Le président de la République veut faire de la pratique du sport pour tous l’une des grandes ambitions de son quinquennat. Dans cette perspective, il a confié à Laura Flessel, la ministre des Sports, un objectif : atteindre les 3 millions de nouveaux pratiquants d’activités physiques ou sportives durant la durée de son mandat. Mais pour Laura Flessel, « il faut être lucide, l’accès à la pratique du sport ne va pas de soi pour tout le monde. Il est même très inégal selon les territoires ». 1 514 quartiers prioritaires, réunissant 5,4 millions d’habitants ont été identifiés dans le cadre de la politique de la ville au niveau national.
Dans ces « zones blanches du sport », comme les appelle la ministre, le taux d’équipement est trois fois inférieur à la moyenne, le taux de licenciés 2,2 fois moins important. Pour combler ce déficit, deux ministères, celui des Sports et de la Cohésion des territoires, ont décidé de travailler main dans la main en lançant « La rencontre des solutions ». C’est à la Friche Belle de Mai à Marseille que le coup d’envoi de ce concept a eu lieu. « Lorsque ce projet est né, on a décidé d’aller là où il y avait les belles solutions et, ici, c’est aussi une ville qui va recevoir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024 », a souligné l’ancienne sportive de haut niveau pour expliquer ce lancement national à Marseille. « Je sais ce que le sport peut apporter en terme d’estime, de confiance en soi parce qu’il pousse à se surpasser soi-même mais aussi à interagir avec autrui. C’est aussi un formidable levier de cohésion sociale et d’insertion professionnelle ».
L’exemple d’un dispositif pertinent avec Le Grand Bleu
Acteurs associatifs, sportifs, élus, collaborateurs d’entreprises… : 350 personnes ont été invitées à échanger sur la thématique de l’accès au sport pour tous et à livrer leurs expériences de terrain. Des initiatives qui portent leurs fruits à l’échelle nationale mais aussi plus localement avec Le Grand Bleu et Marseille Nord Handball. Le Grand Bleu développe des activités nautiques et aquatiques dans les quartiers. Sur les sites de Corbières, du Prado mais aussi en piscine, l’association présidée par Brahim Timricht, mise sur l’apprentissage de la natation. Durant la saison estivale, ce sont 300 enfants qui profitent de ce dispositif, et 1 000 dans le grand bassin de La Busserine. Outre ces actions, Le Grand Bleu, soutenu par la préfète déléguée pour l’égalité des chances, Marie-Emmanuelle Assidon, présente dans la salle, forme aussi aux diplômes de maîtres-nageurs, nageurs-sauveteurs… 15% des jeunes diplômés restent au sein de l’association.
« Les associations : un élément-clé de l’action dans les quartiers »
« Les associations sont un élément-clé de l’action dans les quartiers, a souligné Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires. Nous allons leur donner un coup de main, notamment financier. Quinze millions d’euros sont déjà fléchés dans le budget de 2019, mais nous n’avons pas encore choisi lesquelles nous financerons, ce sera en fonction des projets qui fonctionnent. Nous allons commencer à aider dès cette année celles qui oeuvrent pour l’insertion par le sport, comme Fête le Mur, de Yannick Noah, et l’Apels [Agence pour l’éducation par le sport]. Nous allons également travailler avec les fédérations. Je crois beaucoup à l’insertion professionnelle en touchant les jeunes par le sport ». En Passant par le sport, Sport dans la ville ou Play international vont aussi être soutenus financièrement afin d’étendre leurs actions à ces quartiers privés d’équipements.
10 millions d’euros pour soutenir les acteurs les plus actifs
Le ministère des Sports travaille également avec l’Observatoire nationale de la politique de la ville pour établir une cartographie fine des territoires carencées en équipements sportifs. « L’Etat doit accompagner pour renforcer les actions, et les déployer sur le territoire », a reconnu Laura Flessel. A cette fin, les deux ministères ont décidé de mobiliser une enveloppe de près de 10 millions pour soutenir financièrement les acteurs les plus actifs dans les quartiers.
Marseille était aussi le coup d’envoi d’un tour de France baptisé « Les territoires en action ». À chaque étape, l’idée est d’aborder une thématique éducation, culture, emploi, sécurité… « L’idée est de rassembler les élus locaux, les associations, les PME et les bailleurs pour faire au niveau local ce que nous faisons au niveau national », a indiqué Jacques Mézard. Dans la même optique, « La rencontre des solutions » pour « mutualiser les bonnes idées » va se décliner dans toute la France, avec des escales tous les trimestres.
« Une intelligence collective au service des quartiers »
« Faire collectivement est essentiel » a insisté, quant à elle, Muriel Hurtis, championne olympique d’athlétisme, présente pour l’occasion, au même titre que d’autres sportifs à l’image de Mahyar Monshipour, champion du monde de boxe. La médaillée d’or du relais 4×100 mètres aux championnats du monde 2003, qui siège désormais au Conseil économique, social et environnemental a d’ailleurs rendu public un rapport sur la pratique du sport, axé autour de 19 préconisations pour que le sport devienne plus automatique. « Rendre accessible le sport doit être un droit. Il doit être accessible à tout le monde ». Dans la même foulée, Laura Flessel formule le vœu « d’une intelligence collective au service des quartiers. « Fédérations, associations et Etat, nous avons tout à gagner à travailler main dans la main. C’est une question d’égal accès au sport pour tous ».