C’est un espace ultra bétonnisé de 4500 mètres carrés en bord de mer. Héritage à l’abandon des constructions des années 80, la place de l’Honnêteté, à Marseille (8e) vient d’être relookée. La mairie de secteur, dirigée par Olivia Fortin (Printemps Marseillais) avait déjà engagé une concertation en 2023 avec les riverains afin de trouver un avenir à cette place.
Après plus de deux mois de travaux en lien avec la Soleam, la nouvelle place a dévoilé son nouveau visage fin juin. Il s’agit de la première étape pour tenter de redynamiser cette zone face aux plages du Prado et à la Marina olympique, longtemps laissée à l’abandon, qui englobe également la place Amiral Muselier et la contre-allée Pompidou. Ces deux espaces doivent aussi bénéficier d’aménagements, d’ici la fin de l’année.
Place de l’Honnêteté, l’objectif était avant tout de revégétaliser un espace très minéral. Les dalles en béton ont ainsi cédé la place à des espaces arborés, et des ombrières ont été installées. La Ville de Marseille, qui a engagé 400 000 euros pour ces aménagements, espère prochainement le retour des commerces qui avait délaissé la zone. Mais à la veille des Jeux olympiques, alors que se joueront pile en face de cet espace les épreuves de voile, ce bout de Corniche manque encore d’attrait. Ce qui lasse les riverains et les quelques commerçants encore présents.
Le long de la promenade Pompidou, les terrasses des restaurants en enfilade restent majoritairement vides. Les restaurateurs, déjà impactés par les longs travaux de la marina olympique juste en face, étaient justement en attente de mesures concrètes pour redynamiser l’espace. Face à ces demandes, la mairie de secteur prévoit aussi un relooking de la contre-allée Pompidou, où se situent les restaurants.
Les commerçants désabusés : « Après dix ans d’attente, l’espoir n’est plus là »
Mais les annonces optimistes de la mairie se heurtent au désespoir des quelques commerçants qui occupent encore la contre-allée Pompidou, à côté de la place Amiral Muselier, dont la plupart sont réunis au sein de l’association Prado Plage David. Déjà fortement impactés par les longs travaux de la Marina et le stationnement difficile dans le quartier, ces derniers craignent de devoir fermer le rideau si les collectivités ne les appuient pas.
Secrétaire de l’association et gérante du restaurant Dolce Vita, Lizzy Rahmaoui ne mâche pas ses mots : « Cette place Amiral Muselier, c’est la verrue du quartier. Avec la création de la piste cyclable sur la promenade et la réquisition du parking Essia pour les JO, il n’y a plus de stationnement. Nous faisons dix couverts le soir, contre 150 en 2021. Personne n’a envie de déjeuner ou dîner avec la vue sur la ferraille des travaux, que ce soit ceux de la marina ou ceux du Delta Festival chaque année … Après deux saisons catastrophiques en 2022 et 2023, c’est de pire en pire. » Et ce ne sont pas les projets fièrement brandit sur le site de la mairie ni la perspective d’un afflux de clientèle pendant les JO qui redonnent espoir à la jeune restauratrice de 25 ans : « Nous n’arriverons pas à rattraper le retard accumulé depuis toutes ces années… Sans aides de la Ville, de la Région ou de la Métropole, nous ne nous en sortirons pas. »
A quelques mètres de la Dolce Vita, la déconvenue est aussi de mise pour le dernier arrivé des restaurants de la contre-allée Pompidou, Exquizio. Avec sa façade aux tons pastels et dorés, ses fleurs artificiels rose bonbon, ses formules brunch le matin, « semi-gastro » le soir et ses près de 3000 abonnés sur Instagram, l’endroit semble avoir pourtant tout pour appâter le chaland. Mais après un mois et demi d’activité seulement, les clients ne sont pas au rendez-vous et, alors que l’heure du brunch approche ce mardi 23 juillet au matin, la terrasse reste désespérément vide. « Nous avons énormément communiqué sur les réseaux sociaux lorsque nous avons ouvert. Malgré cela, nous enregistrons en moyenne entre dix et vingt annulations par semaine. Ce n’est pas normal pour un restaurant qui vient d’ouvrir … Les clients nous disent qu’ils renoncent car ils ne savent pas où se garer » confie Kévin, le chef du restaurant. La situation ne devrait pas être facilitée par les Jeux olympiques, pour lesquels le stationnement le long de la contre-allée Pompidou est interdit depuis le 20 juillet et jusqu’au 9 août.
Les commerçants demandent aussi de longue date la fermeture de la contre-allée Pompidou, promise pour mai 2024, selon Lizzy Hahmraoui, mais qui, aux dires de la mairie, n’interviendra pas avant l’automne…
Bientôt un acteur éducatif sous la place Amiral Muselier
En contrebas de la place de l’Honnêteté, sa jumelle, la place Amiral Muselier, n’a pas encore trouvé sa nouvelle vocation. Mais cela ne devrait plus tarder. Contactée par Gomet’, la mairie du 6-8 nous informe qu’un « acteur éducatif déjà implanté à Marseille » devrait prochainement investir le sous-sol de la place, dans des locaux vacants depuis une dizaine d’années, pour y installer des salles de cours supplémentaires. La promesse de vente a déjà été signée et le rachat des locaux par cet acteur éducatif doit être finalisé à l’automne prochain. Jusqu’alors détenu par un particulier, cet espace en sous-sol abritait jusque dans les années 90 un aquarium. Problème : il rencontre encore aujourd’hui des problèmes d’étanchéité … Des travaux, à la charge du futur nouveau propriétaire, devront donc être effectués, précise la mairie de secteur.
A côté de cela, la mairie de secteur travaille à la redynamisation des commerces sur la place et prévoit des travaux de nature similaire à ceux effectués sur la place de l’Honnêteté. Malgré ces projets, il n’y a toujours pas foule sur la place aux airs de village fantôme. Sur les devantures des commerces donnant sur la place, des visuels collés aux vitrines doivent permettre aux potentiels commerçants intéressés de se projeter. La mairie affirme avoir ôté les déchets jonchant la place. Pourtant ils s’accumulent toujours, cachés derrière des palissades de bois, initialement installées pour bloquer l’accès à un ancien parking … La mairie de secteur précise que la présence de ces déchets résulte de jets sauvages et prévoit l’installation prochaine d’un filet pour les empêcher. Les JO qui ont démarré ce week-end accélèreront-ils la mue – ou le déclin – de ce quartier ?
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