Malgré des événements qui ont plusieurs fois endeuillés la France et la Méditerranée, 2015 ne doit pas rester dans les mémoires qu’une année noire marquée par le terrorisme. 2015 c’est aussi l’année de l’environnement. Un thème incontournable que Gomet’ a de nombreuses fois traité cette année. Avec la Cop21 bien sûr, ou sa version méditerranéenne, la MedCop21, des initiatives citoyennes ou des innovations technologiques autour de l’environnement et du climat en Paca, mais aussi l’actualité qui fâche, notamment le rejet des boues rouges de l’usine Altéo de Gardanne. Retour sur l’année 2015, celle de l’environnement. Rétrospective…
Avril 2015
S’il y a bien un sujet qui a fait polémique cette année, c’est bien celui des rejets de boues rouges de l’usine Altéo. Cette usine, basée à Gardanne, produit de l’alumine et déverse légalement depuis 1966 des boues rouges (déchets issus de la fabrication de l’alumine ou l’aluminium) dans la mer, à l’aide d’une longue canalisation, à une profondeur de plus de 200 mètres dans la fosse de Cassidaigne au large de Cassis et au coeur du Parc national des Calanques. Une autorisation à laquelle s’opposent fermement Ségolène Royal et de nombreuses associations. La ministre de l’écologie avait annoncé la mise en place d’une enquête publique. Du côté de Gardanne, on pense plutôt à la sauvegarde des emplois, environ 440 emplois directs et 300 indirects pour Altéo.
Le 8 avril 2015, l’enquête publique sur le rejet des boues rouges d’Altéo demandée par Ségolène Royal est retardée de plusieurs semaines. Une décision conjointe de la préfecture des Bouches-du-Rhône et de la ministre de l’écologie dans le but « de prendre en compte les conclusions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), mises en ligne sur leur site, et notamment la demande de prélèvements complémentaires […] une campagne de pêche permettant de conclure sur l’impact effectif des rejets sur l’environnement. »
Mai 2015
Du positif et du négatif en ce mois de mai 2015. le 14, Martigues décroche le Pavillon Bleu parmi 166 communes lauréates en France représentant au total 396 plages et 97 ports de plaisance. Quatre plages de Martigues sont reconnues pour la qualité de leur environnement marin : La plage des Laurons, et celles de Carro, du Verdon et de Sainte Croix-la Saulce.
Le 11 mai en revanche, c’est pour sa mauvaise qualité de l’air que Marseille est pointée du doigt avec 1 000 morts directes chaque année. Dans cette ville de 800 000 habitants, 350 000 vivent dans une zone très fortement polluée. 110 000 voitures encombrent quotidiennement le boulevard Sakakini. L’association Ecoforum (impliquée dans la lutte contre la pollution atmosphérique) tire la sonnette d’alarme sur la pollution de l’air en métropole et invite plusieurs acteurs du secteur à s’exprimer sur les solutions qu’ils préconisent pour améliorer cela : développement de l’offre de tramway, création de parkings en périphérie et généralisation d’initiatives telles que Citiz qui propose de louer des voitures aux particuliers pour leurs trajets habituels. Malgré un constat accablant, cette démarche tend à prouver que ce n’est pas une fatalité.
Juin 2015
Le mois de juin, ce n’est pas que celui de l’été. C’est également celui de la Cop21 (prévue en décembre), version Méditerranée : la MedCop21 à Marseille. Le 4 juin, jour de l’ouverture de ce forum de l’environnement qui doit aboutir à l’adoption de 17 propositions et d’un rapport contennat 150 bonne pratiques en Méditerranée, François Hollande est présent à la Villa Méditerranée, lieu tout trouvé pour ce genre d’événement. Le président appelle à la mobilisation en Méditerranée et veut une grande conférence économique et sociale pour la région. Nous recueillons les impressions d’élus, de membres d’associations et du Prince Albert II de Monaco présent ce jour là.
Deux jours plus tard, Le Grand Port de Marseille et La Méridionale s’allient pour réduire la pollution de l’air lors des escales avec une initiative inédite en matière de transition énergétique : l’utilisation d’un dispositif de branchement électrique des navires à quai, qui évite le recours aux groupes électrogènes.
