Depuis 35 ans, l’ONG marseillaise Santé Sud se bat pour offrir des soins de qualité aux populations éloignées des grandes villes en Afrique. « Si la notion de désert médical est un problème en France, elle prend une toute autre ampleur en Afrique », prévient Nicole Hanssen, la directrice de santé Sud. En France, il y a peu de médecins dans les zones moins peuplées mais en Afrique, les déserts médicaux concentrent près de 70 % de la population. De plus, dans la plupart des pays du continent, le métier de médecin généraliste n’existe pas. « L’université forme les jeunes à la médecine hospitalière mais pas à la pratique en cabinet auprès des familles », explique Nicole Hanssen. Son association propose donc aux jeunes diplômés de se former à la médecine générale lors des stages chez les praticiens en zone rurale pour leur apprendre le métier. Elle a créé le concept de médecin généraliste communautaire.
Le Mali, un exemple de réussite
Le premier médecin généraliste communautaire s’est installé au Mali en 1989. Depuis, Santé Sud a permis l’installation de presque 400 praticiens en zones rurales. Ils couvrent chacun un bassin de population d’environ 10 000 personnes. « On ne manque pas de travail. Les journées peuvent être parfois très dures mais c’est une mission essentielle », explique le docteur Mansour Sy. Ce médecin malien a été l’un des premiers à s’installer comme médecin généraliste communautaire. Aujourd’hui, il est directeur de Santé Sud Mali. « Il y a 15 ans, c’était une véritable révolution. Les gens n’y croyaient pas quand on arrivait dans les villages pour ouvrir le cabinet », se souvient-il. Sa délégation est l’une des plus avancée d’Afrique de l’Ouest avec environ 150 médecins formés. Son objectif aujourd’hui est de créer un véritable parcours de formation de médecin généraliste à l’université de Bamako. « On avance plutôt bien avec le gouvernement et on aura bientôt un diplôme d’études supérieurs de médecine généraliste », promet-il.
Un appel à la générosité du public
Plus globalement, Santé Sud travaille sur les problématiques de diminution de mortalité infantile, de santé mentale… Filiale du groupe SOS, elle est allée dans plus d’une dizaine de pays pour monter une vingtaine de projets d’accès aux soins : Mongolie, Madagascar, Maghreb… Elle fonctionne essentiellement grâce aux subventions des collectivités publiques comme le Département des Bouches-du-Rhône, la Région Sud, de l’Agence française de développement et de fondations privés. Pour poursuivre sa mission, Santé Sud a toujours besoin de plus d’argent : « Nous avons vraiment besoin de faire appel à la générosité du public pour continuer », avoue Nicole Hanssen. L’appel est lancé.
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