En venant à Marseille début septembre, le président de la République avait un rêve : réformer la Métropole Aix-Marseille Provence en six mois. Six semaines après sa venue, il est de retour comme prévu vendredi 15 octobre. A l’occasion d’une conférence de presse jeudi 14 octobre, Martine Vassal précise les cinq thématiques stratégiques qu’elle souhaite conserver en compétences métropolitaines : le développement économique, l’habitat, l’environnement, l’aménagement et bien sûr les transports.
Le Département perfuse les projets mobilités de la Métropole
« Toute notre politique part de là : la mobilité », résume Martine Vassal devant la presse à la tour La Marseillaise où siège la Métropole. Elle veut présenter une copie convaincante pour obtenir l’aide de l’Etat. La présidente de la Métropole se lance ainsi dans une liste des projets engagés : Bus à haut niveau de service (BHNS), pôles d’échanges multimodaux, voies réservées sur autoroutes… Autant de projets souvent co-financés par les communes, l’Etat, et surtout le Département : « Heureusement que le Département est là », ne manque pas de rappeler celle qui préside aussi le vaisseau bleu. Mais ce soutien indéfectible du conseil départemental à la Métropole souligne un peu plus l’incapacité de cette dernière à payer ses propres projets.
Un milliard possible et après ?
Martine Vassal attend beaucoup des annonces du président de la République. Elle discutera avec lui lors d’un dîner à la préfecture avec l’espoir d’une confirmation du milliard annoncé. Une somme non négligeable qui doit financer les projets mobilités prioritaires de la Métropole. En premier lieu, le remplacement des rames de métros marseillais. « Il va coûter 500 millions d’euros et permettra d’avoir plus de confort, de sécurité et du wifi pour les Marseillais », explique Martine Vassal. Ensuite, les subsides de l’Etat pourraient servir aux extensions Nord et Sud du tramway T3 entre la Castellane et La Rouvière. Ce prolongement est estimé à 580 millions d’euros. Voilà donc le milliard couvert. « Mais si nous obtenons la confirmation de l’aide de l’Etat et que nous la dépensons rapidement, le Président m’a dit qu’il était prêt à aller plus loin pour financer le reste », assure Martine Vassal.
Exit le tramway vers les Catalans
Et le reste a changé. Même si il apparaît toujours sur le plan (cf. ci-dessous), Martine Vassal semble avoir abandonné le projet de tramway entre la préfecture et les Catalans. « Si la Mairie n’est pas d’accord, nous ne le ferons pas », confirme un conseiller de la présidente de la Métropole. Le Printemps Marseillais a souvent exprimé son opposition au projet. Par contre, la ligne entre l’arrêt National et Capitaine Gèze traversant la Belle de Mai tient la corde. « Il me semble tout à fait utile à ce quartier », déclare Martine Vassal. De plus, ce tracé est soutenu par la majorité municipale de Marseille. Pour compléter les ambitions de la Métropole sur les transports, la Présidente renvoie au Plan de déplacement urbain qui doit être votée en assemblée d’ici la fin de l’année.
La difficile équation du coût des compétences de proximité
Pour l’heure, le soutien financier de l’Etat est encore en suspens. Le président de la République l’a conditionné à une profonde réforme de la Métropole. Et notamment un accord sur la répartition des compétences entre les communes et l’EPCI. Un consensus s’est dégagé sur les compétences à réserver à la Métropole. « Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement qui doit changer la loi », estime Martine Vassal. Elle fait référence à la loi 3DS qui sera examinée à partir du 3 décembre prochain à l’Assemblée nationale et pourra intégrer des modifications de la gouvernance métropolitaine. Reste à se mettre d’accord sur les moyens à faire redescendre aux communes pour gérer les compétences dites de proximité comme la voirie, la propreté, l’éclairage… En règle générale, avec ces compétences, les moyens de gestion suivent mais dans la Métropole Aix-Marseille Provence, cette règle est plus complexe. « Personne n’a jamais vraiment compris le calcul », avoue Amapola Ventron, la maire Génération écologie de Cabriès, présente à la conférence de presse au titre de vice-présidente en charge de l’environnement. Là est toute la complexité que doivent résoudre l’exécutif métropolitain et le gouvernement. Du côté du pays salonais, les maires de Salon-de-Provence, Nicolas Isnard et celui de Pélissanne, Pascal Montécot, proposent un retour des compétences de proximité « sans toucher aux attributions de compensation ». En clair, pas de modification de l’aide aux communes qui en contrepartie, récupère la proximité gratuitement. Pas sûr que cette proposition convienne à tous les maires, surtout à ceux qui profitent assez peu des rétributions de la Métropole.
Jacqueline Gourault en arbitre sur la loi 3DS
Pour l’heure, la question du système de financement des compétences et de la Métropole est encore loin d’être tranchée. En juillet dernier, la ministre de la cohésion des territoires Jacqueline Gourault a tenté de faire passer au Sénat un amendement pour les réduire progressivement et dégager de nouvelles ressources à la Métropole. Le texte a finalement été rejeté par les élus du palais du Luxembourg. Mardi dernier, à la conférence des maires de la Métropole, les élus du territoire ont rappelé leur attachement aux attributions de compensation proposant plutôt une augmentation de la taxe sur la mobilité (ce qui déclenche la colère des milieux économiques, voir la réaction ci-dessous de Jean-Luc Chauvin) et une reprise de la dette par l’Etat. Les propositions ne manquent pas mais le temps presse. Martine Vassal rencontre Jacqueline Gourault ce soir pour en discuter avant un retour de la ministre plus formel fin octobre. Idéalement, la présidente de la Métropole espère « avoir confirmation du président de son soutien pour les transports » sans attendre la réforme législative. Encore faut-il qu’elle parvienne à expliquer la position des maires de la Métropole qui reste encore floue.« On travaille beaucoup mais on est mauvais en communication », avoue-t-elle.
[Tout chaud] Le coup de gueule de Jean-Luc Chauvin après la proposition d’une hausse de la taxe transport dans la #Métropole d’Aix-Marseille 💬
— Gomet’ (@Gometmedia) October 14, 2021
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