L’élue Printemps Marseillais a fait sa première rentrée en tant que maire 6-8, le 7 septembre dernier. Initialement élue maire de secteur en mars 2020, Olivia Fortin avait en effet cédé sa place à Pierre Benarroche, au profit d’un rôle d’adjointe. Pierre Benarroche ayant démissionné en avril 2023, Olivia Fortin a repris les rênes de la mairie de secteur. Pour Gomet’, elle se livre sur son nouveau rôle de maire de secteur, projette les grands chantiers à venir, notamment avec les Jeux olympiques, durant lesquels le 8e arrondissement va être « au cœur de l’attention. » Elle livre aussi son analyse de la rentrée politique marseillaise, qui a débuté avec un conseil municipal agité, vendredi 15 septembre.
Comment vous sentez-vous dans votre nouveau rôle de maire de secteur ?
Olivia Fortin : Je suis hyper heureuse de représenter le secteur. Il y a un rôle de proximité évident et une vie associative foisonnante. C’est mon rôle, en tant que maire, d’être sur le terrain, pour faire le lien entre tous les acteurs. C’est pourquoi la municipalité a mis en place des laboratoires citoyens, qui se réunissent régulièrement. Notre objectif est aussi de transformer l’espace public pour que les gens s’y sentent bien. Nous avons plusieurs projets d’urbanisme à venir pour améliorer leur quotidien. Les deux arrondissements qui composent le secteur sont très différents : on a un 6e très urbain et un 8e plus excentré. Il y a d’abord un levier énorme en termes de transition écologique et l’accentuation de l’attractivité économique. Notre rôle repose aussi bien sur de grands chantiers que sur la rénovation de petits endroits.
Par exemple, quels projets sont à venir pour améliorer leur cadre de vie ?
O.F. : Nous travaillons sur l’implantation de micro-jardins à la place d’anciennes dents creuses, par exemple au Rouet, à Corinthe ou Valbelle. Par ailleurs, nous œuvrons en ce moment sur la transformation de la place de l’honnêteté et de la place Amiral Muselier, dans le 8e arrondissement. Sur ces espaces, l’enjeu est de revivifier en termes de commerce, de revégétaliser et de redéfinir des espaces partagés. C’est un chantier que nous souhaitons aboutir le plus vite possible, avant les Jeux olympiques.
Justement, prévoyez vous des aménagements spécifiques dans l’optique des JO 2024 ?
O.F. Le secteur va être le cœur de l’attention durant ces Jeux olympiques, qui vont nous permettre d’accueillir les épreuves de voile et de football. Tous les regards sont aussi tournés vers nous en ce moment avec la Coupe du monde de rugby, au Vélodrome, ou encore la venue du pape samedi 23 septembre…
La marina du Roucas Blanc a vocation a accueillir 12 000 personnes, ce qui reste gérable en termes de flux, mais le littoral sud dans son ensemble va être un magnifique point de vue sur les régates. Il va donc y avoir une affluence particulière, avec plusieurs rassemblements.
Notre plus gros défi sur ce littoral sud concerne la circulation.
Olivia Fortin
Notre plus gros défi sur ce littoral sud concerne la circulation. Il y a d’énormes difficultés à circuler, surtout entre le rond-point de David et Callelongue. C’est un enfer quotidien aussi bien pour les gens qui rentrent chez eux, que pour les commerçants et leur clients, les randonneurs qui veulent accéder aux calanques, et surtout les secours, avec la caserne de pompiers à la Pointe-Rouge. Nous avons donc une responsabilité en permanence et encore plus pendant les JO. J’ai personnellement deux souhaits : d’une part, qu’en amont des JO, l’ensemble des institutions puisse se réunir pour travailler là-dessus, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons au sein des comités de site, sous l’égide du préfet. D’autre part, je souhaite que nous arrivions à préserver un héritage, des pistes cyclables, des voiries rénovées… C’est à la fois une opportunité extraordinaire pour accélérer notre transformation, en revoyant notamment notre logiciel de transports qui est daté.
Les relations sont tendues, notamment sur la question des pistes cyclables, avec la Métropole Aix-Marseille Provence, compétente dans ce domaine… Parvenez-vous quand même à travailler en concertation dans l’objectif des JO ? Pouvez-vous nous dire plus concrètement ce qui est prévu pour améliorer la circulation pendant les JO ?
O.F. : Nous avons un intérêt commun. Il faut bien que nous avancions ensemble, nous n’avons pas d’autre choix. Concernant le plan de circulation pour les JO, il est encore trop tôt pour le dévoiler.
Quel est le projet à long terme sur la marina pour conserver l’héritage des Jeux olympiques de voile ?
O.F. : C’est un lieu qui existait déjà mais qui était peu accessible. Demain, il contribuera à l’apprentissage de la voile. L’idée est d’avoir un lieu largement ouvert à tous, avec des espaces de circulation piétonne entre les différents bâtiments.
Sur l’hippodrome Borély (8e), votre choix d’arrêter l’activité du golf a été vivement critiqué par l’opposition de droite la semaine dernière… Que répondez-vous ? Quel est le projet exact et son calendrier sur cet espace ?
