50 minutes. C’est le temps qu’il faut, en moyenne, pour se rendre en transports en commun du centre-ville de Marseille au boulevard de la Jamaïque, dans le 15e arrondissement. Seuls trois bus permettent d’y parvenir : le B2, le 70 et le 25. Et aux heures de pointe, quand les voitures empruntent la rue de Lyon pour éviter l’autoroute déjà embouteillée, cette durée peut facilement monter jusqu’à deux heures… Ce n’est pas donc pas anodin si l’antenne locale du parti communiste français (PCF) a donné rendez-vous dans la maison du Peuple du 15e arrondissement, ce lundi 13 janvier au matin, aux journalistes pour alerter une nouvelle fois sur la mauvaise desserte des transports dans les quartiers Nord. Un sujet déjà maintes fois abordé et sur lequel la Métropole Aix-Marseille Provence, compétente en la matière, s’est faite retoquer en septembre dernier par le président de la République lui-même. Emmanuel Macron a mis sur la table 1,2 milliard d’euros spécifiquement pour « désenclaver les quartiers nord et permettre de lier le Nord et le Sud », déclarait le chef de l’État au Pharo, dans son discours Marseille en grand.
Un tramway jusqu’à l’hôpital Nord ? « Pas sérieux » pour le PCF
Depuis, les élus de la Ville comme ceux de la Métropole évaluent les possibilités. Mais les propositions à ce jour ne satisfont pas les délégués PCF : « les élus de la Ville de Marseille opposent au plan de déplacement de la Métropole (aujourd’hui plan de mobilités, ndlr) une hypothèse qui privilégierait le prolongement du tramway d’Arenc à l’hôpital Nord (lire notre article). Disons le tout net, cela ne répond pas aux réels besoins et n’est pas sérieux pour plusieurs raisons », estime Joël Butto, délégué PCF du 15e.
À la place des propositions des élus, le PCF suggère l’extension du M2 jusqu’à l’hôpital Nord. Des propositions déjà formulées en 2013 par les communistes des 15e et 16e arrondissements de Marseille. À l’époque, la communauté urbaine de Marseille avait approuvé ce schéma et promis d’engager des études dès 2014. Des promesses restées lettres mortes depuis le passage à la Métropole, en 2014… Or, pour l’heure, l’extension du métro vers le Nord n’est pas à l’ordre du jour du plan transports, qui prévoit plutôt une extension au Sud vers la Pomme, en plus de l’automatisation des rames.
Une prolongation du tramway d’Arenc à L’Estaque
Concernant le développement du tramway, une première phase prévue pour 2025 envisage l’extension du tramway jusqu’à Sainte-Marguerite au Sud et jusqu’à Capitaine Gèze au Nord (voir notre interview de la présidente de la Métropole Martine Vassal). Une deuxième phase prévoit une éventuelle extension de la Castellane à la Rouvière (d’ici 2028) mais aussi une extension du tramway qui passe rue de Rome, jusqu’à la place du 4 septembre. Les délégués PCF dénoncent « des doublons avec le réseau de bus et de métro » et suggèrent à la place l’extension du tramway T3, qui passerait tout le long du chemin du littoral. Une solution qui « répondrait à l’attrait touristique de l’Estaque », appuient-ils. En revanche, ils réfutent en bloc l’hypothèse d’un tramway circulant rue de Lyon, évoquée par la Métropole : « Cela impliquerait non seulement la destruction de bâtiments, mais rendrait le trafic encore plus compliqué ! », alerte pour sa part Valérie Diamanti, déléguée PCF13 dans le 16e arrondissement.
« On a l’impression que les politiques prennent les quartiers Nord pour un terrain de jeu »
« Pourquoi les habitants des quartiers Nord devraient-ils passer trois fois plus de temps dans les transports que ceux du centre-ville ? »
Joël Butto, délégué PCF13 dans le 15e arrondissement
Parmi les raisons invoquées pour rejeter les projets des élus, la difficulté d’adapter la voirie, la gestion complexe du flux circulatoire, mais aussi la lenteur du tramway avec un temps de trajet estimé à « 40 minutes contre 10 minutes pour le métro sur le trajet Gèze / Nord ». « Pourquoi les habitants des quartiers Nord devraient-ils passer trois fois plus de temps dans les transports que ceux du centre ? », interroge Joël Butto. Les communistes soulignent aussi l’importance de pouvoir se rendre facilement au Centre hospitalier universitaire.
« On dirait vraiment que les politiques ne veulent pas que les jeunes des quartiers Nord viennent dans le centre-ville », regrette Joël Butto. « On a parfois l’impression que les politiques prennent les quartiers Nord pour un terrain de jeu », renchérit pour sa part Alain Molina, militant PCF, qui pointe du doigt le projet « absurde » de téléphérique pour relier l’hôpital Nord à Saint Antoine, évoqué un temps.
Pourtant, ce ne sont pas moins de 80 000 personnes qui seraient concernées par le prolongement du métro, selon les estimations des communistes locaux.
Pour l’heure, les délégués PCF 13 entendent surtout sensibiliser la population au problème, avec le lancement d’une pétition distribuée en version papier dans les quartiers concernés. « Nous solliciterons les élus une fois que nous aurons le poids de la population avec nous », exposent-ils. Les militants attendent aussi « le lancement de la campagne des présidentielles ». Nul doute que la thématique de la desserte des quartiers Nord sera évoquée par le candidat Fabien Roussel, qui tiendra un meeting à Marseille le 6 février prochain.
Liens utiles :
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