En clair, Laurent Carrié jouera les médiateurs entre l’Etat et les collectivités locales. Son rôle de préfet à l’égalité des chances est très fortement élargi. Il va travailler sur tous les sujets évoqués par le président de la République lors de son discours au Pharo début septembre : rénovation des écoles, mobilité, entrepreneuriat, développement de la filière cinéma, le projet Odysseo… Et bien sûr, la réforme de la Métropole Aix-Marseille Provence.
Vers une disparition des conseils de territoire
La remise à plat de la gouvernance métropolitaine est certainement le plus gros morceau de sa mission. « Elle est au centre de tout ce programme », souligne le préfet de Région, Christophe Mirmand. Et le délai de sa mise en œuvre est plus que resserré. La ministre de la cohésion des territoires Jacqueline Gourault revient lundi 25 octobre pour participer à la prochaine conférence des maires pour acter la répartition des compétences entre la Métropole et les communes. « On doit fixer un bloc de compétences dévolu à la Métropole qu’elle ne pourra pas déléguer aux communes, et les compétences de proximité seront rendues aux maires. On sera sur un menu qui sera le même pour toutes les communes. On ne peut pas avoir de géométrie variable », tranche Christophe Mirmand. Mais pour les plus petites villes, l’équation n’est pas aussi simple. Les communes de quelques centaines d’habitants n’ont pas les moyens de gérer eux-mêmes leur voirie, la propreté ou l’éclairage public. Aussi, le préfet propose de mettre en place « la possibilité de déléguer la gestion de certaines compétences des communes à la Métropole. Et non plus l’inverse comme c’est le cas aujourd’hui ». Si rien n’est encore arrêté, le représentant de l’Etat semble vouloir mettre un terme à l’existence des conseils de territoire. « Vous noterez que dans mon explication, je n’ai jamais utilisé ce terme. L’idée est de simplifier, pas de rajouter de la complexité », répond-il à la question du maintien de cet échelon territorial.
La loi 3DS pour répartir les compétences
La fameuse loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) qui doit acter un début de réforme de la gouvernance métropolitaine sera examinée par l’Assemblée nationale à partir du 3 décembre prochain. « Le gouvernement a commencé à travailler sur un amendement pour clarifier le fonctionnement de la Métropole », explique Christophe Mirmand. Et l’article devrait a minima écrire noir sur blanc les compétences relevant de la Métropole et celle des communes. La question des ressources financières de la Métropole interviendra dans un deuxième temps. Sur ce sujet, « le président de la République a sollicité l’appui de la chambre régionale des comptes pour objectiver les débats », rappelle le préfet de Région. A charge de la chambre donc de s’attaquer à l’épineux problème des aides aux communes qui pèsent si lourd dans le budget métropolitain. « L’idée est de dégager des marges de manœuvre pour financer les transports », répète le Préfet.
Le Préfet insiste sur le financement des transports pour les quartiers Nord
Sur le milliard d’euros annoncé par Emmanuel Macron pour les transports, le préfet à l’égalité des chances Laurent Carrié souligne la nécessite « d’aller vite car les crédits pour l’année prochaine vont bientôt être votés pour la loi de finances ». Il espère donc faire naître le fameux groupement d’intérêt public pour la mobilité métropolitaine avant la fin d’année. « L’urgence est d’arrêter la liste des opérations à financer », explique-t-il. Sur ce point, les points de vue entre l’Etat et la Métropole ne convergent pas encore. En conférence de presse le 14 octobre, Martine Vassal mettait en avant une dizaine de projets, « les plus avancés de ce que nous avons présentés dans notre liste au plan de relance ». Alors que le préfet rappelle la volonté du président de la République : désenclaver les quartiers Nord. « Les fonds de l’Etat iront sur cette priorité. Sur le tramway, par exemple, on veut rapidement aller jusqu’à La Castellane », déclare le préfet de Région. Pour rappel, le plan de déplacement urbain présenté par la Métropole n’envisage pas cette extension avant 2028 au mieux. L’Etat, lui, « espère aller plus vite », précise Christophe Mirmand.
Revoir la conférence de presse de Christophe Mirmand et Laurent Carrié
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