La passe d’armes entre droite et gauche était attendue. Jeudi 20 octobre, en préambule de la séance de rentrée du conseil de la Métropole Aix-Marseille Provence, les élus ont débattu dans l’hémicycle du Pharo au sujet de plusieurs rapports d’observations récemment publiés par la Chambre régionale des comptes (CRC Paca). Notamment celui sur la Régie des transports métropolitains (RTM). À l’ordre du jour, l’enquête menée par la juridiction révèle que la RTM, la régie des transports de la Métropole Aix Marseille Provence, a perdu « environ 90 millions d’euros » en quatre ans (2016-2017-2018-2020), à cause d’une « fraude endémique » des usagers. Elle était en 2018, par exemple, trois fois supérieure à celle observée à Bordeaux métropole. D’après la Chambre, à Marseille, « le bus est ainsi fraudé à presque 40% et le taux de fraude dans certaines zones dépasse les 60% ». Dans le même temps, le nombre de procès verbaux dressés par la RTM a été plus que divisé par deux entre 2016 et 2019 – passant de 100 000 à 46 000 PV.
RTM : la gauche marseillaise demande la gratuité « pour les jeunes et les chômeurs »
Pour la maire des 1er-7e arrondissements de Marseille, Sophie Camard (DVG), cette situation ne peut plus durer. « Outre la nécessité de développer l’offre (…) nous devons clarifier notre politique de transport », tonne la présidente du groupe de gauche “pour une Métropole du bien commun”. Elle reconnaît que la situation financière de l’opérateur RTM est en voie d’amélioration, « mais pas la situation tarifaire ». Sophie Camard remarque que « les recettes sont en constante diminution depuis 2013 ». L’élue imagine une nouvelle grille tarifaire, avec un accès gratuit au réseau de transports en commun « pour les jeunes et les chômeurs ». D’après la CRC, ces deux catégories sont sur-représentées parmi les fraudeurs – aux côtés des parents au foyer également. Ce système dit du “ticket libre” existe déjà au sein de l’aire métropolitaine. Dans le Pays d’Aubagne et de l’Étoile, le réseau de bus est en effet indépendant de la RTM, et gratuit pour les usagers – au moins jusqu’au 31 décembre 2022.
Lutte anti-fraude : Catherine Pila tacle le maire de Marseille
La réponse de la présidente de la RTM, Catherine Pila (LR), ne se fait pas attendre. Piquée au vif sur sa gauche, l’élue riposte du tac au tac. « La tarification est aujourd’hui adaptée à la population, se défend-elle, ajoutant que les personnes les plus fragiles peuvent bénéficier d’une gratuité totale ». Quant aux autres profils, Catherine Pila campe sur ses positions, et ne donne pas suite aux propositions de la mairie sur la gratuité ciblée. Pour elle, la solution passe d’abord par une lutte anti-fraude renforcée. « La fraude, c’est ce qui nous empêche d’investir (…) c’est ce qui nous empêche de pouvoir, peut-être aussi d’avoir une tarification meilleure ». La conseillère métropolitaine refuse d’assumer seule les dysfonctionnements de l’outil RTM.
La régie des transports métropolitains dispose depuis mai dernier d’un groupe d’assistance de protection (Gap) en charge de la sécurité et des contrôles au sein du réseau. Mais selon Catherine Pila, cette nouvelle brigade de 41 agents ne suffira pas à éradiquer la resquille à Marseille. Elle aimerait que la Ville contribue davantage à la lutte anti-fraude, conformément à « la convention tripartite Mairie-Métropole-RTM signée en 2019 (par l’ancienne majorité municipale, ndlr) ». Ce contrat prévoit notamment la présence de deux équipes de police municipale sur les lignes de métro, chaque jour de la semaine, de 19 heures à 1 heure du matin. « Depuis deux ans, cette convention n’est pas honorée », se plaint la présidente de la RTM. Elle annonce saisir le maire de Marseille à ce sujet.
Document source : le rapport d’observations de la CRC Paca sur la RTM
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