Le 10 juin, nous clôturons dans un article la première et certainement pas dernière MedCop21. Un événement qui a pu montrer une large union des Méditerranéens pour enrayer le dérèglement climatique. Laurent Fabius est présent. Nous observons la grande utilité de ce forum qui retient finalement 27 propositions concrètes et 133 bonnes pratiques valorisées, sous 9 enjeux décisifs. Le 27 juin, la sixième campagne de sciences participatives en milieu marin de l’ONG Expédition Med démarre à Rome. Elle est prévue pour durer huit semaines, le long des côtes françaises et italiennes. Expédition Med est un « laboratoire citoyen », le premier à faire de la recherche sur la pollution aux micro et macro-plastiques en mer Méditerranée.
Juillet 2015
L’été c’est le temps des croisières en Méditerranée. Et avec Marseille, premier port de croisières de France, côté bateaux on ne peut pas parler de pénurie. Une forte activité qui engendre une pollution invisible dont on parle peu mais pointée du doigt le 21 juillet par l’association France Nature Environnement. Aidée de l’ONG allemande Nabu, l’association s’est rendue sur le toit des Terrasses du Port afin d’y effectuer des prélèvements et de débuter une campagne de lutte contre la pollution des paquebots dans les ports. Les associations demandent aux armateurs de passer à un carburant moins polluant et d’installer des filtres à particules fines qui sont capables de filtrer plus de 99% des particules émises. Elles demandent aussi la mise en place de zones de contrôle de carburants dans les ports, actuellement inexistantes en Méditerranée. Les navires commerciaux sont également concernés.
Le 29 juillet, toujours à Marseille, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole présente sa nouvelle brigade de jeunes ambassadeurs de la propreté pour lutter contre la saleté. 35 jeunes ont été recrutés par la collectivité pour aller à la rencontre de la population et l’informer sur le tri et la réduction des déchets. Une nouvelle arme dans la lutte difficile pour la propreté de la ville.
Août 2015
Le mois d’août, c’est toujours les vacances. Pour les amoureux de randonnée ou les adeptes de balades dans les Calanques, Gomet’ présente le 10 août une nouvelle innovation qui lui a tapé dans l’oeil : L’EcoBalade de Natural Solutions, des promenades « augmentées » grâce à votre smartphone. Nous décrivons : « EcoBalade va tout simplement permettre à tous, de se promener autrement. En effet, cette société marseillaise propose des balades numériques dans la métropole : sur l’archipel du Frioul et le massif des Calanques ou encore sur le site de le Sainte-Victoire. En balade, l’application va alors permettre de répondre à la curiosité de tous les promeneurs en apportant une réponse instantanée sur l’environnement qui les entoure, découvrir la faune et la flore pas à pas ainsi que les territoires et le patrimoine naturel qu’ils côtoient tous les jours sans forcément y prêter intérêt. »
Septembre 2015
En septembre, Altéo revient sur la table. La fin de l’enquête publique est prévue le 25. Alors il est temps de s’exprimer. Le 8, les élus écologistes régionaux publient un communiqué dans lequel ils se disent contre la poursuite des rejets en mer. Ils annoncent avoir déposé un avis défavorable auprès du commissaire enquêteur. Le 12 septembre, une réunion publique est organisée à Gardanne, en présence de représentants d’Alteo et des responsables de l’enquête, un débat public sous tension. Le public est prié de rester dehors alors que les citoyens devaient poser des questions. A l’intérieur, la salle est divisée en deux camps : les « pro-emploi » et les « pro-environnement ». Dans l’idéal, tout le monde souhaite concilier les deux, mais pour certains, la priorité est d’arrêter la pollution de la mer. Et pour d’autres, c’est de préserver les emplois de l’usine.
Le 22 septembre, le Conseil de développement de Marseille Provence Métropole donne son avis dans le cadre de l’enquête publique sur l’usine Alteo Gardanne et donne 5 ans à Alteo pour respecter les normes. « D’abord, nous refusons la demande l’Alteo qui souhaite une autorisation pour 30 ans. Ensuite, notre position médiane (entre opposants à toute poursuite et les défenseurs coûte que coûte de l’emploi, NDLR) est assortie de conditions, notamment la création d’un suivi qui évaluera les conditions de rejets, leurs impacts et qui sera informé de l’avancée des recherches » précise Jean-Louis Tixier, le président du conseil de développement de Marseille Provence Métropole (MPM) et également élu de La Ciotat.
