Nuisances sonores, pollution, concurrence avec les commerces de proximité… Alors que la ville de Marseille veut interdire les entrepôts appelés « dark-stores », un nouvel acteur marseillais tente son coup sur le marché de la livraison rapide de courses. Si le principe est le même que les leaders du « Quick commerce » Gorillas et Flink, Santafoo joue la carte des « produits de qualité en soutenant les petits producteurs et commerçants » selon le slogan du co-fondateur de l’application, Laurent Salet.
L’entrepreneur béarnais s’installe à Marseille en 2021, quand il présente « Santafoo » avec son associé dubaïote, Wassim Bassil, lors d’une soirée organisée par Provence Promotion en novembre dernier. Leur mise de départ est conséquente : les co-fondateurs investissent un million d’euros pour développer l’application, sourcer les produits, acheter les marchandises, les scooters et les vélos et signer les contrats des quatre livreurs salariés. La Banque publique d’investissement leur accorde par ailleurs un prêt de 300 000 euros pour soutenir leur croissance.
« Dénicheur de pépites »
Mais la start-up peine à se lancer. Les deux associés préfèrent prendre plus de temps pour réajuster l’assortiment des produits. Après six mois de réflexion entre janvier et juin 2022, la plateforme est finalement lancée le 1er juillet avec 700 références. Dans la liste des produits disponibles, le client peut trouver des bières « Zumai » brassées à Marseille, une baguette de chez « Le Planificateur » ou des pommes cultivées dans les Bouches-du-Rhône. L’équipe fondatrice assure avoir « testé tous les produits » pour proposer à ses clients le meilleur du « sacro-saint » goût. D’où le nom de la marque « Santafoo », un jeu de mot relatif à la sainteté et le manger « saint ».

Les associés définissent aussi Santafoo comme un « dénicheur de pépites » pour promouvoir les commerçants, les producteurs et les agriculteurs de la région. En revanche, l’application ne comprend pas uniquement des produits du terroir provençal, d’ultra-proximité. Santafoo complète son sourcing avec des produits du Béarn, de Bretagne ou de la région parisienne. « A minima en France », atteste la nouvelle responsable marketing, Marine Albagnac.
Un panier moyen élevé
Après deux mois de recul sur l’activité, l’équipe mesure le potentiel des ventes de produits frais qui « représentent 67% du chiffre d’affaires. » Le panier moyen est élevé : les premiers clients dépensent 40 euros en moyenne, « alors que les paniers moyens des concurrents se situent plutôt vers 20 euros », souligne Laurent Salet. Ces deux tendances dessinent une clientèle citadine, CSP+ qui priorise sa santé.
Mais la cible n’est pas encore bien définie. La responsable marketing projette de toucher « 1 500 clients d’ici la fin de l’année. » Cet objectif semble atteignable pour les co-fondateurs qui ont pensé le modèle économique uniquement pour de la livraison. Le premier entrepôt de 120m2, situé rue Marengo dans le 6e arrondissement, a ouvert il y a plusieurs mois. Six salariés sont recrutés en CDI, dont deux préparateurs de commande et quatre livreurs en temps partiel (29h) qui font tourner la machine.
Délocalisation envisagée
Considérant la probable interdiction des entrepôts dans le centre-ville de Marseille, Laurent Salet prévoit de le délocaliser en périphérie. « A quoi ça sert que l’on se cache dans notre entrepôt ? sourit le béarnais d’un air presque optimiste, préférant annoncer la petite surprise qu’il concocte à ses clients : un partenariat avec le chef marseillais Matthieu Roche (Ourea) qui préparera des petits plats livrables sur l’application.

Dans cette configuration, Laurent Salet optera pour une offre de livraison planifiée. Le client pourra choisir une plage horaire de livraison, plutôt qu’une livraison en moins de 30 minutes, la promesse de base du concept. « A l’extérieur, les surfaces sont plus grandes et moins chères. Et les clients seront livrés en une heure, c’est aussi un service rapide ! »
Lien utile :
> Getir, Flink, Gopuff : pourquoi la ville de Marseille veut interdire les dark-stores ?