C’est un mot qui intrigue depuis quelques mois. Les « dark-stores » sont des entrepôts – sans marque apposée sur la devanture – d’entreprises de livraisons de courses express en moins de 15 minutes. Depuis 2020, avec une phase d’accélération à la sortie de confinement, ces “magasins fantômes” se sont implantés dans l’hyper centre-ville de Marseille, démultipliant les déplacements de scooters floqués aux noms des marques colorées : le turc Getir, l’allemand Flink (qui a racheté le français Cajoo en mai 2022), l’américain Gopuff et la start-up marseillaise Santafoo.
A Marseille, ils sont quatre à se partager le marché dit du« quick commerce». Or, le maire de Marseille, Benoît Payan, vient d’annoncer sa volonté d’interdire ces entrepôts, les considérant comme « une menace pour nos commerçants locaux, notre centre-ville, les quartiers et les noyaux villageois », écrit-il dans un tweet du 18 août.
À Marseille nous interdirons les #darkstores.
— Benoît Payan (@BenoitPayan) August 18, 2022
Ils sont une menace pour nos commerçants locaux, notre centre-ville, les quartiers et les noyaux villageois. https://t.co/Upux5Fzm38
Et le maire ne s’est pas contenté de l’annoncer. Le lendemain, Benoît Payan signe une lettre avec une dizaine d’autres maires en France, représentant les villes de Paris, Lyon, Lille ou Bordeaux. Les élus s’adressent à Élisabeth Borne, la Première ministre, pour confier leur inquiétude face au développement de ces dark-stores au cœur des villes. Les maires s’alarment de la possible qualification de ces entrepôts en« commerces de détails.» à Cette urgence à fait surface après la fuite d’un arrêté de la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, diffusé sur Twitter par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la mairie de la Ville de Paris.
⚠️ #Darkstore Nous découvrons avec beaucoup d’inquiétude et d’incompréhension un projet d’arrêté du DHUP qui légalise de fait les darkstores. Un simple point de collecte suffira pour être considéré comme un commerce 1/2 @OliviaPolski @BGomes_75 pic.twitter.com/4omMOHmtg6
— Emmanuel Grégoire (@egregoire) August 13, 2022
Selon le document, ces entrepôts pourraient être considérés comme des véritables commerces, alors qu’ils n’accueillent aucun client sur-place et qu’il n’affichent aucune marque d’enseigne sur la vitrine. Quelques heures après la diffusion de l’arrêté, le ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein, assure que « ces vitrines fermées ne sont pas [sa] vision de la ville de demain. On veut une ville vivante, avec des boutiques ouvertes ! On doit travailler ensemble pour définir ces activités et donner aux maires les outils juridiques pour les interdire ou les autoriser. » Le ministre a ainsifait savoir qu’il laisserait le choix aux maires de les laisser ouvert ou de les fermer.
La Ville de Marseille veut trancher pour l’interdiction
Contactée par Gomet’, l’adjointe aux commerces de la Ville de Marseille, Rebecca Bernardi, dit « saisir la main tendue par Olivier Klein» pour interdire formellement l’installation de ces entrepôts en ville. Cet avis est tranché. Il n’y aura pas de décision en demi-teinte selon les dires de la municipalité.
« C’est contraire à notre politique de revitalisation des centres-villes et noyaux villageois »
Rebecca Bernardi
« L’arrivée d’un dark-store est une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Le cadre de vie s’en voit dégradé pour les riverains comme pour les commerçants à cause des nuisances sonores et environnementales des scooters… Et surtout, un entrepôt sans vitrine, sans client, ça ne participe pas à l’attractivité économique d’une la rue. C’est contraire à notre politique de revitalisation des centres-villes et noyaux villageois », détaille l’élue.
Autre préoccupation, plus sociétale cette fois : le mode de consommation, le chacun chez soi qui pourrait profondément altérer les liens entre les habitants.« Est-ce ce modèle de société que l’on souhaite ? Nous ne voulons pas faire la promesse de la ville du quart-heure. Nous voulons le retour de la ville plus saine et plus simple. Si le covid-19 nous a bien appris une chose, c’est qu’il faut se recentrer sur ce qui nous entoure… », assure Rebecca Bernardi.
Où sont situés les dark-stores à Marseille ?
Si l’on recherche la localisation des entrepôts sur google maps, il est impossible de les trouver en un clic. « Seules les plaintes des riverains nous permettent de les localiser» raconte Rebecca Bernardi. En rassemblant les informations, nous avons pu constituer une carte non-exhaustive de quelques entrepôts en ville ci-dessous.
Liens utiles :
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> Application de Getir France et Flink