Octobre 2015
Elles n’existent pas encore mais elles sont en quelque sorte les stars des Rencontres régionales de la mer et du littoral, organisées mercredi 14 octobre à la Villa Méditerranée. Elles, ce sont les éoliennes « offshore ». Installées au large des côtes méditerranéennes, elles pourraient devenir la solution alternative pour produire en quantité suffisante de l’électricité « propre ». Un vent d’enthousiasme en Paca autour des éoliennes offshore.
Le 29 octobre, Marseille Provence Métropole représentée par son président Guy Teissier présente et signe un contrat de baie pour mieux protéger Marseille contre les pluies torrentielles, avec la Région, le Département ainsi que 39 communes afin de travailler autour de la gestion de l’eau dans le secteur. Le contrat concerne 130 km de côtes de Martigues à Saint-Cyr-sur-Mer. Il permettra de préserver et restaurer la qualité des eaux et des écosystèmes mais aussi le détachement d’un budget de 265 millions d’euros sur 6 ans.
Novembre 2015
Altéo, toujours… Le 7 novembre, Gomet’ publie un article contenant le rapport de l’enquête publique menée du 17 août au 25 septembre. Le rapport donne le feu vert à la poursuite des rejets de Gardanne vers les calanques malgré la preuve que les « teneurs en métaux restent supérieures aux valeurs limites réglementaires » ou que la canalisation, vieille de 50 ans, pourrait, « en cas de rupture sur le tracé terrestre (pas moins de 14 villes traversées) provoquer d’importants désordres sur l’environnement, et de graves, voire très graves dangers pour la santé humaine. » Bizarre…
A l’occasion de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, du 21 au 29 novembre, #1pieceofrubbish lance un nouveau défi aux citoyens, accompagné de personnalités marseillaises. #1pieceofrubbish c’est l’idée d’Edmund, de ramasser chaque jour un déchet par terre et de le jeter à la poubelle en se prenant en photo ou en vidéo. Un concept né à la fin de l’été qui séduit à Marseille. Ce jour là, trois personnalités marseillaises sont aux côtés de #1pieceofrubbish pour témoigner leur soutien : La chef Georgiana, Nathalie Simon et Laure Manaudou.
Les initiatives sont nombreuses pour nettoyer les dégâts de la pollution comme ce samedi matin 7 novembre pour le CNTL qui mobilise une trentaine de de plongeurs pour repêcher des déchets au fond du Vieux-Port.Nouvelle opération citoyenne de ramassage des déchets à Marseille. Le 29 novembre, dans le cadre de la marche mondiale pour le climat, les associations Humans of Marseille et Zéro ecoimpact organisent, le temps d’une marche, une opération de ramassage des déchets avec les citoyens et les touristes. On a aimé !
Décembre 2015
Décembre, c’est le mois de la Cop21 ! Le 1er, Gomet’ publie une chronique marine : Ne pas oublier l’océan dans les négociations sur le climat de la Cop21. Une chronique pour rappeler l’importance de l’océan dans le climat et s’assurer qu’il ne soit pas oublié des négociations sur la suite à donner au protocole de Kyoto. Dans la même veine, Gomet’ publie le lendemain un article intitulé L’eau, l’oubliée de la Cop21 selon le collectif « Eau bien commun Paca ». Le collectif « Eau bien commun Paca » tire la sonnette d’alarme sur le fait que la question de l’eau, dans son ensemble, ne soit pas à l’ordre du jour de la Cop21. Et pourtant le sujet est brulant dans notre région.
Le 10 décembre, la Provence a de quoi être fière. Un collectif appelé Fourmis (une demi douzaine de petites et nouvelles entreprises de Paca) s’est rendu à Paris, les 4 et 5 décembre, afin de présenter des solutions de développement durable : auto-partage, tri, encre végétale et lutte anti-gaspillage au programme.
Et enfin un dénouement le 29 décembre pour Altéo puisque le préfet Stéphane Bouillon a décidé d’autoriser la poursuite des rejets de boues rouges durant six ans. A deux jours de la date butoir qui devait marquer la fin d’autorisation des rejets, il prolonge le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires et l’occupation du domaine public maritime par la canalisation de rejets de ces effluents. Une autorisation qui intervient alors même que Ségolène Royal, ministre de l’écologie, s’y opposait fermement. Si Altéo a fait polémiquer en 2015, nul doute que cette annonce n’éteindra pas le débat.
Lien utile : les autres volets de notre série.
[Rétrospective 2015] L’année du terrorisme, de Charlie Hebdo au Bataclan (1/5)