La mobilité, problème historique de la Métropole Aix-Marseille Provence, est l’un des grands sujets abordés par Emmanuel Macron lors de sa visite à Marseille. Dans son discours du Pharo, il précisé la manière dont il compte aider les collectivités à « enfin avancer » en insistant sur une priorité : « désenclaver les quartiers nord et permettre de lier le Nord et le Sud » de Marseille.
Verbatim : « Sinon, je ne mets plus d’essence dans un système qui continue à garder les mêmes freins »
« On ne peut pas avoir la deuxième ville de France qui est aussi embouteillée avec les sujets de pollution, d’accès au travail, d’accès aux ports comme à
l’aéroport, et tout ce qui s’ensuit. (…) Néanmoins, je vous le dis en toute sincérité, si l’Etat ne fait que financer, je ne joue pas mon rôle. Nous devons financer pour débloquer la situation, mais nous devons financer à la condition qu’on règle les problèmes d’organisation et de gouvernance. Sinon, je ne mets plus d’essence dans un système qui continue à garder les mêmes freins. C’est non.»
Quatre lignes de tramway à Marseille
Un milliard d’euros, dont 250 millions en subventions, c’est le montant annoncé par le chef de l’Etat pour financer un plan estimé au total entre 3 et 4 milliards d’euros pour l’ensemble de la Métropole. Au sortir de sa réunion de travail jeudi 2 septembre avec la présidente Martine Vassal et le monde économique, Emmanuel Macron expliquait en avant-première à Gomet’ avoir sélectionné « les dix principaux projets au niveau de la Métropole ».
Le tramway, tout d’abord. Le Président de la République va soutenir la réalisation de quatre nouvelles lignes. S’il n’indique pas exactement lesquelles, il est certain que l’extension de la ligne 3 vers le Nord et le Sud de la ville en fera partie. Elle prévoit d’allonger les rails vers l’hôpital Sainte-Marguerite d’un côté et sur Capitaine Gèze de l’autre. Il ne s’agit ici que d’une première phase dont la livraison est programmée pour 2025. La deuxième étape envisage d’aller jusqu’à la Rouvière au Sud et à la Castellane au Nord sur un horizon plus lointain. « Nous espérons pouvoir aller plus vite pour l’installation du tramway dans les quartiers nord grâce au soutien du Président de la République », avance Audrey Gatian, l’adjointe à la mobilité du maire de Marseille.
Deux autres projets de tramway sont candidats au financement de l’Etat. Le premier concerne une ligne entre le boulevard National et Capitaine Gèze. Ce projet inscrit dans le plan de modernisation de la gare Saint-Charles (voir ci-dessous) est largement soutenu par la majorité de gauche de la Ville de Marseille. Audrey Gatian souligne qu’il « ouvrirait des quartiers très mal desservis que sont la Belle de Mai et Saint-Mauront. Cela me paraît plus une priorité que d’autres propositions à l’étude ». L’adjointe fait allusion au tramway vers les Catalans porté par la Métropole.
L’automatisation du métro et cinq BHNS
Ensuite, Emmanuel Macron évoque dans son discours l’automatisation du métro marseillais. Ce chantier titanesque évalué à 430 millions d’euros va, comme espéré par la Métropole, être en partie financer par l’Etat. A quel hauteur ? « Nous ne le savons pas encore. Cela fait partie des discussions à avoir prochainement », répond un conseiller métropolitain.
Enfin, le Président de la République promet une enveloppe pour le financement de cinq nouvelles lignes de bus à haut niveau de service (BHNS). Ici encore, les tracés ne sont pas précisés mais selon nos sources, elle concernera le BHNS de Marseille entre la Fourragère et Gèze, et des lignes pour les communes de Martigues, Aubagne, Istres et Aix-en-Provence. Il se dit prêt à aller plus loin, mais à condition que « cet effort majeur de la nation ne se disperse pas en redistributions inutiles.»
Verbatim : « Un cadre institutionnel revisité »
« Je suis même prêt à ce qu’on fasse davantage et qu’on monte la part de contribution de l’Etat sur les projets de transports qui sont structurants pour
désenclaver les quartiers nord et permettre de lier le nord au sud. Mais à une condition claire, c’est que cet effort majeur de la nation ne se disperse pas en redistributions inutiles, en compensation diverses, en paiement de fonctionnement indus, mais qu’il garantisse des réalisations concrètes utiles aux déplacements de tous. Pour ce faire, la métropole doit faire évoluer sa gouvernance en s’affirmant comme l’opérateur des politiques de transports dans un cadre institutionnel revisité. C’est une condition indispensable et c’est une condition préalable. »
Un GIP associant l’Etat, la Métropole et la mairie de Marseille
Pour porter ces projets, Emmanuel Macron propose la création d’un nouvel outil dédié au portage des projets de transports métropolitains. Si certains attendaient la création d’un établissement public comme pour le Grand Paris, le président de la République opte finalement pour un autre type de structure, un groupement d’intérêt public (GIP). Ce dernier permet d’associer l’Etat et les collectivités locales au sein d’une organisation à préciser. Le chef de l’Etat laisse le soin aux responsables locaux de trouver la meilleure solution et il veut des réponses rapidement : « Sous trois mois, nous devons recruter les chefs de projets compétents. Sous deux mois, je souhaite aussi Monsieur le maire, Madame la présidente, et j’associe ici la région, que vous puissiez me faire des propositions sur la gouvernance pour mettre en œuvre ces projets et tracer très clairement les mécanismes financiers et l’argent », explique-t-il. De son côté, la mairie « souhaite avoir pleinement sa place aux côtés de la Métropole au sein de cette structure car beaucoup de projets concernent directement Marseille », souligne Audrey Gatian.
La bonne entente des deux collectivités au sein d’une structure partenariale conditionnera l’aide de l’Etat. Le Président a été clair sur ce pré-requis en s’adressant directement à Martine Vassal et Benoît Payan : « Je sais, Madame la Présidente, que c’est l’esprit qui est le vôtre. Vous êtes aussi l’héritière, comme vous l’avez dit, Monsieur le Maire, pour ce qui est de votre situation. Je pense qu’il faut la changer maintenant. Parce que si on ne la change pas maintenant, tout ce que je vous annonce, ce seront des annonces dont on dira “Vous ne l’avez pas fait” et je n’y serai pas pour grand chose. J’aime pouvoir rendre compte de ce que je dis, donc j’aurai la même exigence ». Et pour s’assurer de la maîtrise des projets, l’Etat gardera, dans la gouvernance du GIP, le pouvoir sur le pilotage assure-t-on à l’Elysée.
Le Président confirme la participation de l’Etat à la Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur
En plus des transports en commun pour la Métropole et Marseille, Emmanuel Macron a également annoncé le soutien très attendu de l’Etat au projet de ligne nouvelle Provence Côte d’Azur Marseille -Nice : « 1,4 milliard d’euros sur les 3,5 milliards d’euros de budget seront bien apportés par l’Etat », a-t-il confirmé. Ce projet prévoit notamment la construction d’une nouvelle gare souterraine à Saint-Charles pour la traversée des trains à grande vitesse. « Un dossier prioritaire pour Marseille mais aussi l’ensemble de ses grandes métropoles », rappelle Jean-Pierre Serrus, le nouveau vice-président aux transports de la Région Sud. Ce chantier au long court est prévu pour se terminer vers 2032 et le Président a assuré la participation en temps et en heure de l’Etat avec notamment la publication de l’ordonnance pour la création d’un établissement public dédié au projet dès le mois prochain.
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