Chaque année, le baromètre des notaires rend son jugement sur les ventes réalisées dans l’immobilier. L’occasion d’analyser les chiffres de la chambre départementale, qui sont ceux des ventes réalisées entre le 1er mai 2018 et le 30 avril 2019. L’édition 2019 ne bouleverse pas le paysage mais confirme des tendances lourdes, comme nous l’évoquions dans un article précédent.
Un marché du neuf sous perfusion fiscale
On note une stabilité du marché de l’ancien, tandis que le neuf enregistre une baisse significative de 10%. Ce marché du neuf se fixe à un prix médian de près de 4 000 euros, soit une fois et demie le prix de l’ancien, avec une progression de 3,4 % sur un an et de 13,7 % sur la dernière décennie. Les prix restent stables dans l’ensemble du département avec une augmentation du prix médian de 1,6 % pour les maisons neuves (305 000 euros en moyenne pour 90 m2) et une augmentation de 3,4 % pour les appartements (prix médian de 4 000 euros/m2).
Maître Ludivine Bellia-Fabre, notaire à Marseille note que « les Bouches-du-Rhône restent le département où les prix du neuf sont les plus élevés de la région. Le secteur d’Aix-en-Provence tient le haut de l’affiche (5 240 euros/m2), suivi de La Ciotat (4 800 euros/m2) ». Pour le président de la Chambre départementale des notaires, Maître Renaud Pinatel, « ce marché est surestimé, dopé par les réductions d’impôts. La preuve en est que la revente des mêmes appartements se fait à perte ».
A 4 000 euros du mètre carré, les traditionnels primo-accédants, souvent jeunes couples avec enfants en début de carrière, se retrouvent hors-jeu – un 80 mètres carrés dépassant facilement les 300 000 euros. Dans ces conditions, seuls les investisseurs jouant sur les dispositifs de défiscalisation sont acheteurs, et créent ainsi un marché artificiel ne correspondant pas à la demande, mais tirant les prix vers le haut. Ceci est particulièrement vrai dans les secteurs économiquement actifs où ces distorsions du marché incitent les familles à la recherche d’un logement toujours plus loin et moins cher, avec les inconvénients de transport et les coûts environnementaux que cela comporte.