« Les rames sont conformes à nos attentes, on a hâte qu’elles arrivent à Marseille ». Une délégation de la Métropole Aix-Marseille Provence, présidée par Martine Vassal, a traversé la France par la verticale, mercredi 9 novembre, pour voir de ses propres yeux, à Valenciennes, les premières voitures du futur métro marseillais. L’une des 38 rames prévues est d’ailleurs montée. Composée de quatre voitures, elle passe en ce moment des essais statiques dans l’atelier d’Alstom France, constructeur et partenaire technique de la Métropole – en charge quant à elle d’organiser la mobilité sur notre territoire. « Nous, on aime bien voir les choses, pouvoir les toucher », commente Martine Vassal. L’élue découvre, loin de ses terres, le futur métro de la deuxième ville de France.
Climatisé, connecté à la 4G et automatique, l’engin sur-mesure dessiné par l’artiste marseillais Ora-Ïto, aux couleurs de la ville, n’a plus grand-chose à voir avec son aîné, en circulation depuis le milieu des années 70. Estampillé du logo de la Métropole, de la RTM et de l’artiste, le wagon bleu, blanc et noir tranche avec le design du métro actuel. « On a même pensé au halo bleu pour les phares », sourit Yohan Leber, le responsable de l’ingénierie sur site. Ce véhicule de type « boa », sans compartiment, naviguera à terme toute les deux minutes, en heure de pointe, sur les deux lignes M1 et M2. Entrée en piste progressive dans les souterrains marseillais à partir de la fin 2024.
Pourquoi un métro automatique ?
La Métropole a fait le choix de rames automatiques pour renouveler sa flotte actuelle. Une caractéristique qui devrait permettre à l’ouvrage d’augmenter la fréquence des rotations, notamment en cas de forte affluence. « La mise en service de rames supplémentaires ne demande que 15 minutes », assure l’institution. Par ailleurs, le métro automatique diminuerait le risque d’accidents. Chaque station sera en effet équipée de portes palières qui devront limiter à la fois le nombre de chutes de voyageurs, et l’intrusion dans les tunnels. La Métropole et la régie des transports métropolitains (RTM) promettent une ponctualité quasi-irréprochable sur les lignes. Enfin, les nouvelles rames consommeront 30% d’énergie en moins, notamment grâce au freinage électrique.
« Neomma » : 580 millions d’euros financés par la Métropole et l’État
Au cœur de la Petite-Forêt, le principal site industriel d’Alstom France, Martine Vassal visite la chaîne de production et d’assemblage du futur métro marseillais. Depuis trois ans, quelque 250 personnes (ingénieurs, techniciens etc.) travaillent sur le projet. Baptisée « Neomma », pour nouveau métro de Marseille, cette opération initiée en 2019 par la Métropole vise à remplacer progressivement les trains actuels par des modèles automatiques, sans conducteur, comme à Paris, Lyon ou Lille sur certaines lignes. Le coût global de ce rafraîchissement avoisine les 580 millions d’euros. Un montant assuré par la Métropole, en grande partie, mais aussi par l’État, via le GIP Transports. Cette structure créée dans le cadre de Marseille en grand dispose d’une enveloppe colossale : un milliard d’euros (dont 744 millions sous la forme d’avances remboursables) alloués par l’État pour développer les mobilités dans la deuxième ville de France.
Nous étions largement en retard, nous serons largement en avance.
Martine Vassal
La modernisation du métro marseillais est l’un des 15 chantiers prioritaires de la Métropole. « Nous étions largement en retard, nous serons largement en avance », promet Martine Vassal. Toutefois, malgré le renouvellement de la flotte, le nombre de lignes de métro à Marseille reste bloqué à deux, quand Paris et Lyon en compte respectivement quatorze et quatre. L’élue vante au passage l’accessibilité du futur métro pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Elle attend désormais que le Neomma entre en piste, et ne cache pas son impatience, à un an et demi des JO 2024. « Si on peut gagner un peu de temps, on est preneur (…) Et surtout, par pitié, pas de retard ! », adresse Martine Vassal au président d’Alstom France, Jean-Baptiste Eymeoud. « On va faire notre maximum », répond le principal intéressé. Il se dit confiant pour que les délais contractuels soient respectés, mais n’envisage pas de livraison prématurée.
L’œil d’Ora-Ïto, l’architecte du nouveau métro
Le designer marseillais Ora-Ïto découvre lui aussi, avec émotion, le futur métro marseillais dans l’atelier Alstom. L’habillage intérieur et l’habillage extérieur des nouvelles rames ont été choisis par les habitants de Marseille lors d’une consultation publique (17 000 votes). Pour l’anecdote, Ora-Ïto est né en 1977, date de mise en circulation du métro actuel. C’est pour lui une première rencontre avec le fruit de son imagination.
Ora-Ïto dans l’atelier Alstom de Valenciennes (crédit : RL)
• Quelles sont vos premières impressions ?
Ora-Ïto : C’est toujours un choc quand on voit son bébé, je n’avais vu que les dessins. Je suis content. Il est mignon. Il est sympathique, avec une bonne gueule. Après, je vois tous les détails qu’il faut améliorer. Des petits détails à régler sur les “protos” avant la sortie d’usine. C’est pas grand chose, il n’y a peut-être que moi qui les vois.
• Quel était le défi à relever ?
Ora-Ïto : L’idée c’était de reprendre le métro d’origine, et d’amener une évolution. Le transposer dans la modernité. Il était déjà très bien donc le challenge était compliqué. L’ancien était très beau. Celui-ci ne devrait pas mal vieillir. Il est relativement simple.
• D’autres projets en cours ?
Ora-Ïto : Je ne suis jamais fier de mes projets, c’est pour cela que je continue. Oui, il y a d’autres projets à Marseille. (Dans le cadre de Marseille en grand ?) Oui, je co-pilote avec Neede le projet Odysséo. On s’occupe de la partie innovation, des arbres, de l’intérieur aussi.
Livraison complète des nouvelles rames en 2027
D’une capacité totale d’environ 500 voyageurs chacune, les premières rames seront livrées à Marseille l’été prochain, au mieux. Puis elles entameront sur la ligne 2 quelques mois d’essais nocturnes. En revanche, le renouvellement effectif de la flotte – l’étape qui concerne les quelque 350 000 usagers quotidiens du métro – ne débutera qu’en 2024, peu après les Jeux Olympiques, pour une livraison complète des 152 voitures sur les deux lignes en 2027. La Métropole ambitionne une intégration des nouvelles rames « sans interruption d’exploitation ». Autrement dit, les Marseillais circuleront à bord d’une flotte mixte entre 2024 et 2027. Par ailleurs, une phase de conduite « semi-automatique », avec un personnel dans la cabine, précédera le retrait définitif des conducteurs de métro. L’automatisation sera effective dès lors que les portes palières, censées accroître la sécurité de l’ouvrage, auront été installées sur les quais de chaque station.
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