Sur le papier, thecamp est un projet plein de promesses, une sorte de coeur battant de la silicon valley provençale. Seulement, les ambitions initiales, portées par le fondateur Frédéric Chevalier, décédé deux mois avant l’ouverture du lieu qu’il avait imaginé, se heurtent à la réalité du marché. Depuis plusieurs semaines, des bruits concernant un plan de licenciements parcouraient l’écosystème. La direction confirme aujourd’hui préparer une restructuration. « On va effectivement réduire les effectifs. Cela devrait concerner 7 à 8 personnes sur les soixante employés », indique le directeur général, Olivier Mathiot à Gomet’. S’il refuse de parler de plan social, il avoue que cela passera par des licenciements économiques.
Une diminution des coûts de 10 à 20 % cette année
Arrivé en avril 2018, l’ancien P-dg de Rakuten France a apparemment eu quelques surprises en regardant les chiffres et les postes de dépenses de thecamp. « On remet tout à plat. Avec ses 10 000 mètres carrés de bâtiment, thecamp a d’importants frais de structures sur lesquels il faut travailler », prévient-il. Loyer, leasing du matériel, équipes de sécurité… le patron va chercher à réduire a minima les coûts du campus avec l’objectif de les diminuer de 10 % à 20 % assez rapidement.
Pour redresser la barre, thecamp pourrait également refaire appel à ses actionnaires pour une recapitalisation « mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous sommes également une structure immobilière avec d’autres moyens de financements », ajoute Olivier Mathiot. Il pourra peut-être s’appuyer sur son partenaire bancaire qui est le Crédit agricole. La Caisse d’épargne ou encore la Caisse des dépôts ont, elles, financé le foncier d’un projet estimé au total à environ 40 millions d’euros.
Thecamp a également bénéficié du soutien de l’ensemble des collectivités locales : Métropole Aix-Marseille Provence (10 millions d’euros), la Région Sud (5M€) et le Département (5M€). La CCI Marseille Provence a, elle, apporté 1 million d’euros. « Ce ne sont pas des subventions, insiste Olivier Mathiot. Il va falloir se préparer à rembourser », prévient-il. Pour y parvenir, thecamp va donc devoir trouver de nouvelles sources de revenus.
Un objectif de croissance de 30 % du chiffre en 2019
Malgré ce premier bilan comptable sous pression, le patron de thecamp affirme être en phase avec le business plan. Le campus a réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en 2018, conforme aux prévisions et vise même un ambitieux programme de 30 % de croissance en 2019. Thecamp compte sur sa nouvelle offre de produits et services afin d’atteindre cet objectif. Il lance notamment le club Access à destination des entreprises locales : « On avait un peu l’image d’être réservé aux grands groupes de Paris et Londres. C’est important pour nous de garder les liens de proximité », explique Olivier Mathiot. Il espère donc accueillir davantage de sociétés locales dans ses programmes de formation.
Dans le même temps, il veut attirer plus de « campers » étrangers. « Nous ne sommes pas encore assez international. On a délivré 1/3 de nos contenus en anglais et je souhaite arriver rapidement à 50 % », avance-t-il. Enfin, avec son hôtel et ses résidences, thecamp dispose de 160 chambres pour héberger ses résidents. Il veut développer ce qu’on appelle le « co-living », des séjours de plusieurs mois sur le campus à quelques mètres des espaces de travail. « Aujourd’hui, on peut encore améliorer notre capacité d’accueil et le confort des logements », estime Olivier Mathiot. Malgré les difficultés, le président de thecamp se veut rassurant sur la situation : « Nous ne sommes pas profitables et ce serait surprenant pour une première année… Aucune structure comme la nôtre, de par le monde, ne l’est… Et on ne sera pas non plus rentable en 2019. Il faudra attendre encore un peu. C’est un tout nouveau business model à inventer », explique-t-il. Selon ses nouvelles prévisions, il compte parvenir à l’équilibre à l’horizon 2022.
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