Le directeur général de l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de Marseille, Maxime Tissot, fait le bilan des conséquences de la crise sanitaire liée à l’épidémie du covid-19 sur le secteur touristique et envisage d’ores et déjà la sortie de crise.
Quelle est la situation actuelle dans le secteur du tourisme à Marseille ?
Maxime Tissot : C’est une situation catastrophique. Nous avons demandé une étude de MKG pour établir les pertes, mais nous savons que ces dernières se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros. Grâce aux mesures prises par le gouvernement et à l’Union patronale, nous allons pouvoir limiter la casse, mais le secteur est excessivement touché : tous les séminaires sont annulés pour la période mars-avril, et les congrès sont reportés. S’il n’est pas encore question de reporter le Congrès mondial de la nature qui doit se tenir en juin, les finales de l’EPCR (Coupe d’Europe de Rugby, prévues les 22 et 23 mai, ndlr) sont quant à elles repoussées à une date ultérieure. Pourtant, le début de l’année 2020 était exceptionnel sur le plan touristique : Marseille avait le vent en poupe, et nous avions prévu d’accueillir deux millions de croisiéristes, et mille opérations de tourisme d’affaires. Désormais, la plupart des hôtels sont « en sommeil », et d’autres hôtels et Airbnb restent ouverts pour héberger éventuellement du personnel hospitalier et les personnes en situation précaire. Quant aux restaurants, et autres activités touristiques, ils sont complètement à l’arrêt. Cela génère beaucoup de chômage partiel car tout le monde ne peut pas faire de télétravail.
« Les pertes vont s’élever à plusieurs dizaines de millions d’euros »
Maxime Tissot, directeur général de l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de Marseille
Quelles conséquences sur la reprise du tourisme à l’issue du confinement ?
Maxime Tissot : A la reprise, il va sûrement falloir recruter de nombreux saisonniers, car on sera en pleine saison touristique, même si nous sommes conscients que cette saison sera différente. Nous pensons que les clientèles étrangères viendront un peu plus tard, mais qu’il va y avoir un vrai tourisme national. Il faudra un certain temps avant de retrouver des échanges internationaux. Je souhaite aussi lancer un appel au tourisme régional, afin que les habitants de la région consomment sur place pour redonner un peu d’air à leurs professionnels du tourisme. Le schéma classique du secteur va immanquablement évoluer : les congrès seront sûrement organisés en août, ce qui ne se fait pas généralement car c’est la période de vacances. Notre façon de consommer est également appelée à changer. Marseille a la chance d’avoir un fort potentiel touristique, avec la mer et le soleil, qui va être un facteur d’attractivité dès la reprise. Mais il est sûr que nous compterons des morts dans le monde du tourisme, certaines entreprises vont être contraintes de mettre la clé sous la porte faute de clients. Cela va poser problème, car l’organisation d’un congrès comporte tout un écosystème d’entreprises. Pour l’heure, nul ne sait quand interviendra la reprise, ni comment les choses vont évoluer, mais nous essayons d’organiser d’ores et déjà la sortie de crise.
Le but est d’être le plus réactif possible quand l’activité reprendra et de travailler sur le message qu’il conviendra de faire passer.
Maxime Tissot
Comment peut s’organiser cette reprise de l’activité touristique ?
Maxime Tissot : Nous sommes constamment en lien avec les professionnels du secteur, pour leur communiquer les informations importantes. Nous travaillons aussi activement sur un plan de relance avec les professionnels, les offices de tourisme des départements limitrophes, mais aussi avec les institutions comme le Comité Régional de Tourisme (CRT) ou Provence Tourisme. Le but est d’être le plus réactif possible quand l’activité reprendra et de travailler sur le message qu’il conviendra de faire passer au moment de la sortie de crise. Ce message devra être optimiste pour relancer la machine. Mais il faudra que l’on s’y mette tous ensemble.
Les chiffres clé du tourisme à Marseille en période « normale » :
> 5 millions de touristes, dont 1,8 million de croisiéristes, sans compter les « excursionnistes » (tourisme régional).
> 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires
> 9000 chambres d’hôtels
> Environ 16 000 emplois dans le secteur touristique
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