Comme nous l’évoquions ce matin, Maliza Said Soilihi, conseillère municipale membre de la majorité sortante, et Saïd Ahamada, député LREM des Bouches-du-Rhône, ont été désignés ce jeudi 30 janvier têtes de liste d’Yvon Berland respectivement dans les secteurs 2/3 et 15/16. La première aura pour binôme William Massari-Elman, qui est également le directeur de la campagne de l’ex-président l’Université Aix-Marseille, le second se voyant adjoindre Rachida Tir, militante associative des Quartiers Nord de Marseille de longue date, en numéro 2.
Visages de la diversité dans des secteurs populaires
Dans les grands espaces proposés par le studio 37, en plein quartier de la Belle de Mai, les quatre personnalités présentées partagent au moins un point commun : celui d’être issues de la diversité, et à plus forte raison de la diversité post-seconde guerre mondiale. Origines comoriennes pour Saïd Ahamada et Maliza Saïd Soilihi, algériennes en ce qui concerne Rachida Tir et William Elman-Massari, ils ont respectivement grandi ou vécu dans les quartiers populaires de Felix-Pyat (3e arrondissement), Plan d’Aou (15e), La Savine (15e) ou encore Belle de Mai (3e), dans cette immense « Nord » de Marseille, du mauvais côté de cette frontière invisible qu’ils dénoncent.
Car sur le constat, les deux nouvelles têtes de liste du candidat Berland convergent : « En ce qui me concerne, ce qui me préoccupe, c’est cette fracture entre le Nord et le Sud » dit Maliza Saïd Soilihi, qui affirme vouloir « mettre en oeuvre une politique des quartiers ». « Malheureusement aujourd’hui, on a encore deux Marseille » surenchérit Saïd Ahamada, qui raconte à un moment de sa vie « avoir senti que nous étions traités différemment ». Il ajoute : « Je pense qu’à partir de ces territoires, on peut lancer la reconquête qui boutera le Front National [ndlr : devenu Rassemblement national depuis 2018] hors de Marseille ».
« Vous validez un peu cette facture, en nommant des candidats de l’immigration », interpelle un journaliste à l’intention d’Yvon Berland. « Je ne suis pas d’accord, réplique celui-ci, je crois qu’il faut quand même connaître le territoire, autrement on fait quelque chose de factice, qui ne ressemble pas à la réalité. Positionnés en 1 et en 2, ce sont des personnes qui ont beaucoup de chance de participer à la vie de la municipalité à terme, et c’est aussi cela que l’on recherche ». Et Saïd Ahamada de compléter en forme de boutade : « Vous avez raison, moi mon rêve, c’est de me présenter un jour sur le 6-8 ». Puis, plus sérieusement : « Il n’y a pas de mots pour dire la fracture qu’il y a dans cette ville, on ne la trouve nul par ailleurs. Donc si on a pas des gens qui viennent de ces territoires, qui sont capables de parler à ceux qui habitent ces territoires, on pourra faire en sorte qu’on construise Marseille ensemble ».
Soilihi quitte la majorité, Agresti fait le chemin inverse
Il y a des questions qui naturellement font surface. Celle de la participation de Mme Saïd Soilihi à l’action de la majorité sortante notamment. « Il faut bien le reconnaître, les années qui viennent de s’écouler n’ont pas permis de réduire cette facture, commente-t-elle, un brin amer. S’il y a un bilan qui me chagrine aujourd’hui, c’est celui-là, celui de la facture entre le Nord et le Sud. C’est pour cela que j’ai décidé de m’engager avec Yvon [Berland] ». Pour elle, ses relations avec la majorité sortante sont désormais claires : « vous voyez bien que je viens de la quitter » coupe-t-elle sèchement.
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