O.F. : Il y a eu une réévaluation du loyer, dans le cadre d’un audit sur le patrimoine, pour l’aligner avec les prix du marché. A l’issue d’une concertation, les gestionnaires (la société Ugolf, ndlr) ont exprimé leur volonté d’arrêter. La mairie a donc récupéré les clés. Maintenant, nous souhaitons implanter un nouveau projet sur ces sept hectares de terrain : des études techniques et sur les sols sont en cours pour connaître la capacité d’accueil. L’idée est d’apporter une diversification des activités. Cela étant dit, je n’ai aucun problème avec le golf et rien n’exclut de conserver une activité de golf à cet endroit là, mixée avec d’autres activités comme du beach-volley, du beach-rugby … Concernant le calendrier, plusieurs appels à manifestation d’intérêt vont être lancés d’ici la fin 2023. J’espère que nous serons en capacité d’accueillir les premières activités au printemps 2024.
Toujours sur votre secteur, le tribunal administratif de Marseille a cassé, dans un jugement du 15 septembre, la procédure engagée par la Ville de Marseille sur le parc Chanot, comme Gomet’ le révélait en exclusivité. Que va faire la Ville à présent et quel est le nouveau calendrier du projet ?
Parc Chanot : « La Ville est en ordre de marche pour relancer ce qui doit l’être et avancer »
Olivia Fortin
O.F. : Pour l’instant, rien ne change. Nous prenons acte de la décision du tribunal administratif. La Ville est en ordre de marche pour relancer ce qui doit l’être et avancer. Un nouvel AMI sera lancé rapidement. Je ne souhaite pas commenter davantage cette décision.
Lien utile : Annulation de l’appel d’offre de Chanot : « Cela ne change rien à notre volonté » (Ghali)
Un autre gros chantier sur votre secteur est la réhabilitation de l’ancienne usine Legré-Mante. Où en est ce chantier ?
O.F. : Sur ce projet, les permis de construire ont été accordés en 2022. A la suite de cela, une période offrant la possibilité de faire des recours s’est ouverte et vient tout juste de se clôturer, début septembre. Au total, trois recours contentieux ont été déposés, dont un par l’association ASLS (Santé littoral Sud, ndlr). C’est assez peu sur un dossier de cette importance : sur certains projets nous pouvons avoir des centaines de recours…
Malgré tout, en raison de ces recours, la situation est aujourd’hui en suspens. Les porteurs de projets ne peuvent pas avancer sur les travaux, ni sur la dépollution du site, ce qui inquiète certains habitants. Dans l’attente d’une décision de justice qui débloquerait la situation, la mairie de secteur a également suspendu son comité de vigilance sanitaire.
Rentrée politique : « Les désaccords ne nous empêchent pas d’avancer »
Parlons politique… La fin d’année a été marquée par le départ de l’ancienne adjointe à l’urbanisme, Mathilde Chaboche, qui était aussi votre binôme au sein du collectif Mad Mars. Elle a quitté le groupe Printemps Marseillais pour le groupe des écologistes et citoyens. Malgré l’appartenance de ces deux groupes à la majorité, on sent un acte de défiance… La majorité est-elle en train de se disloquer ?
O.F. : Le terme “disloquer” est particulièrement fort et ne reflète pas la situation. La majorité reste soudée, même si des désaccords peuvent survenir. Nous sommes 55 élus au sein du groupe Printemps Marseillais, majoritairement issus de la société civile. On a tout lâché parce qu’on a ce désir de changer les choses. Mon souhait, c’est la cohésion du Printemps Marseillais au sens large, car la politique est le premier levier pour transformer les choses.
Avant de reprendre la tête de la mairie de secteur, vous étiez adjointe à la modernisation, au fonctionnement, à la transparence et la coproduction de l’action publique. Qui a repris cette fonction ?
O.F. : Une partie de mes anciennes attributions – tout ce qui concerne l’administration générale et le dialogue social – a été transférée dans le portefeuille de Joël Canicave (adjoint aux finances, ndlr). Je conserve pour ma part la modernisation de l’action publique, notamment la gestion de la relation entre le citoyen et la municipalité.
Avant votre départ, vous aviez engagé un plan de réorganisation des services, qui prévoyait notamment la création de 350 nouveaux postes. Où en est ce plan ?
O.F. : Les 350 postes ont été créés, sur des métiers qui n’existaient pas auparavant dans des secteurs comme les fonds européens ou la transition écologique – par exemple des gestionnaires de flux pour optimiser la consommation énergétique de la Ville. On a aussi recruté des recruteurs ! A ces 350 nouveaux postes, s’ajoutent les recrutements de personnels pour des remplacements, à la suite de départs en retraite, par exemple. Au total, on a entre 1000 à 2000 recrutements par an. Je veux vraiment combattre l’idée que Marseille est une ville suradministrée, c’est le contraire lorsque l’on compare avec d’autres villes comme Paris. Nous avons aussi enfin créé un tableau des postes, une obligation règlementaire qui n’était pas appliquée jusqu’alors et pour laquelle Anticor nous avait épinglés. Cet outil va nous permettre de mieux gérer la masse salariale.
Les départs du directeur général des services Didier Ostré, du directeur adjoint au plan école Christophe Pierrel et, plus récemment, du directeur de la communication, ont fait dire à certains élus de droite, notamment Lionel Royer-Perreaut « qu’il devait être difficile de travailler avec vous. » Que répondez-vous ?
O.F. : Forcément, en vingt-cinq ans de mandatures précédentes, Marseille a connu un maire et un seul DGS qui n’ont jamais bougé ! Si la stabilité des personnes était la garantie d’une action municipale efficace, cela se saurait…
Pour le reste, il s’agit de la décision des personnes qui sont parties. Il faut rappeler la difficulté de la situation quand nous sommes arrivés à la Ville en 2020, quels que soient les dossiers. Les 17 000 agents n’ont alors même pas les outils pour faire leur travail. C’est aujourd’hui un sujet central : redonner aux agents des moyens d’agir.
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